Bouddhisme
Theravada
Méditation
Pleine Conscience
Vipassana
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MÉDITER JUSTE
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Pour atteindre
Nibbana et se libérer de la souffrance, il est nécessaire de développer la
concentration. Ainsi la foi : Saddha, l'énergie : Viriya et
l'attention : Sati augmentent, la concentration : Samadhi se
développe et la sagesse : Pañña apparaît. Pour ce faire, l'attention
doit être continue. Il faut observer l'abdomen longtemps, l'esprit ferme,
sans dévier, pour accumuler les moments d'attention. C'est seulement ainsi,
en accumulant des moments d'attention, que l'on atteint les degrés de connaissances
Vipassana et que se développent la concentration et la sagesse.
Le seul but d'un méditant est de maintenir son esprit sur un objet. Par
exemple, un homme veut couper du bois. Son seul but est de couper du bois. Il
concentre toute son attention sur le bois à couper et réussit à couper son
bois. S'il ne se concentre pas, il ne réussira pas à couper son bois.
Lorsque l'esprit est concentré, il est calme, tranquille, stable, il colle à
l'objet du début à la fin, sans pensées, imaginations ou spéculations. Il ne
dévie pas et c'est de cette façon que la sagesse apparaît.
Les quatre fondements de l'attention (Satipatthana) sont la cause
principale pour avoir une forte concentration :
- Kayanupassana
Observer le corps,
les mouvements.
-Vedananupassana
Observer ce qui est plaisant, ce qui est déplaisant et ce qui est neutre.
-Dhammanupassana
Observer les six portes des sens : voir, entendre, sentir, goûter,
toucher, penser, ainsi que le désir et l’aversion qui s'y rapportent dès leur
apparition.
-Cittanupassana
Observer le désir de plaisirs des sens, la colère, la somnolence, les
remords, l'inquiétude, les doutes et tous les phénomènes mentaux. Savoir
comment cela apparaît et comment cela disparaît.
Chaque instant d'attention est une bouffée d'air frais qui donne de l'énergie
au corps et à l'esprit. Nous devons considérer l'abdomen comme notre demeure.
Pendant la méditation nous devons y rester le plus longtemps possible et y
revenir le plus vite possible quand nous le quittons pour observer un phénomène
physique ou mental. Tout comme le nageur qui bouge énergiquement ses membres
sans arrêt pour avancer, nous devons observer énergiquement et sans arrêt
tous les phénomènes qui apparaissent pendant la méditation assise, la marche
et dans les activités quotidiennes.
Plus nous faisons d'efforts, plus l'énergie se renforce et nous devenons
énergiques. Lorsque, malgré de fortes douleurs nous observons au lieu de
bouger ou de vouloir nous en débarrasser, nous devenons vigoureux, nous
trouvons même cela intéressant et la douleur devient notre amie. Nous sommes
ainsi victorieux, cela augmente notre confiance en nous et nous donne de la
satisfaction et de la joie. Nous faisons alors plus d'efforts et progressons
vite.
Si nous perdons l'intérêt pour nous-mêmes et acceptons la souffrance dans la
méditation, nous sommes certains d'être heureux dans la vie. Par contre si
nous cherchons le bien-être et le bonheur dans la méditation, nous risquons
de souffrir beaucoup.
Le fait d'être attentif nous fait pratiquer l'ensemble du Noble Octuple
Sentier. Lorsque l'on perd l'attention, on perd tout le Noble Sentier, on
n'est plus dans la Voie, on est à côté. Les impuretés : désir, colère,
haine... reprennent la place dans l'esprit. Car, dans l'esprit, il ne peut y
avoir qu'un seul objet à la fois, lorsque ce n'est pas l'attention, c'est une
impureté. Les impuretés sont très actives, elles ne se reposent jamais.
Quand on observe chaque phénomène qui apparaît - que ce soient la colère, la
peur, les doutes, les inquiétudes – ils disparaissent, l'esprit retrouve son
calme et nous sommes satisfaits et heureux.
Pendant la méditation, nous devons protéger notre esprit en nous comportant
comme une personne aveugle et sourde : ne rien voir et ne rien entendre.
L'esprit doit être gardé par l'attention qui doit occuper toute la place. À
chaque fois que l'on voit, sent, entend, goûte, touche, pense, une réaction
impure apparaît : désir ou aversion, colère, haine. L'esprit devient
agité, nous créons du kamma, ce qui signifie renaissance et donc souffrance.
En une minute, 60
impuretés se produisent et en une heure 3600. Par contre à chaque instant
d'attention, l'énergie, l'attention et la concentration se développent
simultanément.
L'attention doit être aiguisée comme une lame de rasoir pour pénétrer les
phénomènes. Pour cela l'observation doit être fine, précise et minutieuse. Il
faut essayer de voir tous les détails microscopiques, observer finement pour
aiguiser l'attention, la rendre pénétrante afin de voir que les choses
naissent, disparaissent, qu'elles sont impermanentes, afin de voir leur
véritable nature.
Sati signifie attention, Patthana signifie établissement. Satipatthana
signifie établissement de l'attention. Pa a le sens d'extrême,
d'aiguisé. Ce n'est pas une attention ordinaire, c'est une attention très
forte, pénétrante, extraordinaire.
La façon de méditer est très importante. Il faut observer énergiquement et
minutieusement, c'est-à-dire finement de manière à voir précisément les
petits détails, toutes les nuances, à voir par exemple si tous les mouvements
de l'abdomen sont identiques.
Dans les Écritures, on cite l'exemple d'une personne qui marche avec un verre
plein sans faire tomber une seule goutte. Il est dit que l'on doit pratiquer comme
cela « respectueusement ». Cela signifie respecter le Bouddha, le
Dhamma, la Sangha en suivant les instructions à la lettre, être attentif avec
application, intérêt, énergie et minutie.
Il peut être très utile de prendre des déterminations au début de chaque
séance. C’est une aide très précieuse. Se dire par exemple : « je
ne bougerai pas », « je serai très concentré » ou « je ne
dois pas perdre un seul instant d'attention ». Chaque fois que l'on
résiste à l’envie de bouger, de se gratter ou de regarder les autres, on
développe la patience et l'énergie, notre esprit devient fort, résistant,
pouvant supporter de plus en plus d'inconfort et de douleurs.
Il nous faut apprendre à supporter la souffrance car la vie en est remplie et
il est dit qu'à la mort la souffrance est intense. L'état d'esprit au moment
de la mort conditionnant notre prochaine renaissance, il faudra garder
l'esprit calme et serein face aux douleurs inhérentes à la mort. À force de
faire des efforts, l'attention devient forte et quand nous pratiquons
correctement, nous progressons de jour en jour, notre corps et notre vie
changent rapidement vers plus de bien-être et de bonheur.
Plus nous faisons d'efforts, plus le Dhamma nous aide, nous protège et notre
qualité de vie augmente.
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