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LA CONCENTRATION
Lorsque l’effort et
l’attention sont développés, la concentration naît. Lorsque la
concentration atteint un niveau profond, le méditant peut voir qu'il n'y a
pas de continuité entre le soulèvement et l'abaissement de l’abdomen. Il est
capable de sentir l'espace entre ces deux processus et peut voir que le
mouvement de soulèvement est interrompu lorsqu'il arrive à la fin, qu'il
n'est pas immédiatement suivi par le mouvement d'abaissement. Il voit de même
que le mouvement d'abaissement est
également interrompu à la fin, qu'il n'est pas immédiatement suivi par
le mouvement de soulèvement. Lorsqu’il pratique
la marche, le méditant peut remarquer
que le mouvement d'élévation du pied ne se confond pas avec le mouvement
d'avancement du pied. De même, le mouvement d'avancement du pied ne se
confond pas avec le mouvement d'abaissement. En pratiquant
conformément aux instructions du Vénérable Mahasi Sayadaw, vous notez
« lever, baisser, assis, toucher, avancer, poser le pied, se lever, se
pencher, s’étirer… » et vous vous dissociez de paññatti : le nom,
le concept, la vérité conventionnelle pour percevoir paramattha : la
vérité ultime, la vérité absolue. Paññatti est la réalité apparente, ce
qui peut être vu par les yeux comme les formes extérieures, le ventre, la
tête, le corps, les membres. Paramattha est la réalité ultime qui elle
ne peut être vue par les yeux. C’est l’élément fluidité ou mouvement, chaleur
ou froid, douceur ou dureté et rigidité. Paramattha et
paññatti ne se manifestent pas séparément. Paramattha se trouve à
l’intérieur de paññatti, l’apparence matérielle, la réalité conventionnelle. Lorsque le méditant
observe la forme extérieure de l’abdomen qui se soulève, la forme extérieure
de l’abdomen qui s’abaisse, la tête, le corps, les membres, c’est
paññatti qu’il observe, la réalité conventionnelle puisque tout cela
peut être vu par les yeux. Si au moment où il
observe le mouvement de soulèvement de l’abdomen, le méditant ressent de la tension ou s’il ressent une
contraction lors du mouvement d’abaissement de l’abdomen, c’est paramattha qu’il observe. Lorsqu’il expérimente de la rigidité, de la dureté, du froid ou
du chaud, c’est également paramattha. Tous ces phénomènes
appartiennent à la réalité ultime, paramattha, et ne peuvent être observés
par les yeux. Ils ne peuvent être perçus que par l’œil de la sagesse. Quand on observe le
mouvement de soulèvement et d’abaissement de l’abdomen, il ne faut pas se
concentrer sur la forme extérieure, paññatti. L’observation doit être
pénétrante afin d’expérimenter la nature du mouvement ou la qualité de
mouvement à l’intérieur de l’abdomen : paramattha. Quand on réussit à
percevoir la nature de paramattha, on expérimente toutes sortes de dhammas,
et en particulier les quatre éléments matériels. Un des buts de la
méditation Vipassana consiste à surmonter les sensations désagréables.
Lorsque le méditant y parvient, il a parcouru la moitié du chemin
Vipassana. Les méditants qui s’efforcent
de surmonter les sensations douloureuses ont trois types d’attitude :
Si vous observez
dans le but de faire disparaître les sensations désagréables, c’est parce que
vous désirez être à l’aise et vous débarrasser de cette souffrance. Ce désir,
c’est lobha, l’avidité. Mais si vous méditez, est-ce pour vous libérer de
l’avidité ou pour l’accroître ? Si vous adoptez
cette attitude qui consiste à vouloir faire disparaître les sensations
désagréables, lobha va surgir et chaque moment d’attention contiendra une
impureté. Vous n’obtiendrez pas la vision pénétrante et vos progrès seront
lents. Vous ne devez donc pas adopter cette attitude qui consiste à observer
les sensations douloureuses dans le but de vous en débarrasser. Le méditant qui
adopte une attitude agressive, souhaitant se débarrasser des sensations
désagréables a une attitude de haine, et s’il n’y parvient pas, le
mécontentement et la colère se manifesteront. Si vous méditez, est-ce pour
diminuer la colère et la haine ou pour les augmenter ? Vous méditez dans
le but de les éradiquer et cette attitude rendra impossible le développement
de la sagesse. Vous ne progresserez que très lentement. Cette attitude n’est
pas non plus recommandée. L’attitude correcte
consiste à observer dans le but de comprendre la nature intrinsèque de la
sensation douloureuse. Ce n’est qu’en percevant la nature intrinsèque des
sensations qu’il est possible de voir les apparitions et les disparitions des
phénomènes. Ce n’est qu’en percevant les apparitions et les disparitions des
phénomènes qu’il est possible de voir anicca, l’impermanence, dukkha, la
souffrance et anatta, le caractère incontrôlable des phénomènes. Et enfin, ce
n’est qu’en percevant anicca, dukkha et anatta, qu’il est possible
d’atteindre les réalisations les plus élevées. Voilà pourquoi,
lorsque vous observez les sensations désagréables, vous devez chercher à
percevoir leur nature intrinsèque. Pour y parvenir, il faudra tout d’abord
être patient. La patience est fondamentale, sans elle, il est impossible
d’atteindre Nibbana. Lorsque vous
pratiquez Vipassana, essayez de rester calme. Votre seul devoir est
d’observer. Telle est l’attitude que vous devez adopter. Lorsque la douleur
s’intensifie, le méditant à tendance à se contracter. Il se tend à la fois
physiquement et mentalement. Il ne faut pas laisser ceci se produire. Vous
devez essayer de vous détendre un peu et porter votre attention sur la
douleur, essayez de l’observer avec précision tout en cherchant à savoir à
quel endroit précis elle se localise : est-ce au niveau de la peau ou
est-ce dans la chair, est-ce plus profondément dans les os ? Comment se
manifeste-t-elle, quelle est son étendue ? Analysez tout cela tout
en notant deux ou trois fois
« douleur ». Lorsque vous pourrez maintenir votre attention sur la
sensation douloureuse et en analyser l’étendue, votre concentration aura
atteint le niveau nécessaire pour
réaliser la véritable nature de la sensation. L’observation ne
doit être ni superficielle ni trop rapide mais pénétrante de façon
à en voir la nature changeante. Si vous maintenez votre observation, vous
verrez peut-être la douleur atteindre un paroxysme pour ensuite commencer à
diminuer d’intensité. Le méditant qui
poursuit sa pratique va encore approfondir sa concentration, et lorsqu’il
notera la douleur, elle disparaîtra. La sensation désagréable sera
surmontée par la conscience attentive. L’esprit ne sera plus perturbé. Vous
aurez réussi à éliminer la tendance à l’aversion. L’esprit est difficile à contrôler, il se pose où il veut et ne
connaît aucune frontière. Il est possible de se rendre mentalement n’importe
où. Il est possible de voyager en imagination et de nous rendre dans
n’importe quel pays et personne ne peut nous en empêcher. Personne ne peut
empêcher notre esprit de pénétrer dans son pays. Il n’existe aucune barrière
qui puisse arrêter l’esprit. La nature de
l’esprit est d’apparaître et de disparaître très rapidement. A un
moment, nous sommes heureux,
l’instant d’après nous sommes tristes. Nous sommes joyeux maintenant, tout à
l’heure, nous serons en colère. L’esprit réagit aux différents objets
sensoriels et change rapidement. Il se pose où il veut. Il est difficile de
le maintenir sur l’objet. Au début de la pratique, lorsque le méditant s’efforce de maintenir son
attention, son esprit s’échappe constamment, il vagabonde ici et là. Il se
retrouve parfois au supermarché, parfois au bureau, partout sauf là où il faut. Il faut faire beaucoup
d’efforts pour se concentrer. Nous devons nous motiver en pensant à la
brièveté de la vie, à l’opportunité que nous avons de nous trouver dans le
plan humain, ce qui est précieux, très rare et à la chance d’avoir accès aux
enseignements du Bouddha. Nous devons méditer avec effort pour atteindre le
Dhamma dans cette vie même. Sinon,
nous pourrions reprendre naissance dans les mondes inférieurs où la
souffrance domine et où les gens pleurent de désespoir et de remords. En étant attentifs,
nous nous protégeons des impuretés mentales -les kilesas- nous créons
beaucoup de mérites : kusala que nous emporterons avec nous, et nous
nous libérons de la souffrance. |
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