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LES
CINQ EMPECHEMENTS
Lorsque l'on médite des obstacles apparaissent. Ce sont
des empêchements ou nivarana en pali. Ils sont au nombre de cinq. Le Bouddha compare ces empêchements à l'état de l'eau.
Quelqu'un veut voir son visage se refléter à la surface de l'eau et il
constate que l'eau est altérée et qu'il lui est impossible de reconnaître son
propre visage. Le premier empêchement est le désir pour le plaisir des
sens : kamacchanda
Le bouddha
dit : « L’'homme regarde son image à la surface de l'eau comme dans
un miroir, dans une eau dont on a changé la couleur, à laquelle on a ajouté
de la couleur ». L'homme n'est pas capable de reconnaître son propre
visage car l'eau a été altérée par la couleur. Un esprit qui essaie de trouver le calme n'y parvient pas
car il y a dans cet esprit le désir pour toutes sortes d'expériences
sensorielles : des sons harmonieux, des odeurs agréables, des pensées
intéressantes. Toutes sortes de choses délicieuses provenant de nos six sens
qui provoquent tout naturellement l'apparition du désir. Des choses dont nous nous souvenons peuvent aussi
susciter la recherche de plaisirs. Cela ne concerne pas seulement ce que nous
touchons, ce que nous sentons, ce que nous goûtons dans le moment présent
mais aussi tout ce que nous avons déjà vécu. Tout ce dont nous nous souvenons
peut aussi susciter le désir sensoriel. Le deuxième empêchement est l'aversion, la
haine : vyapada C'est la méchanceté, la malveillance, la colère,
l'agressivité, la haine. Ce deuxième empêchement est un empêchement assez
puissant. C'est l'homme qui cherche à voir son image dans le miroir et trouve
de l'eau en ébullition. Il ne peut reconnaître son visage. En effet, quand la colère est dans l'esprit, il est
difficile de trouver le calme et de se décontracter. Ce peut-être des choses
qui nous reviennent, qui n'ont rien à voir avec notre expérience immédiate.
Nous pouvons nous énerver pour des choses qui se sont passées il y a bien
longtemps. Nous trouvons notre coussin trop dur, trop bas, nous trouvons
toutes sortes de bonnes raisons de nous fâcher. Ces problèmes nous arrachent
chaque fois à notre concentration et nous ne parvenons pas à méditer. En fait c'est en nous que se trouve ce potentiel latent
de colère, de désir, de peur, de besoin de contrôle. Ces émotions sont
provoquées par des contacts, par nos relations, par ce qui se passe dans
notre vie sociale. Nous avons tendance à dire : « c'est à cause de lui,
c'est à cause d'elle » tout en niant qu'en nous-mêmes il y a de la peur, de
l'insécurité, de la colère, un sentiment d'impuissance. Le potentiel de nos émotions est en nous et les gens que
nous blâmons pour avoir provoqué ces émotions ne sont en fait que des
catalyseurs. L'émotion dont nous nous plaignons ou dont nous nous réjouissons
est en nous ainsi que notre bien-être et notre malheur. Cela ne veut pas dire
qu’il n'y a pas de mauvaises personnes qui se comportent mal, de manière
inacceptable. Mais notre propre résonance vis-à-vis de ce qui se passe dans
notre vie est de notre entière responsabilité. Accepter cela est la base de
toute démarche spirituelle. Nous sommes responsables du degré de complicité
que nous avons avec notre souffrance et notre bonheur. Le troisième empêchement est la paresse, la somnolence : thina-middha
C'est la faiblesse de l'esprit qui vacille, qui est
visqueux, submergé, incapable de suivre précisément l'objet de méditation.
L'esprit devient apathique et ne parvient plus à garder la posture du corps
droite et ferme. Les paupières deviennent lourdes, la tête tombe vers
l'avant, le dos se courbe. Nous avons tendance à penser « je suis fatigué, je
vais aller me reposer et ensuite je pourrai mieux me concentrer ». En fait c'est une invitation à la paresse et à la
somnolence. Pour surmonter cet empêchement, nous devons essayer de retrouver
notre énergie et nous concentrer à nouveau très fermement. Le quatrième empêchement est l’agitation et
les remords : uddhacca-kukkucca C’est une inquiétude, une sorte de nervosité qui se
transforme en démangeaisons, en besoin de se gratter, en petites douleurs
partout. Parfois ces petites douleurs ont l'air sérieux,
« cela pourrait être le ménisque, il faut bouger ». C'est très
convaincant. On fait toute une histoire par rapport à cela, et dès que l'on commence
à donner de l'intérêt à ces sensations, cela ne s'arrête plus. Nous pouvons
passer des heures à nous gratter avec des sensations de chatouillement. Il ne faut pas bouger. C'est vraiment la façon la plus
efficace de se débarrasser de ces phénomènes. C'est l'esprit qui se divertit
par l'intermédiaire de ces petits maux. Toutes ces sensations qui piquent,
qui démangent sont convaincantes et il est très difficile de ne pas y croire.
Nous aurons tendance à vouloir nous en débarrasser en bougeant, mais il est
recommandé de ne pas bouger, de ne pas se gratter. L'inquiétude nous empêche de trouver le calme mental,
elle nous empêche de trouver la clarté, la lucidité de l'esprit. C'est cette
lucidité qui est nécessaire pour avoir une compréhension juste. Le deuxième aspect, ce sont les remords. C'est la
conscience qui se montre, nous sommes perturbés par des remords. Au lieu
d'être un problème physique, c'est un problème mental, quelque chose que nous
avons fait nous trouble. Nous nous sentons soit coupable soit responsable. Il
est très important de comprendre et de respecter les préceptes, car c'est la
moralité qui nous protège contre de tels remords. Sila, la moralité est liée à la pratique de la
méditation. Si nous vivons d'une façon qui provoque des remords cela
reviendra pendant que nous méditerons. Dès que cela remonte, cela nous
empêche de nous unifier. C'est pour cette raison qu'une vie morale pure est
la base de tout progrès dans la méditation. Si notre manière de vivre provoque des sentiments de
culpabilité, des remords, il sera très difficile de nous concentrer car nous
serons troublés. La colère peut aussi nous troubler. Nous pouvons faire des
gestes, prononcer des mots, avoir des attitudes qui font mal aux autres et à
nous-mêmes. Cela peut aller très vite. Avec les remords cela va un peu moins
vite, mais cela nous perturbe quand même. Le cinquième empêchement est le doute : vicikiccha
C'est comme l'eau trouble, ce n'est pas clair, l'homme ne
peut y voir son reflet. Le doute est quelque chose qui parvient avec succès à
nous empêcher de nous concentrer. Le doute n'est pas intellectuel, c'est une émotion. En
général nous ne reconnaissons pas le doute comme une émotion. Nous
considérons le doute comme quelque chose que nous ne savons pas, mais en fait
il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas et qui ne sont pas des
doutes. Par exemple je ne sais pas s'il pleuvra demain, et cela ne me
travaille pas du tout. Le dénouement d'une émotion se passe au niveau du cœur et
ne peut se passer au niveau du mental. La pensée ne peut nous aider face à une émotion forte. Les émotions ne se
calment pas avec les pensées. Nous pouvons penser vite pour couvrir
l'émotion, mais plutôt que de résoudre l'émotion, nous la figeons, nous la
recouvrons parce que l'activité mentale est parfois plus convaincante et plus
rapide que l'émotion. Nous arrivons ainsi à détourner l'attention d'une émotion
et à nous convaincre que ce que nous pensons est vrai. En fait l'émotion
continue et remonte dès que la pensée diminue. Nous n'arrivons pas vraiment à
résoudre ou à dénouer un état émotionnel par la pensée, et le doute en est un
très bon exemple. Tout essai pour résoudre le doute par l'intellect est voué
à l'échec. Le doute peut être à propos de soi-même, à propos de la
méthode ou de la pratique ou encore en ce qui concerne l'enseignant. Nous
nous mettons à douter du moindre aspect de la pratique. C’est plus qu'un
simple doute, cela devient de l'épuisement mental dû à la spéculation, à la
confusion. Lorsque ces empêchements apparaissent, il faut commencer
par les identifier, les reconnaître et c'est l'attention qui permettra de les
éradiquer. |
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