|
LES
SEPT FACTEURS D’EVEIL
Les sept facteurs d'éveil sont les sept qualités que le
bouddha a décrites qui, lorsqu'elles sont complètement développées et
équilibrées, nous permettent d'atteindre l'éveil. Ces sept qualités sont l'attention, l'investigation,
l'énergie, la joie, le calme, la concentration et l'équanimité. La première qualité est l'attention :
sati Nous ne pouvons jamais avoir trop d'attention, c'est la
base de la pratique. Nous devons observer tous les objets qui se présentent à
notre conscience avec attention, compassion et détachement. Le détachement
n'est pas le rejet. En étant détaché nous pouvons prendre de la distance et
trouver le calme et la paix. Ce n'est pas une paix ordinaire, c'est une paix
immense, qui n'exclut rien, et accepte tout ce qui se présente. Elle ne peut
apparaître que dans le présent. Lorsque l'on pense au passé, ce sont des
souvenirs, lorsque l'on pense au futur, ce sont des projets et non
l'attention. La liberté ne peut exister que dans le présent. L'attention a comme qualité, la pénétration. Elle n'est
pas superficielle. Quand l'attention est faible c'est comme un objet qui
flotte à la surface de l'eau et est emporté au gré des vagues. Nous sommes
emportés par le passé et le futur, par les inquiétudes, les peurs. Quand l'attention est forte, c'est comme une pierre qui
pénètre et coule au fond de l'eau, elle ancre l'esprit dans le présent. Elle
garde l'objet en vue et l'observe profondément. À force d'observer, et d'expérimenter
juste ce qui apparaît, notre esprit s'apaise et s'éclaircit. Nous pouvons
voir la réalité. Plus nous avons d'attention, plus nous pouvons nous rendre compte comment l'attention nous
protège contre le désir, l'aversion, la haine et l'ignorance. Au fur et à
mesure que nous avançons dans la pratique, le miroir de l'attention devient
de plus en plus clair et beaucoup moins obstrué par les impuretés. La seconde qualité est l'investigation :
dhamma vicaya Elle apporte la clarté, car c'est une sorte de curiosité,
d'étude, d'examen. Lorsque des visiteurs déplaisants comme la douleur, la
peur, la colère surgissent, au lieu de leur fermer la porte, nous devenons
curieux au sujet de ces visiteurs, nous voulons savoir à quoi ils
ressemblent, nous les incluons dans notre pratique. Il est bien évidemment difficile de s'ouvrir pour
accueillir des états déplaisants et de les regarder avec curiosité et
précision. Toutefois, si au lieu de nous renfermer, de nous contracter, nous
faisons preuve de curiosité à leur égard, nous pourrons nous apercevoir que
cette investigation croît, ainsi que l'énergie qu'elle génère. Elle nous montre le chemin, la vérité, comment les choses
sont réellement, de la plus petite vérité à la plus profonde. Nous devons
laisser de côté les concepts et expérimenter la réalité, c'est-à-dire ce qui
apparaît à chaque instant. Ce sont nos concepts qui nous emprisonnent et
empêchent la clarté d'émerger, car nous nous attachons à nos concepts.
Lorsque nous lâchons prise, la liberté est complète. Quand la lumière de la
curiosité brille sur les choses, elles deviennent enfin accessibles. Un jeune homme avait des crises d'angoisse. En observant
avec curiosité sa difficulté à respirer, ses tremblements, son agitation,
ainsi que toutes les sensations qui accompagnaient ses angoisses, il finit
par en guérir et ne plus avoir besoin de prendre de médicaments. Utiliser notre curiosité de cette façon est efficace et
utile. Nous nous perdons facilement dans les spéculations intellectuelles, il
est préférable d'utiliser notre attention qui clarifie et rééquilibre. La troisième qualité est l'énergie,
l'effort : viriya L'énergie et l'effort sont indispensables et doivent être
tous deux équilibrés. Le début de la pratique requiert beaucoup d'énergie et
d'effort. Nous devons constamment ramener l'esprit. Il faut aussi fournir un
grand effort pour surmonter les doutes, l'agitation, la somnolence, l'ennui.
Cependant, avec douceur et énergie nous devons observer encore et encore. Au fur et à mesure que nous avançons dans la pratique,
nous pouvons voir où notre énergie est bloquée. Nous supportons en général
trois peines, au lieu d'une seule. Toutes les peines que nous avons eues,
celles que nous avons maintenant, et celles que nous aurons. Nous gaspillons
beaucoup d'énergie quand nous jugeons, quand nous critiquons. Ceci entraîne
des tensions, des contractions dans les épaules, le ventre ou la tête, ainsi
que de la fatigue. Ce sont des signes qui nous permettent de nous apercevoir
que nous faisons trop d'effort, que nous luttons, que nous cherchons à gagner
quelque chose, à atteindre quelque chose. Nous pouvons à ce moment nous
souvenir qu'il n'y a rien à faire, seulement rester là, immobile et observer. Nous devons ouvrir notre cœur, tel un Bouddha, et
accueillir les milliers de joies et de peine de la vie. C'est l'attention qui
nous aide à voir et à ajuster notre effort ou bien à nous ouvrir et à nous
décontracter. Rejeter les choses bloquent notre énergie. La peur
requiert beaucoup d'énergie pour être repoussée, l'accepter demande du
courage et nous fait progresser. Nous pouvons nous approcher de nous-mêmes
avec douceur et compassion, au lieu de nous juger et nous pourrons trouver
alors beaucoup d'énergie. La continuité est un aspect important, cela signifie être
attentif constamment. Nous devons être curieux pour voir à quel moment, dans
quelles circonstances, nous perdons notre attention ; et avec douceur,
constance et patience revenir sans cesse dans le présent. Notre attention
s'approfondira tout naturellement. La joie est la quatrième qualité : piti C'est un grand plaisir, une sorte d'émerveillement, de
contentement. Parfois, quand on pratique, on peut devenir sérieux et
tendu, alors que la joie apporte le bien-être. Nous ne pouvons pas avancer
réellement si nous fermons la porte à la joie. Cette joie est très différente
des plaisirs ordinaires. C'est une sorte d'unité du corps, de l'esprit et du
cœur. Lorsque nous nous extirpons de la conception du soi, de
l'ego, nous connaissons une expansion, la liberté, un soulagement et une
grande joie. Nous pouvons facilement nous attacher à cette joie. Mais ce
n'est pas un état permanent, elle ne durera pas. Il ne faut pas chercher à la
retrouver, vouloir la retenir, s'y accrocher. Quand la joie emplit notre être, notre esprit devient
calme et l'on ressent un grand bien-être. Cependant, la joie doit être
équilibrée avec l'attention, sinon nous pouvons devenir agités. La cinquième qualité est le calme, la
tranquillité : passaddhi Nous sommes habitués à agir, à l'action et il nous est
difficile de rester immobile et calme. Cependant, nous en avons la capacité.
Le calme est déjà là, en nous, il est simplement recouvert par notre
agitation. Cette tranquillité nous fait voir clairement les choses. Quand
nous méditons, nous ne devons pas bouger, nous sommes conscients de la
respiration, des bruits qui vont et viennent, nous abandonnons le poids du
passé et les appréhensions du futur. Nous sommes seulement dans le présent,
et pouvons être heureux si nous acceptons les choses comme elles sont. Nous
sommes attentifs et laissons les choses suivre leurs cours. Notre esprit se
calme et nous pouvons voir clairement la nature de toutes les choses. C'est comme si nous nous trouvions au milieu d'une foule.
Nous regardons calmement les gens passer, aller et venir. Nous les laissons
être, nous ne cherchons pas à les suivre, ni à les chasser. Nous restons
immobiles, calmes, à l'aise. Nous pourrons ensuite nous relier à ce calme en nous où
que nous soyons. Il y a bien plus de paix en nous que nous pouvons imaginer.
En étant calme, nous pouvons faire face à la vie plus judicieusement. La sixième qualité est la
concentration : samadhi C'est la capacité à rassembler toute notre énergie, à
être calme et à voir clairement. Cela permet à la sagesse de se manifester. Tout le monde peut y arriver, même si certains ont plus
de facilités que d'autres. Nous devrions avoir la détermination
suivante : « je ne me lèverai pas de mon coussin, même si mes os
devaient se rompre et ma chair se dessécher. » La souffrance nous permet de grandir et de nous éveiller.
Si l'on fuit la souffrance on ne pourra pas se libérer. Même la trahison et
le deuil peuvent nous éveiller. Nous ne devons pas rechercher le calme et la
paix, ils surgiront automatiquement. Si nous utilisons notre concentration
pour échapper à la réalité, nous perdons notre temps. Nous devons utiliser
notre concentration pour examiner la nature de notre esprit car c'est la
seule chose qui peut nous libérer. Revenir sans cesse à l'instant présent apporte le calme
et nous éloigne de l'agitation. Toutefois, il ne faut pas vouloir se
débarrasser des pensées. Il ne faut pas résister, forcer pour trouver le
calme. Il faut se détendre et observer. Nous devons être attentifs, nous connecter à l'objet, que
ce soit la respiration, l'abdomen ou autre chose et y revenir constamment
avec patience et douceur, sans lutter, ainsi l'esprit se calme, et la clarté
émerge. La continuité est importante. La concentration n'arrive pas par
hasard, toute seule, mais par nos efforts répétés pour être présent. Si nous
ne faisons pas suffisamment d'efforts, elle ne pourra pas se développer. Lorsque notre concentration s'approfondit, nos pensées se
calment, la clarté apparaît, et nous pouvons même être concentrés dans nos
activités, être conscients de nos doutes, de nos peurs, de notre confusion.
Nous développons la stabilité et la compréhension. C'est un état très agréable auquel nous pouvons nous
attacher facilement. Nous devons nous souvenir que nous ne sommes pas ici
pour ressentir des sensations agréables mais pour nous libérer de la
souffrance. La septième qualité est l'équanimité :
upekkha Elle nous permet d'être avec ce qui existe sans être
perdu ou désespéré, sans prendre les choses personnellement ; c'est
l'acceptation totale de ce qui est. Mais ce n'est pas être indifférent ou passif. C'est lié à
la compréhension, à l'ouverture et à la clarté. Nous pouvons savoir où, quand
et comment agir. Ce n'est pas vouloir changer ou contrôler les choses selon
nos souhaits. C'est accepter les choses simplement comme elles sont. Nous passons beaucoup de temps à résister, à lutter, à
rejeter, à ne pas accepter les situations et les gens. Nous ne désirons que
ce qui est plaisant, agréable et bénéfique, mais cela génère beaucoup
d'anxiété et de souffrance. Si nous permettons aux choses d'être ce qu'elles
sont, si nous les acceptons, nous ressentons alors une grande paix. Avec
l'équanimité, chaque instant est parfait, notre cœur s'ouvre à ce qui est
plaisant, tout comme à ce qui est déplaisant. Nous sommes tolérants vis-à-vis
de ce qui est désagréable. Par la pratique, l'équanimité se développe et nous
devenons capables de lâcher prise, d'accepter et de voir les choses telles
qu'elles sont réellement. La sagesse et la compréhension émergent tout
naturellement. Nous ne pouvons pas faire surgir ces qualités, ces
facteurs d'éveil par notre volonté. Ils ne se développent que grâce à la pratique,
à une motivation et une intention sincères, au désir d'être présent, avec
patience. Quand ces qualités sont pleinement développées, l'esprit
devient lumineux et clair, plein de joie, de paix et de liberté. Nous pouvons
enfin vivre harmonieusement et heureux. |
|
VIPASSANASANGHA |
Site bouddhisme et méditation pleine conscience mis à jour le
25/08/2024 Vipassanasangha ©
2002 – 2024 |