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Le
renoncement
Le renoncement ne
signifie pas l'ascétisme austère, c'est plutôt un état d'esprit. Renoncer
c'est lâcher prise, cela apporte la liberté, la paix et nous permet d’être
totalement ouverts. Le Bouddha était
prince, il vivait dans l'aisance matérielle et dans le luxe, mais il comprit
que cela n'apportait pas un bonheur permanent, que cela ne résolvait pas le
problème de la naissance, de la souffrance, de la mort et il décida de
renoncer à tout cela. Il laissa sa famille, ses possessions, ses richesses et
partit seul. Grâce au renoncement, il accéda à des degrés très élevés de la
spiritualité jusqu'à l'éveil. Faire, avoir,
devenir sont des distractions qui nous tiennent éloignés de l'essence de la
vie et nous conduisent à nous attacher. Pendant les retraites de méditation,
nous laissons pour un moment notre famille, nos amis, notre maison, notre
confort, nos habitudes et nous devons suivre l'emploi du temps. Ce renoncement
permet de progresser. Le Bouddha, en renonçant, découvrit les quatre nobles
vérités. C'est-à-dire la souffrance inhérente à la vie, la cause de cette
souffrance qui est le désir, l'avidité, l'attachement. Il découvrit la
possibilité de se libérer de la souffrance, qui est la cessation du désir, de
l'avidité, de l'attachement. Il découvrit la voie qui mène à la cessation de
la souffrance, le noble octuple sentier. Le désir nous
enchaîne créant l'attachement et la souffrance. Alors que le renoncement
apporte la liberté et la sérénité. La racine du désir est profondément ancrée
en nous. Nous désirons sans cesse. Nous désirons ce que nous n'avons pas,
nous désirons que les choses soient différentes, qu'elles se déroulent selon
nos souhaits. Cela génère une grande agitation mentale. Ou bien nous ne
voulons pas, nous résistons, nous rejetons, nous évitons, nous nous plaignons.
Ces deux très grandes forces du désir sont en nous. L'énergie de vouloir et
l'énergie de ne pas vouloir. Nous passons notre
vie entière à essayer d'obtenir ce que nous désirons et à essayer d'éviter ce
que nous ne souhaitons pas. C'est très fatigant. Même quand nous méditons,
nous continuons à désirer. Nous souhaitons avoir des sensations agréables et
nous rejetons celles qui sont désagréables. Si nous avons eu des expériences
agréables, notre esprit cherche à retrouver ces expériences agréables. Si nous
n'avons pas d'expérience plaisante nous souhaitons en avoir. Même pour la
spiritualité nous sommes remplis de désirs. Par exemple, pour
la marche méditative, nous voulons marcher à une certaine place et nous
espérons que personne ne s'y trouve. Si quelqu'un a pris la place, oh, c'est
ma place ! Nous pensons que cette place nous appartient et que c'est
seulement là que nous pourrons marcher. Nous désirons cette place, nous nous
attachons à cette place et nous souffrons. Pendant que nous désirons, nous ne
sommes pas présents et nous ne voyons pas ce qui se déroule dans le présent. Le bonheur ne
dépend pas de l'objet lui-même, mais de la relation que nous avons avec cet
objet. S'il n'y a pas de désir, il n'y a pas de résistance, d'aversion et de
souffrance. Quand nous acceptons ce qui est, nous sommes heureux. Nous pouvons par
exemple avoir des douleurs et nous énerver, les rejeter, nous plaindre et
donc souffrir. Et nous pouvons aussi rester équanimes face à ces douleurs,
les accepter, les observer calmement et ne pas souffrir. C'est la même
situation, mais le rapport à cette situation change. Nous renonçons au
confort, au bien-être, et nous acceptons la réalité présente : les
douleurs. Nous nous ouvrons au lieu de nous fermer et de rajouter de la tension
et de la souffrance. Par conséquent, ce ne sont pas les expériences qui nous
font souffrir, mais notre façon de les vivre. Nous pouvons nous
demander si, quand nous obtenons ce que nous désirons, cela nous satisfait
vraiment ? Nous recherchons en
fait un bonheur, une paix durables. Mais quand nous réalisons nos désirs,
ceux-ci ne durent pas. Nous pouvons voir
cela grâce à la méditation. Nous voyons que toute expérience est transitoire,
constamment changeante, qu'elle soit bonne ou mauvaise, que ce soit la
meilleure ou la pire de notre vie, où est-elle maintenant ? Quand nous savons
vraiment que tout va et vient, que toute passe, nous nous attachons moins,
car rien ne dure. Tenir compte de l'impermanence des choses apporte un grand
soulagement. Le Bouddha
dit : « si vous voyez l'impermanence des formes, des sons, des odeurs,
des goûts, des pensées avec sagesse, la joie apparaît. » Cette joie est basée
sur le renoncement, sur le non-attachement. C'est participer pleinement à
l'expérience, sachant qu'elle est impermanente et donc la laisser être et
disparaître. C'est ce que nous
apprenons avec la pratique : être avec chaque chose agréable ou
désagréable avec équanimité. Quelles que soient les circonstances, nous
sommes en paix. Quand nous sommes
pris par le désir ou la résistance, quand nous nous attachons, que nous
voulons atteindre quelque chose dans le présent ou le futur, nous sacrifions
notre paix intérieure pour des expériences impermanentes. Tous ces désirs,
tous ces espoirs qui naissent dans l'esprit n'ont pas nécessairement besoin
d'être comblés car ils sont eux aussi impermanents. Ils apparaissent en
fonction des conditions et disparaissent même si ce sont de forts désirs. Nous pouvons
demeurer paisibles au milieu de ces désirs car ils ont une durée limitée, ils
vont disparaître ; nous n'avons pas besoin d'agir sur eux. Ainsi, nous
ne sommes plus victimes de la force du désir. Nous avons le choix d'agir en
fonction de notre sagesse discriminante. Lorsque notre esprit sera pur, le
désir n'apparaîtra plus. Quand nous voyons
le désir avec l'attention, sati, sans nous identifier, sans en être la proie,
il n'y a aucun problème. C'est seulement un état d'esprit comme les autres,
un autre phénomène impermanent tout comme la peur, la colère, les douleurs,
les pensées, les sons, les formes... Mais si nous nous
identifions au désir, nous en devenons prisonnier et nous réagissons. Les
choses sont hors de contrôle, nous ne pouvons pas les contrôler et si nous
désirons ou résistons, nous souffrons. Tout comme le temps, qu’il pleuve,
qu'il neige ou qu'il vente, nous n'avons aucun contrôle. Nous ne pouvons pas
décider du temps qu'il fera. Il en est de même pour notre esprit, nous ne
décidons pas des phénomènes qui apparaissent. Cela peut être l'ennui, la
colère, la peur, le désir, les pensées, la tristesse. Avons-nous le moindre
contrôle sur ce qui apparaît ? Non. Cependant, nous pouvons contrôler notre
réaction à leur égard. Nous pouvons
réagir, résister, lutter, combattre, ou bien nous pouvons nous ouvrir,
accepter et lâcher prise. C'est notre relation aux choses qui change et qui
crée le bonheur ou la souffrance. Même pour la
spiritualité nous avons des désirs : atteindre l'éveil, être en paix,
libre, devenir quelqu'un, avoir des expériences extraordinaires. C'est
toujours la même énergie, avoir, obtenir. Nous traînons avec nous cette
tendance au désir partout, y compris dans la méditation. Suis-je le plus
calme, le plus concentré ? Celui qui peut rester assis sans bouger le plus
longtemps ? Suis-je celui qui marche le plus lentement ? Qui a fait le plus
grand nombre de retraites ? Il est impossible
de posséder réellement quoique ce soit puisque tout est sujet au changement
et nous souffrons parce que nous nous attachons. Nous nous attachons même à
nos pensées. Le renoncement concerne aussi nos pensées. Nous devons également
renoncer à notre vue erronée du soi, au fait que nous nous croyons
permanents, séparés des autres et indépendants. La voie n'est pas
l'obtention de quoique ce soit, mais lâcher prise, renoncer, ne s'attacher à
aucune expérience, être libre. |
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