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Ce
livre est mis en ligne avec l’aimable accord de l’auteur Le Bouddhisme Son
origine, ses principes de base et
ses applications dans la vie ANN Tay Kim Édition de Vatt Bodhivansa 101, Chemin du Bel Air 77420 Champs sur Marne (France) Tel: 01 60 06 44 98 e-mail : bodhivansa@yahoo.fr e-mail : anntaykim@yahoo.fr site : http://membres.lycos.fr/btkhmer Remerciements
Je remercie le
vénérable NGIN Phén, mon maître spirituel, qui m'a encouragé à écrire ce
petit livre destiné aux jeunes khmers qui ne peuvent lire le cambodgien et
aux amis étrangers qui s'intéressent à notre culture et à nos coutumes. Malgré ses
nombreuses occupations, le vénérable NGIN Phén a consacré beaucoup de temps à
relire, corriger et compléter mon manuscrit. Mes connaissances dans ce
domaine étant très limitées, sans son aide, je n'aurais pas osé publier ce
petit livre. Comme pour toute première version, toute erreur est possible, et
j'accepterai avec reconnaissance les remarques de mes chers lecteurs et
lectrices. Je remercie
également le vénérable PICH Samon et les laïcs de la Pagode Bodhivansa de
Champs sur Marne qui ont participé activement aux tirages et aux reliures de
ce petit livre. Introduction
Ce petit livre s'adresse surtout aux
personnes qui désirent connaître les grandes lignes du Bouddhisme, sans
entrer dans le détail. Les lecteurs auront l'occasion d'approfondir leur
connaissance en consultant des livres de référence dans ce domaine. Dans
cette optique, j'ai recensé les questions fréquemment soulevées lorsqu'on
parle du Bouddhisme. Certaines réponses de ce livre viennent de mes
réflexions personnelles sur la doctrine, la réflexion étant encouragée par le
Bouddha. Le Bouddhisme n'impose pas de suivre aveuglément une série de
propositions dogmatiques mais invite à "voir", constater et
comprendre par son expérience personnelle, afin d'agir armé d'une sagesse
toujours plus profonde. Ainsi je vous invite à réfléchir sur les réponses
données dans ce petit livre. Champs sur Marne, le 15 Mai 2006. ANN Tay
Kim. Table des matières
Q1 Qui est le
Bouddha ? Q2 Quels sont les
événements qui ont provoqué le départ du prince Siddharttha de son
palais ? Q3 Dans quel but le
prince Siddhartta quitte-t-il sa famille ? Q4 Quels sont les
conseils de tous les Bouddha ? Q5 Le mot
«Bouddhisme» désigne la religion
fondée par le Bouddha. En tant que religion, quelle est Sa
doctrine Q6 Dans la
doctrine, il y a les mots Anicca, Dukkha et Anatta. Quelle est la
signification de ces trois mots ? Q7 Que signifie le
cycle de Samsara (cycle de renaissances) dans le Bouddhisme ? Q8 Pour la vie de
tous les jours, quels sont les conseils du Bouddha ? Q9 Le Bouddhisme
parle de la Souffrance et du chemin conduisant à la cessation de la
Souffrance. De quel type de Souffrance parle-t-il ? Q10 Que
représentent les Trois joyaux ? Q11 Que signifie :
Prendre refuge dans le Bouddha, le Dhamma et la Sangha ? Q12 Qu'apportent
les moines bouddhistes actuels ? Q13 Pour les
laïques, quelles sont les règles de conduite dans la vie quotidienne ? Q14 Chaque être
humain comporte deux parties : le corps et l'esprit. Si on peut soigner les
maladies du corps par des médicaments prescrits par le médecin, par quels procédés soigne-t-on la maladie
de l'esprit selon le Bouddhisme ? Q15 En soulevant le
problème de la souffrance, on dit que la doctrine du Bouddhisme est
pessimiste. Que répondez-vous à cela ? Q16 Dans tous les
pays où il s'installa, le Bouddhisme prit l'habitude de cohabiter avec les
cultes déjà existants. Pourquoi cette possibilité ? Q17 Le Bouddhisme
est une philosophie ou une religion ? Q18 Dans la
religion Catholique, il y a la Bible et dans l'Islam, il y a le Coran.
Comment s'appellent les livres de référence du Bouddhisme ? Q19 Que contient le
Tipitaka ? Q20 Dans le
Bouddhisme, il y a deux branches principales : Le petit véhicule (Hinayana)
et le grand véhicule (Mahayana). Quelle est la différence entre ces deux
véhicules ? Q21 Que conseille
le Bouddhisme à propos de la croyance ? Q22 Que combat le
Bouddhisme ? Q23 Les bouddhistes
sont-ils sectaires ? Q24 Quelles sont
les grandes fêtes bouddhiques ? Q25 Quel est le
commencement de l'ère bouddhique ? Question 1 : Qui est le Bouddha ? Il nous faut tout
d'abord préciser que le terme « Bouddha » n'est pas un nom propre, mais un
titre qui signifie « celui qui Sait, celui qui Comprend ». Il signifie aussi
« celui qui est Éveillé », celui qui s'est éveillé, si l'on peut dire, du
rêve de la vie, car il voit la Vérité, il voit la Réalité. C'était dans le
nord de l'Inde, au VIe avant J.C., le jour de la pleine lune du mois de
Visakha (mois de Mai), en pleine nature, dans le parc de Lumbini que naquit
celui qui deviendra Bouddha. Communément appelé Sakyamuni («le Sage du clan
des Sâkya»), il naquit dans la tribu des Sâkya et appartenait à la lignée des
Gautama. Selon la tradition, il naquit dans une famille royale de
Kapilavastu, sur les confins indo-népalais. Son nom de naissance était
Siddhartha qui veut dire « Celui qui a atteint son but ». Son père,
Suddhodana, gouvernait le royaume des Sâkya. Sa mère, la reine Maya, mourut
sept jours après la naissance de son fils. Sa tante, Mahâprajâpati, qui
devait plus tard devenir la première nonne
bouddhiste, prit en charge son éducation. Son père, un parent plein
d'affection, qui l'adorait même, le maria à l'âge de seize ans à une jeune
princesse belle et dévouée, nommée Yasodhara. Le jeune prince vivait dans son
palais pourvu de tout le luxe mis à sa disposition. Mais soudain confronté à
la réalité de la vie et de la souffrance de l'humanité, il décida de trouver
la solution permettant la cessation de cette souffrance universelle. A l'âge
de vingt-neuf ans, peu après la naissance de son fils unique Rahula, il
abandonna son royaume et devint ascète en quête de cette solution. Pendant
six ans, l'ascète Gautama erra dans la vallée du Gange rencontrant des
maîtres religieux célèbres, étudiant et suivant leurs systèmes et méthodes et
se soumettant à de rigoureuses pratiques ascétiques. Mais aucune méthode ne
le satisfaisait. Il abandonna toutes les religions traditionnelles et leurs
méthodes et chercha par lui-même son chemin. Un soir, assis sous
un arbre (connu depuis comme l'arbre Bodhi ou Bo, « l'Arbre de l'Éveil »),
sur la rive du fleuve Neranjarâ, à Bodh-Gaya (près de Gaya, dans le moderne
Bihar), âgé de trente-cinq ans, Gautama atteint l'Éveil. A partir de ce jour,
il fut connu comme le Bouddha, « l'Éveillé ». Craignant que les
hommes, prisonniers de leurs passions et marqués par leur soif de vivre, ne
se montrent indifférents à sa découverte, le Bouddha hésita longtemps avant
de partir prêcher. Son premier sermon, à Bénarès, lui valut la conversion de
cinq ascètes, ses anciens compagnons, dans le Parc des Gazelles à Isipatana
(moderne Sarnath), et la première communauté des moines (le Sangha) fut alors
créée. Dès lors, il attira
de nombreux adeptes, grâce à son Enseignement exposé au cours de ses nombreux
déplacements. Il avait converti des gens du peuple, mais également des
souverains. À l'âge de
quatre-vingts ans, il mourut à Kusinârâ (dans le moderne Uttar Pradesh). Question 2 : Quels
sont les événements qui ont provoqué le départ du prince Siddhartha de son
palais ? L'origine de son
départ est l'apparition des quatre visions : la vision d'un vieillard, la
vision d'un malade, la vision d'un homme mort et la vision d'un saint homme
marchant dans la rue avec son bol à aumône. On aurait pu penser qu'il menait
une existence assez heureuse, mais les récits disent clairement que, malgré
son mode de vie aisé, Siddhartha Gautama était très profondément insatisfait.
Prédestiné à résoudre le problème de la souffrance de l'humanité, sa vocation
spirituelle et les quatre visions furent les facteurs déterminants de son
départ : il décida de quitter son palais, sa jeune épouse et son fils unique
et devint ascète en quête de la solution pour sortir de cette souffrance
universelle. Question 3 : Dans
quel but le prince Siddhartha quitte-t-il sa famille ? Son but était de
trouver la solution qui menait à l'extinction de la souffrance de tous les
êtres. Question-4 : Quels sont les conseils de tous les
Bouddha ? Tous les Bouddha
passés, présents ou à venir donnent
toujours les trois conseils suivants : ne pas faire de mauvaises actions,
faire des bonnes actions, rendre l'esprit pur (sans souillure). Question-5 : Le mot
«Bouddhisme» désigne la religion fondée par le Bouddha. En tant que religion,
quelle est sa doctrine ? Comme doctrine, on
peut citer : I. Les « Quatre Nobles Vérités » -
1. La "Souffrance" est
omniprésente. Il faut la connaître sous toutes ses formes -
2. L'origine de la Souffrance est
l'attachement volontaire au désir, l'esclavage des désirs. Il faut se libérer
de cet esclavage -
3. L'extinction de la souffrance. Il
faut faire avec détermination l'extinction de la souffrance. C'est
l'extinction du désir, l'abandonner, se libérer et se détacher de lui. -
4. Le chemin qui conduit à
l'extinction de la souffrance est le "Noble Sentier aux huit
Branches" qui se résume en : Moralité (Sila), Méditation (Samadhi) et
Sagesse (Pañña). II. Les « trois Caractéristiques » Tout ce qui existe dans cet univers conditionné est source de
Souffrance (dukkha), d'impermanence (anicca) et vide de réelle substance,
Non-Soi (anatta). En effet, toute chose est conditionnée, interdépendante.
Elle est en effet composée par d'autres éléments qui, eux-mêmes, sont formés
par d'autres éléments, et ainsi de suite. Par exemple, une bicyclette est
composée d'un cadre, d'un guidon et de roues. Une roue est composée d'un pneu
et le pneu est composé, etc. Le bon fonctionnement de la bicyclette dépend de
tous ces composants. Or, tout ce qui est conditionné est Non-soi, Impermanence et
Souffrance. C'est la loi de la Nature. Il faut apprendre à la connaître, à
vivre avec afin que l'on ne souffre pas trop dans les moments de malheur ou
de détresse. III. Loi «de Causes et d'Effets» (Kamma-Phala) Le mot pâli kamma signifie littéralement « acte » ou « action
». Mais dans la théorie bouddhique du kamma, ce mot revêt un sens spécifique
: celui d'« action volontaire » et non pas n'importe quelle action. Elle ne
signifie pas non plus le résultat du kamma. Les effets du kamma sont appelés
« fruits » ou « résultats » (phala). La volition (cetana) peut être bonne ou mauvaise. De même, le
désir peut être bon ou mauvais. Un bon kamma (kusala) produit de bons effets.
C'est aussi la cause d'une force : la force de continuer, de continuer dans
une bonne ou mauvaise direction. Le bien ou le mal est relatif et se situe
dans le cercle de continuité (samsara). Un Arahant, bien qu'il agisse,
n'accumule pas de kamma car il est libéré de la fausse notion de soi. Il est
libéré de l'ignorance (avijjâ), de toutes les autres souillures et impuretés
(kilesa). Pour lui il n'y a plus de re-naissance. En exemple de mauvais
kamma, on peut citer : toute action provoquant de la souffrance à celui qui
la fait ou bien toute action ne provoquant pas encore de souffrance à son
auteur, mais causant déjà des souffrances aux autres ou bien encore toute action
causant de souffrance aussi bien à son auteur qu'aux autres. Certaines
actions ne causent de souffrance que dans le futur ou dans une vie
postérieure. Comme exemple de bon kamma, il suffit de prendre le contraire de
l'exemple du mauvais kamma (akusala). II y a trois types d'acte (kamma) : acte causé par le corps,
par la parole et par l'esprit Cette loi de causes et d'effets est une loi
naturelle acceptée par tout le monde. Elle a la même signification que la
phrase : « On récolte ce qu'on a semé ». Si on plante un citronnier, on
obtiendra un fruit acide et non un fruit sucré comme dans le cas où on aurait
planté un oranger. Si on fait du mal, on reçoit du mal. Si on fait du bien,
on reçoit du bien. Pour les actes, le Bouddhisme fait la distinction entre les
actes volontaires et les actes involontaires. Les actes volontaires ont des
conséquences dans cette vie ainsi que dans la vie future. « Nous sommes
responsables de nos actes. Personne ne peut subir à notre place les
conséquences de nos mauvaises actions ». Question 6 : Dans
la doctrine, il y a les mots Anicca, Dukkha et Anatta. Quelle est la
signification de ces trois mots ? * Anicca : veut dire Impermanence, c'est-à-dire état non
permanent, non stable. Tout change à chaque instant. Il n'y a rien qui ne
change pas. Il arrive que, pour certaines choses, ce changement soit très
subtil et qu'on ne le perçoive même pas. Par exemple, notre corps change, la
peau de notre visage change, la température change, etc... Or d'après le
Bouddha, « Tout ce qui est impermanent est souffrant (dukkha) ». * La notion de «dukkha» peut être considérée selon trois points
de vue différents : l/dukkha en tant que souffrance ordinaire (la maladie, la
vieillesse), 2/ dukkha en tant
que souffrance causée par le changement (par exemple une condition de vie
heureuse n'est pas permanente, pas éternelle), 3/dukkha en tant qu
'état conditionné : Cet aspect de dukkha est le plus important et nécessite
quelques explications. Il nous faudra analyser ce qu'on entend par « être »,
« individu » ou « moi ». D'après le
Bouddhisme, ce que nous nommons « être », « individu » ou moi, est seulement
une combinaison de forces ou d'énergies physiques et mentales en perpétuel
changement que l'on peut diviser en cinq groupes ou agrégats. Le Bouddha dit
: « En résumé, ces cinq agrégats d'attachement sont dukkha ». Il importe, ici, de
bien comprendre que dukkha et les cinq agrégats ne sont pas des choses
différentes ; les cinq agrégats sont eux-mêmes dukkha. Nous le comprendrons
mieux lorsque nous aurons une idée plus nette de ce que sont ces cinq
agrégats dont l'ensemble est appelé un « être ». Ce que nous appelons « être
» ou « moi » ou « je » n'est autre que ces cinq agrégats. Quels sont ces cinq
agrégats ? -
Le premier est l'agrégat de la forme
corporelle ou de la Matière, formé de quatre éléments : terre, eau, feu et
air. -
Le deuxième est l'agrégat des
sensations (sensation agréable, désagréable ou neutre). -
Le troisième est l'agrégat des perceptions
qui permet de noter, de retenir, de mémoriser (par exemple la couleur rouge,
la forme d'un cercle, le son d'un piano, etc...). -
Le quatrième est l'agrégat des
formations mentales. Il permet de penser (faire le bien, faire le mal). -
Le cinquième est l'agrégat de la
conscience. La conscience est un acte d'attention à la présence d'un objet.
Il y a six sortes de conscience : - conscience née du contact de l’œil avec les formes visibles :
conscience visuelle - conscience née du contact de l'oreille avec
les sons : conscience auditive - conscience née du contact du nez avec les
odeurs : conscience olfactive ·
- conscience née du contact de la
langue avec les saveurs : conscience gustative - conscience née du contact du corps avec les
objets tangibles : conscience tactile - conscience née du contact de l'organe
mental avec les objets mentaux En résumé, il y a
six sortes de conscience en relation avec les six facultés intérieures (oeil,
oreille, nez, langue, corps, organe mental) et les six types d'objets
extérieurs (formes visibles, sons, odeurs, saveurs, objets tangibles, objets
mentaux). Il en est de même pour les agrégats des sensations, des perceptions
et des formations mentales qui sont également de six sortes en rapport avec
les six facultés intérieures et les six types d'objets correspondants du
monde extérieur. Ainsi, pour les sensations, les six sortes de sensation sont
: (*)
Pour obtenir les
six sortes des perceptions ou les six sortes des formations mentales, il
suffit de remplacer dans (*), le mot « sensation » par « perception » ou «
formations mentales ». Ainsi, le contact entre les six facultés intérieures
et les six objets extérieurs donnent naissance aux agrégats des sensations,
des perceptions, des formations mentales et de la conscience. Ces agrégats
changent lorsque les conditions de leur apparition changent. Tous ces cinq agrégats
sont en perpétuel changement. Par exemple, lorsque l'oeil rencontre une forme
visible, la conscience visuelle apparaît, mais lorsque l'oreille entend les
pleurs d'un enfant, la conscience visuelle disparaît et apparaît la
conscience auditive. Qui dit changement
dit impermanence. Or tout ce qui est impermanent est Dukkha. De même, notre
corps (premier agrégat) ne nous appartient pas non plus. En effet, il peut
tomber malade sans nous prévenir ou sans nous demander l'autorisation. * D'où la réalité de Non-soi (Anatta). La compréhension
par soi-même de ces réalités permet de diminuer l'avidité qui est à l'origine
de la Souffrance et permet de chercher à mener une vie honnête, humble,
généreuse, conduisant à aider les autres pour son bien et également pour
celui de l'humanité. Dans le langage courant, ces cinq agrégats constituent
ce que l'on appelle le corps et l'esprit. Le corps correspond à la matière
(premier agrégat) et l'esprit correspond aux quatre autres agrégats. D'après
le Bouddha, ces cinq agrégats sont déjà dukkha et comme on ajoute de
l'attachement à ces cinq agrégats (par exemple l'attachement à Soi), dans ces
conditions, on supporte une double charge. Ainsi, pour alléger notre charge,
il faut commencer par diminuer notre attachement à Soi. Si vous souhaitez
apprendre des méthodes pour pratiquer individuellement Sila, Samadhi ou Pañña
vous pouvez contacter la pagode. Question 7 : Que
signifie le cycle de Samsara (cycle de renaissances) dans le Bouddhisme? Le Samsara est la chaîne
ininterrompue du processus de naître, vieillir, souffrir et mourir. Suivant
la théorie kammique, les effets d'une action basée sur la volition peuvent
continuer à se manifester même dans une nouvelle vie. Nous avons vu qu'un
être n'est qu'une combinaison de forces ou d'énergies physiques et mentales.
Ce que nous appelons la mort est l'arrêt complet du fonctionnement de
l'organisme physique. Ces forces ou ces énergies prennent-elles fin
absolument avec l'arrêt du fonctionnement de l'organisme ? Le bouddhisme
répond : non. La volonté, le désir, la soif d'exister, de continuer, de
devenir est une force formidable qui ne cesse pas d'agir avec l'arrêt du
fonctionnement de notre corps, mais qui continue à se manifester sous une
autre forme, produisant une re-naissance qu'on appelle renaissance. Comme il
n'existe pas de substance permanente, immuable, rien ne se transmet d'un
instant à l'autre. Ainsi, il est
évident que rien de permanent, d'immuable ne peut passer ou transmigrer d'une
vie à l'autre. C'est une série qui continue sans rupture, mais qui cependant
change à chaque instant C'est comme une flamme qui brûle pendant la nuit : ce
n'est pas la même, ce n'est pas non plus une autre. Un enfant grandit, il
devient un homme de soixante ans. Il est évident, d'une part, que cet homme
n'est pas le même que l'enfant né soixante ans auparavant, mais d'autre part,
que ce n'est pas une autre personne. De même, un homme qui meurt ici et
renaît ailleurs n'est ni la même personne ni une autre. C'est une continuité
de la même série. La différence entre la mort et la naissance n'est qu'un
instant dans notre pensée : le dernier instant de la pensée en cette vie
conditionnera le premier dans ce qu'on appellera une vie suivante, qui n'est
en fait que la continuation de la même série. Mais comme toute action (kamma)
bonne ou mauvaise produit des effets suivant sa force, son énergie, c'est
surtout l'action la plus forte qui produit l'effet avant toutes autres
actions. Suivant son kamma, un être humain ne renaît pas toujours en être
humain. Tant qu'il y a l'ignorance, la « soif» (tanha), le cycle de
continuité (samsara) se poursuit. Il ne pourra prendre fin que lorsque la
force qui le meut, cette «soif» même, sera anéantie, éteinte, par la sagesse
qui aura la vision de la Réalité, de la Vérité, du Nirvana. Question 8 : Pour
la vie de tous les jours, quels sont les conseils du Bouddha ? Le Bouddha donne
beaucoup de conseils pratiques dans la vie quotidienne. Parmi ces conseils,
on peut citer : - Le groupe des
quatre conseils utiles pour la vie présente : 1- travailler avec effort physique et intellectuel 2- bien garder ou placer ses biens dans un endroit sûr 3- fréquenter les sages et les bons amis 4- gérer et dépenser ses biens avec sagesse. En résumé, ces
quatre conseils du Bouddha signifient : Pour gagner la vie il faut bien
travailler. Le gain obtenu doit être placé dans des lieux sûrs, par exemple
dans des banques. Les bons amis non seulement ne nous conduisent pas vers les
actes malsains mais aussi peuvent nous aider dans beaucoup de choses. Enfin,
il faut bien gérer l'argent gagné : pas de train de vie excessif même si on
en a les moyens, investir mais aussi épargner pour parer aux vicissitudes de
la vie. - Le groupe des
huit conseils, plus poussé qui se trouve dans la doctrine des Quatre Nobles
Vérités. C'est le Noble Sentier à huit branches, chemin qui conduit à la
cessation de la Souffrance. Ces huit conseils adaptés à la vie quotidienne
sont : 1- Compréhension juste : quand on fait un travail ou réalise un
projet, il faut bien le comprendre et bien l'analyser pour éviter les erreurs
ou les échecs. 2- Pensée juste : faire un bon choix 3- Parole juste : tenir sa promesse, ne pas mentir 4- Action juste : être honnête, ne pas voler ni escroquer les
autres 5- Moyen d'existence juste : n'exercer que des métiers légaux,
éviter les trafics d'armes ou de drogues. 6- Effort juste : s'efforcer à améliorer la qualité du produit,
le résultat du travail, s'efforcer à faire le bien et éviter de faire du mal
à sa famille ou aux autres 7- Attention juste : être toujours attentif au travail à
tout ce que l'on fait 8- Concentration juste : bien se concentrer sur ce qu'on est en
train de faire, sans se distraire. Question 9 : Le
Bouddhisme parle de la Souffrance et du chemin conduisant à la cessation de
la Souffrance. De quel type de Souffrance parle-t-il ? Dans le langage
courant, un être humain est formé par le corps et l'esprit. Comme il y a les
maladies du corps et les maladies de l'esprit, il y a aussi les
souffrances du corps et les souffrances de l'esprit. Par exemple : -
Souffrances du corps : la maladie, la vieillesse (à cause du changement, de
1'impermanence) -
Souffrances de l'esprit : les
mauvaises nouvelles, la calomnie... Si on regarde un peu plus en profondeur,
toute chose conditionnée est souffrance. Quand l'oeil rencontre une forme
plaisante, on a une sensation agréable. Par contre, si la forme est
déplaisante, on a une sensation désagréable, d'où la souffrance. Il en est de
même pour le son, l'odeur, la saveur ou les objets tangibles. Le désir est
aussi une cause de souffrance, par exemple dans le cas où on n'obtient pas ce
qu'on a désiré. Maintenant, comment faire pour éliminer ces souffrances ? D'après le Bouddha,
pour les souffrances du corps, il faut utiliser les médicaments, il faut
prendre soin de son corps. Pour les souffrances de l'esprit, il faut
reconnaître qu'on ne peut pas satisfaire tous ses désirs. Il faut s'adapter,
vivre avec la Loi de la Nature qui est : « Souffrance,
Impermanence et Non-soi ». Comme toute chose est impermanente et que tout ce
qui est impermanent ne nous appartient pas, il faut donc modérer nos désirs
et diminuer nos attachements pour être heureux. Question 10 : Que
représentent les Trois joyaux ? Le mot joyau
désigne des choses très précieuses qui peuvent être une personne ou un objet.
Dans la vie, le joyau est très utile. Si c'est une personne, elle est utile à
la société grâce à ses activités, ses idées ou sa moralité. Si c'est un
objet, il nous donne la sécurité financière : on peut le vendre quand on aura
besoin d'argent. Mais dans le Bouddhisme, le triple joyau a, parmi tous les
joyaux, une valeur incomparable. Il comprend : 1- le Bouddha, 2- le Dhamma
(Enseignements de Bouddha), 3- le Sangha
(communauté des moines bouddhistes). Par son
Enseignement (le Dhamma), le Bouddha nous montre le chemin qui conduit à la
cessation de la Souffrance. Le Sangha est la communauté des moines
bouddhistes complètement libérés, ayant éliminé toutes les impuretés de
l'esprit. Ce sont des Arahants. Nous voyons ici que
l'Enseignement du Bouddha n'est pas une pure théorie inapplicable, car neuf
mois après son Illumination, 1.250 disciples du Bouddha atteignaient l'état
«Arahat». Les soixante premiers Arahants étaient envoyés par le Bouddha dans
divers endroits, pour diffuser le Dhamma. Question 11 : Que
signifie : Prendre refuge dans le Bouddha, le Dhamma et le Sangha ? Le mot refuge signifie
ici soutien, aide, protection. Le Bouddha, le Dhamma et
le Sangha sont nos refuges, nos aides, nos protections dans le sens suivant :
Le Bouddha nous montre le chemin, c'est notre maître. Le Dhamma est le
chemin à suivre et le Sangha nous donne l'exemple des êtres qui réussissaient
en suivant ce chemin. Mais pour réussir, il faut fournir un effort personnel,
il faut être son propre refuge. L'homme est son propre maître et il n'y a pas
d'être plus puissant qui siège au-dessus de lui, pour juger ou décider de sa
destinée. Le Bouddha exhortait ses disciples à « être un refuge pour
eux-mêmes ». « Atta hi attano nâtho » : Chacun est son propre refuge. Cela
signifie simplement qu'on ne doit compter que sur soi-même et non pas sur
autrui. Un élève qui passe un examen ne peut compter que sur lui-même,
personne ne peut l'aider, même Dieu si puissant. Dans le Bouddhisme, il n'y a
pas de Dieu. Le Bouddha n'était pas Dieu, ni l'incarnation de Dieu. Nous
vénérons le Bouddha en tant que Maître nous montrant le Sentier conduisant à
la Libération, au Nirvana. Mais c'est à nous de marcher sur ce Sentier, si nous
voulons être libérés. Question 12 :
Qu'apportent les moines bouddhistes actuels ? Il faut d'abord
noter que les moines bouddhistes actuels ne sont pas des moines libérés du
triple joyau. Mais en se référant aux paroles du Bouddha à ses disciples : «
Être utiles à la majorité des gens. Rendre la majorité des gens heureux. Être
tolérants envers tous les êtres », les moines bouddhistes actuels peuvent
faire beaucoup de choses pour le bien de la société, tout en restant dans le
cadre de leurs disciplines. Ils peuvent, par exemple, par leurs initiatives,
mobiliser les gens du village pour réaliser des travaux d'utilité publique
(creuser des puits, construire des ponts ou des routes d'accès au village). Les moines vouent
leur vie non seulement à leur propre développement spirituel et intellectuel,
mais aussi au service des autres. On ne peut pas attendre d'un laïque
ordinaire qui a une famille, qu'il consacre tout son temps au service des
autres. Tandis qu'un moine, sans responsabilités familiales, sans liens
mondains, est en état de consacrer sa vie entière au bien-être, au bonheur
des autres. C'est ainsi qu'au cours de l'histoire, le monastère bouddhique
était non seulement un centre spirituel, mais aussi un centre d'études et de
culture. Au siècle dernier, s'il y avait moins d'analphabètes au Cambodge,
c'était grâce aux moines qui, dans leur monastère, apprenaient aux jeunes
garçons du village à lire et à écrire. Question 13 : Pour
les laïques, quelles sont les règles de conduite dans la vie quotidienne? Il existe des
règles de conduite indiquées dans le Bouddhisme. Mais tous les bouddhistes ne
peuvent pas les appliquer intégralement. Certains ne peuvent pratiquer qu'une
partie de ces règles, à cause des contraintes dans la vie professionnelle. L'idéal serait
d'appliquer toutes ces règles, appelées aussi les cinq préceptes qui sont : 1- ne pas tuer
(respecter la vie des animaux par exemple) 2- ne pas mentir 3- ne pas voler 4- ne pas être
avide (commettre l'adultère) 5- ne pas prendre
des intoxicants ou des drogues. Question 14 : Chaque
être humain comporte deux parties : le corps et l'esprit Si on peut soigner
les maladies du corps par des
médicaments prescrits par le médecin, par quels procédés soigne-t-on la
maladie de l'esprit selon le Bouddhisme ? Pour être heureux,
il faut que le corps et l'esprit soient tous les deux en bonne santé. Il ne
suffit pas de s'occuper le corps sans s'intéresser à l'esprit. Quand l'esprit
est malade, on n'est pas heureux non plus. Si on soigne les maladies du corps
par des médicaments prescrits par le médecin, on soigne l'esprit par l'effort
personnel, par la volonté, par les conseils des sages, excepté quelques
maladies comme la folie ou les maladies psychosomatiques. On voit ainsi que
pour soigner la maladie de l'esprit, on ne dépense pas d'argent pour acheter
des médicaments comme dans le cas des maladies du corps. Mais le problème
vient du fait qu'on ne veut pas se soigner même si on se sait atteint de la
maladie de l'esprit. C'est par exemple, le cas de certaines personnes
dépendantes des filles, des drogues ou des jeux de hasard, qui préfèrent
souffrir que guérir. Quelqu'un qui n'est jamais satisfait de ce qu'il possède
et qui veut toujours plus, est-il heureux ou malheureux? De même, quelqu'un
qui éprouve de la haine, de la colère, de la jalousie ou la volonté de nuire
aux autres, est-il heureux ou malheureux ? Le Bouddha a dit « II n'y a pas de
joie, de bonheur, égal à la paix, à la tranquillité, au calme de l'esprit ».
(Natthi Santi Param Sukham). Ainsi pour atteindre cette paix de l'esprit, il
faut s'efforcer de développer et de maintenir la bonté, la compassion, la
tolérance. Voici quelques extraits des paroles du Bouddha : "Jamais par la
haine, la haine n'est apaisée; mais elle est apaisée par la bienveillance.
C'est une vérité éternelle". "On devrait vaincre la colère par la
bienveillance, la méchanceté par la bonté, l'égoïsme par la charité et le
mensonge par la véracité." Il ne peut y avoir ni paix ni bonheur pour
l'homme tant qu'il désire et a soif de conquérir et de subjuguer son voisin.
Comme l'a dit encore le Bouddha : "Le vainqueur provoque la haine, et le
vaincu est tombé dans la misère. Celui qui renonce à la victoire et à la
défaite est heureux et paisible". La seule victoire qui amène la paix et
le bonheur est la victoire sur soi-même. "On peut conquérir des millions
dans la bataille, mais celui qui se conquiert lui-même, lui seul est le plus
grand des conquérants". Question 15 : En
soulevant le problème de la souffrance, on dit que la doctrine du Bouddhisme
est pessimiste. Que répondez-vous à cela ? La Souffrance de
l'humanité existe depuis toujours, même avant le Bouddha. C'est la réalité.
Même si on n'en parle pas, elle est toujours là. Il faut reconnaître cette
réalité. Mais il faut aussi chercher à résoudre ce problème. C'est ce qu'a
fait le Bouddhisme. Donc le Bouddhisme n'est ni optimiste ni pessimiste. Il
conseille aux malades de se faire soigner, aux gens pauvres de travailler
avec patience. Mais si malgré tous ces efforts, on est toujours malade ou
toujours pauvre, il faut accepter la loi de la Nature qui est : Souffrance,
Impermanence et Non-soi. La vie est impermanente. La richesse est
impermanente. Et tout ce qui est impermanent est souffrant. Si on accepte
cette vérité, on souffre moins quand arrivent les événements malheureux. Question 16 : Dans
tous les pays où il s'installa, le Bouddhisme prit l'habitude de cohabiter
avec les cultes déjà existants. Pourquoi cette possibilité ? Le bouddhisme ne cherche
pas à nuire ou à faire disparaître les religions existantes. Il n'oblige pas
les gens à suivre sa voie : un bouddhiste peut changer de religion s'il le
veut. Il ne méprise pas les autres religions. Par exemple, pour certains
cultes comme les mortifications ou les sacrifices d'animaux, il donne
seulement les raisons de son rejet de ces pratiques. C'est la tolérance
religieuse. Dans l'histoire, il n'a jamais fait de guerre de religion. Il
prône la bonté, la compassion et la tolérance envers tous les êtres. Il
respecte la croyance des autres. Ses adeptes peuvent
continuer à célébrer les cultes existants, par exemple le culte des ancêtres,
acte de reconnaissance et de compassion à l'égard des morts. D'ailleurs, cet
acte n'est que la prolongation de la reconnaissance des enfants envers leurs
parents quand ces derniers étaient encore vivants. Si un bouddhiste médite
sur l'impermanence de la vie ou sur l'absence d'une substance permanente ou
s'il discute sur des sujets profonds de la doctrine, cela ne l'empêche pas
d'aller, en cas de besoin, consulter un médium afin d'obtenir une solution
heureuse à certains problèmes matériels, tout comme s'il était allé consulter
un médecin, un avocat ou un banquier pour résoudre son problème de santé, de
justice ou financier. Question 17: Le
Bouddhisme est une philosophie ou une religion ? Souvent est posée
la question : le Bouddhisme est-il une philosophie ou une religion ? Dans le
Bouddhisme, il n'y a pas de Dieu, créateur du Monde, mais il y a les conseils
du Bouddha. Dans ce cas, est ce que le Bouddha est un philosophe comme
Socrate, Platon, Descartes ou autres ? La réponse est non. Car l'Enseignement
du Bouddha va jusqu'à l'extinction de la Souffrance, le Nirvana. Tout comme
une véritable religion est fondée essentiellement sur des croyances, des
rituels, des dogmes régissant le rapport de l'homme et de la divinité (ou des
divinités), une philosophie est selon les dictionnaires, fondée sur des
conclusions logiques et sur la raison. Or les « théories »
que le Bouddhisme présente ne sont fondées ni sur des arguments, ni sur des
raisonnements ; elles ne sont pas non plus le résultat d'une réflexion sur
l'apparence, mais sont des constats établis par une sagesse vécue (voir les
quatre visions de Siddhartha). Cela ne veut pas dire non plus que le
Bouddhisme soit dépourvu d'aspect logique appréciable philosophiquement.
L'Enseignement du Bouddha est toujours considéré comme une doctrine ouverte
et claire, invitant à comprendre ici et maintenant, et compréhensible par les
sages en eux-mêmes à travers des expériences vécues. Si l'on se place du côté
des rituels, des fêtes, des communautés des moines et des fidèles, on conclut
que c'est une religion. Mais si on regarde la logique du raisonnement dans
l'Enseignement du Bouddha, on pense que c'est une philosophie. Mais dans le
Bouddhisme, il y a l'éthique, la méditation, la sagesse, la transcendance,
l'au-delà et le Nirvana qui dépassent ainsi le domaine de la philosophie. En résumé, on peut
dire que le Bouddhisme est une religion sans Dieu créateur du Monde et que
dans le Bouddhisme, il y a une partie philosophique, mais la doctrine du
Bouddhisme va au-delà de la philosophie. Le Bouddhisme est au-dessus de
toutes philosophies. Mais l'étiquette importe peu. L'étiquette même de « Bouddhisme
» qu'on attache à l'Enseignement du Bouddha a peu d'importance. Le nom qu'on
lui donne n'est pas l'essentiel. « Une rosé appelée sous un autre nom
sentirait aussi bon.» Question 18 : Dans
la religion Catholique, il y a la Bible et dans l'Islam, il y a le Coran.
Comment s'appellent les livres de référence du Bouddhisme ? L'Enseignement du
Bouddha est regroupé dans un ensemble de livres appelé « les Trois Corbeilles
» (Tipitaka). Question 19 : Que
contient le Tipitaka ? On trouve la
théorie dans les paroles du Bouddha, regroupées dans ce que l'on a appelé les
Trois Corbeilles (Tipitaka). Ces trois corbeilles sont : -
Vinaya : Les règles de discipline
monastique -
Sûtra ou Sutta : Les discours
populaires du Bouddha lui-même -
Abhidhamma : Rassemble les discussions
des Sûtra et du Vinaya, les théories pures et abstraites, de niveaux très
élevés. Question 20 : Dans
le Bouddhisme il y a deux branches principales : le petit véhicule (Hinayana)
et le grand véhicule (Mahayana). Quelle est la différence entre ces deux
véhicules ? Le bouddhisme
Hinayana terme sanskrit signifiant « Petit Véhicule », est un ensemble
d'écoles bouddhiques traditionalistes, par opposition au bouddhisme Mahayana
(dit du « Grand Véhicule »). Le terme hinayana
est quelque peu péjoratif, mais il n'en existe pas d'autre pour désigner ce
grand mouvement historique. Cependant, comme le theravâda est la seule des
écoles qui le composaient à avoir survécu, le mot theravâda en est peu à peu
venu à désigner le hinayana, éliminant ainsi toute dérision. Après la mort du
Bouddha, plusieurs écoles (nikaya) fleurirent. Les divergences au
sujet de la doctrine ou de la pratique religieuse menèrent à un schisme qui
se révéla pleinement lors du troisième concile (vers 250 avant J.C.), sous le
règne d'Ashoka. Les Anciens
(thera), souhaitaient rester fidèles aux seuls préceptes du Bouddha et même
s'en rapprocher davantage, alors que les membres de la Grande assemblée
désiraient réagir contre ce « conservatisme » et adapter l'enseignement du
Bouddha pour le rendre plus accessible. Le bouddhisme du Grand Véhicule met
l'accent sur le rôle des bodhisattvas, ces êtres appelés à l'Éveil mais
désireux ne pas entrer en nirvana tant que tous les êtres ne sont pas sauvés.
Il se répand rapidement, touchant une base populaire beaucoup plus importante
que le Petit Véhicule. Le bouddhiste du
Petit véhicule, fidèle aux seuls préceptes du Triple Corbeilles, met l'accent
sur l'effort personnel de chaque individu pour atteindre la libération totale,
c'est-à-dire le Nirvana. Cela a conduit à ce que la doctrine Theravada soit
qualifiée d'égoïste par les tenants de Mahayana Toutefois, ce n'est pas tout
à fait exact car cette doctrine prône l'amour universel envers toutes les
créatures. Le Theravada est
pratiqué principalement au Sri Lanka (ex-Ceylan), Myanmar (ex Birmanie),
Thaïlande, Laos et Cambodge. Les autres pays bouddhiques comme la Chine, le
Japon, la Corée, le Tibet, le Viêt-Nam pratiquent le Mahayana S'il y a des
divergences au niveau de certaines pratiques, les grandes lignes de la
doctrine bouddhique sont les mêmes. Pour les textes du Dhamma, la langue
écrite du Petit Véhicule est le Pâli et celle du Grand Véhicule est le
Sanskrit. Question 21 : Que
conseille le Bouddhisme à propos de la croyance ? II y a deux types
de croyance : 1- croyance basée
sur la foi uniquement, sans raison, sans sagesse. 2- croyance basée
sur la logique, sur la sagesse. Le Bouddha nous
conseille la deuxième croyance. Dans ses discours, quand il parlait de la croyance,
il parlait tout de suite de la sagesse : ces deux notions sont inséparables. L'Enseignement du
Bouddha vous invite à « venir voir » et non pas à « venir croire ». Pour le
Bouddhisme, l'accent est mis sur « voir », savoir, comprendre, et non pas sur
foi ou croyance. Le Bouddha n'oblige personne à suivre sa doctrine. Le
Bouddhisme est une discipline de vie, une manière de se comporter vis-à-vis
des choses, des personnes et des événements, en actions, en paroles et en
pensées. Il n'impose pas de suivre aveuglément une série de propositions
dogmatiques mais invite à "voir", constater et comprendre par
expérience personnelle, afin d'agir armé d'une sagesse toujours plus
profonde. Question 22 : Que
combat le Bouddhisme ? Le Bouddhisme
conseille à ses fidèles le combat :
Le désir, la
colère, la haine, la vengeance, l'illusion rendent l'esprit impur. Quand
l'esprit est impur, on peut commettre de mauvais actes. De tels actes causent
inévitablement des souffrances à son auteur. Le Bouddha a dit : "On peut
conquérir des millions dans la bataille, mais celui qui se conquiert
lui-même, lui seul est le plus grand des conquérants". Car le vainqueur
d'aujourd'hui peut être le vaincu de demain. Mais le vainqueur de soi est
invincible. Question 23 : Les
bouddhistes sont-ils sectaires ? Un bouddhiste est
celui qui suit l'Enseignement du Bouddha. Le Bouddha exhorte ses disciples à
pratiquer la bonté Metta, la compassion et la tolérance envers tous les
êtres, sans distinction. C'est par son travail personnel que l'on parvient à
s'améliorer. Celui qui a l'esprit étroit et intolérant ne peut pas faire de
progrès aussi bien dans la vie professionnelle que dans la vie spirituelle.
Un bon bouddhiste est celui qui pratique les cinq préceptes dans la vie
quotidienne (voir Question 13). Le Bouddha n'oblige
personne à suivre son Enseignement, et chacun est libre de quitter le
Bouddhisme pour pratiquer une autre religion selon sa volonté. En résumé, un
bon bouddhiste ne peut pas être sectaire. Question 24 : Quelles sont les grandes fêtes bouddhiques ? Les fêtes
bouddhiques commémorent la vie du Bouddha. Elles deviennent des traditions
dans les pays bouddhiques. Parmi ces grandes fêtes on peut citer : * Mâgha Pûjâ (Jour de la pleine lune du mois de Février).
Importante fête bouddhique qui commémore les événements suivants : A/ Neuf mois après
son illumination, ce jour-là, -1 c'était le jour
de la pleine lune du mois de Magna -2 1250 disciples
spontanément réunis devant le Bouddha, sans avoir convenu d'avance -3 ces 1250
disciples étaient ordonnés par le Bouddha lui-même -4 ces 1250
disciples étaient des Arahants (êtres libérés). A cette occasion,
le Bouddha donna à ses 1250 disciples réunis, plusieurs recommandations, par
exemple les trois conseils suivants :
Parmi ses
disciples, il nomma SÂRÎPUTRA, comme son premier adjoint et MOGGALLÂNA comme
son deuxième adjoint. Ces trois conseils
paraissent simples mais ils sont nécessaires et suffisants. Ils sont liés
étroitement. Ils résument bien l'Enseignement du Bouddha. Par exemple, la
purification de l'esprit correspond à la pratique de Vipassanâ. B/ Trois mois avant
sa mort, à l'âge de 80 ans, c'était le jour de la pleine lune du mois de
Mâgha aussi, mais d'une autre année, que le Bouddha annonça sa mort
prochaine. * Nouvel An Cambodgien (Aux alentours du 13 Avril). (*) Durant trois jours,
les fidèles, leurs familles et amis viennent à la pagode et y pratiquent les
coutumes traditionnelles. Des cérémonies religieuses se déroulent dans toutes
les pagodes du pays. Après une année de
travail, c'est l'occasion de se reposer, de fêter la Nouvelle Année dans la
joie. Les enfants rendent visite aux parents pour leur offrir des cadeaux et
vont à la pagode pour commémorer les ancêtres et offrir les repas aux bonzes.
Comme la pagode est aussi un centre culturel, les jeunes viennent à la pagode
pour danser ou jouer aux jeux populaires. * Visâkha Pûjâ (Jour de la pleine lune du mois de Mai). La plus importante
des fêtes bouddhiques, où il s'agit de commémorer en même temps :
D'après la
tradition bouddhique, le jour le plus important est le jour de l'Illumination
du Bouddha. S'il n'y avait pas ce jour, il n'y aurait pas non plus de fête
pour les deux autres jours. D'où l'habitude de dire : « Célébrer une fête est
comme célébrer trois fêtes ». * Début de Vassa (Premier jour de la lune décroissante du mois
de Juillet). Début de la
retraite des moines pendant les trois mois de la saison des pluies. Durant
ces trois mois, les moines se retirent dans leurs monastères. Deux mois après
le début de Vassa, les fidèles viennent à la pagode pour accomplir leurs
devoirs de mémoire envers leurs disparus, pendant quinze jours, et le dernier
jour est le jour de fête Phcum Bend (*). Pendant ces trois
mois de Vassa, les bonzes profitent de ces jours de repos pour apprendre le
Dhamma ou approfondir leurs connaissances sur la doctrine. * Fin de Vassa (Premier jour de la lune décroissante du mois
d'Octobre). Fin de la
"Retraite des moines" (retraite bouddhique durant laquelle les
moines se retirent dans leurs monastères) * Kathina (Du premier jour de la lune décroissante du mois
d'Octobre jusqu'au jour de la pleine lune du mois de Novembre). Fête célébrée après
la fin de la « Retraite des moines ». Pendant un mois, les fidèles offrent
des nouvelles robes aux bonzes de toutes les pagodes du pays. (*) Fête traditionnelle et religieuse. Question 25 : Quel
est le commencement de l'ère bouddhique ? L'ère bouddhique
commence après la mort du Bouddha, il y a plus de 2 500 ans. Le Bouddha est
mort le jour de la pleine lune du mois de Mai. Donc, l'ère
bouddhique commence le jour suivant, c'est-à-dire le premier jour de la lune
décroissante du mois de Mai (mois de Visâkha). D'après cette définition,
théoriquement l'ère bouddhique change tous les ans selon le premier jour de
la lune décroissante du mois de Mai. Mais dans la pratique, c'est autrement.
Par exemple, pour le Cambodge, l'ère bouddhique change après le Nouvel An
Cambodgien du mois d'Avril. Par exemple, pour l'année 2006 de l'ère
chrétienne, d'après le calendrier lunaire, il correspond, à l'an 2549 de
l'ère bouddhique avant le Nouvel An Cambodgien et à l'an 2550, après le
Nouvel An. L'auteur : ANN Tay Kim,
Docteur de 3è Cycle en Informatique, retraité du secteur bancaire et ancien
Professeur de Mathématiques, en classe de terminales scientifiques, aux
Lycées de Phnom Penh au Cambodge. Il était bonze à l'âge de douze ans (un
novice Samanera). Bibliographie
1- Méditation pour
tous les âges en langue cambodgienne, ven. NGIN Phén (éditions de Vatt
Bodhivansa). 2- Souffrance à
cause de Soi en langue cambodgienne, ven. NGIN Phén (éditions de Vatt
Bodhivansa). 3- Bon kamma et
mauvais kamma en langue cambodgienne, ven. NGIN Phén (éditions de Vatt
Bodhivansa). 4- Le co-équipier
d'un bouddhiste en langue cambodgienne, ven. NGIN Phén (éditions de Vatt
Bodhivansa). 5- L'enseignement
du Bouddha d'après les textes les plus anciens, Walpola Rahula (Éditions du
Seuil). 6- La philosophie
du Bouddha, MôhanWijiayaratna (Éditions de la sagesse). 7- La parole du
Bouddha, NYÂNATILOKA, Traduction française de M. LA FUENTE (Librairie JEAN
MAISONNEUVE 11, rue Saint-Sulpice, Paris 6è). |
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