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L'ACCEPTATION
Il est
très facile de juger, mais bien plus difficile d'accepter chaque moment tel
qu'il est, juste comme il est, sans vouloir le changer, le modifier d'une
façon ou d'une autre. Nous nous évaluons, nous comparons sans cesse, d'une
manière plus ou moins subtile. Il est bien plus bénéfique d'accepter chaque
moment, le laisser être, nous permettre d'être nous aussi. En général, nous
résistons ou refusons ce qui est. Mais nous ne sommes pas ici pour rendre les
choses parfaites. Lorsque
nous commençons à accepter chaque moment juste comme il est, les autres
justes comme ils sont, nous-mêmes comme nous sommes, alors chaque instant est
parfait. C'est un grand soulagement. L'acceptation
n'est pas la résignation, la passivité, l'abandon, c'est plutôt permettre aux
choses d'être sans les rejeter. Le Dhamma nous enseigne justement de ne rien
exclure. Mais la réalité est que nous ne pouvons ou ne voulons pas la
supporter. Il ne
faut pas vouloir nous accepter quand nous changerons ou quand nous
évoluerons. Nous devons nous accepter maintenant tels que nous sommes. Il en
est de même pour les autres. Nous ne devons pas chercher à les changer, mais
les accepter comme ils sont maintenant. En
réalité, le changement n'est possible que quand nous nous acceptons. Nous
devons permettre et être avec chacune de nos expériences directement. Comment
pouvons-nous y parvenir ? En étant
attentif. L’attention n'ajoute rien, ne juge pas, ne compare pas. Grâce à
l'attention nous pouvons être conscients de ce qui est en train de se passer,
de chaque moment, et nous pouvons observer comment nous y réagissons. Est-ce
que nous nous y accrochons ? Est-ce que nous rejetons ? Que
ressentons-nous dans notre corps ? Y a-t-il des contractions ou
sommes-nous ouverts ? Nous
avons tendance à nous crisper quand nous ressentons des sensations
désagréables, par conséquent nous ne leur permettons pas d'être complètement.
Du fait des contractions, nous créons un blocage et nous ne pouvons voir
clairement ce qui se passe. En fait nous essayons d'agir en sorte que les
choses soient différentes, au lieu de les laisser être, de les observer avec
attention, que ce soient des douleurs, de l'agitation ou de la tristesse. Si
au lieu de les bloquer, de lutter contre, nous les acceptons, elles
commencent à se calmer car l'énergie utilisée pour lutter et se contracter
est libérée. Accepter
ne signifie justement pas abandonner. Lorsque chaque chose est vue
clairement, avec compréhension, il est possible d'agir sagement. Il s'agit
d'accepter tous nos états émotionnels et mentaux, ainsi que nos réactions à
leur égard. Nous nous apercevrons que notre acceptation leur permettra de les
dissiper. Il faut les inclure au lieu de les exclure, parce que les exclure
consomme beaucoup d'énergie, et nous avons tendance à utiliser tant d’énergie
en allant à l'encontre de ce qui existe, en rejetant, en niant, en nous
crispant. C'est épuisant. Bien
souvent, nous ne sommes même pas conscients de le faire. Nous sommes le plus
souvent sévères avec nous-mêmes, nous nous jugeons durement. Nous manifestons
de l'hostilité envers certaines parties de nous-mêmes. Nous devons être
gentils et nous donner de l'amour. Comment
cultiver un esprit qui accepte et ne juge pas alors que c'est une habitude
conditionnée très ancrée en nous de comparer, de juger et de rejeter ? C'est à
nouveau l'attention. Observer simplement ce qui apparaît, le reconnaître sans
concept, sans condamner, sans rejeter, sans blâmer. Être attentif. Au fur et
à mesure, nous cultiverons l'amour bienveillant et la compassion, et notre
faculté d'acceptation grandira et s'approfondira incluant les infimes parties
de nous-mêmes que nous rejetons. Ce sera une guérison, un soulagement, la
paix. Cela demande du courage et de la confiance de regarder profondément en
soi, d'expérimenter et de voir précisément la colère, la peur, l'avidité, la
tristesse, au lieu de vouloir s'en débarrasser. C'est un processus de purification. Il n'est
pas possible de n'avoir que des expériences agréables et d'éviter celles qui
sont déplaisantes. Il y a des expériences agréables, désagréables et neutres.
Nous devons les laisser être, sans vouloir les modifier. C'est notre
conditionnement qui nous pousse à ne vouloir accepter que ce qui est plaisant
et à rejeter ce qui est déplaisant. L’acceptation
est très subtile. Nous pouvons penser que nous acceptons alors qu'en fait
nous nions ou sommes indifférents. Ce n'est pas accepter. L'acceptation est
inconditionnelle, elle dit oui : oui à la colère, oui à la rage, oui à
la haine, sans reproche. Il est
très utile de comprendre que ce n'est pas moi qui suis en colère, qui ai de
la haine. Ce n'est pas ma colère, ma rage. C'est uniquement l'énergie de la
colère, de la haine, de la rage. Ce n'est pas personnel. Nous nous
identifions à ces énergies : ma colère, ma haine, ce qui les renforce et
nous empêche de les évacuer. C'est très douloureux. Quand nous acceptons
réellement ces états mentaux, notre cœur s'ouvre et l'amour devient possible.
Quand nous acceptons le chagrin cela libère un espace pour la joie. L'une des
choses les plus difficiles à accepter est le changement. Nous savons que
chaque chose change mais nous voulons que les choses soient solides, stables,
sécurisantes et qu'elles ne changent pas, bien qu'en réalité elles ne soient
pas contrôlables. Les choses changent parce que les causes et les conditions
changent. Nous n'aimons pas lorsque notre corps change, nous luttons pour ne
pas vieillir. Nous souhaitons que le présent dure et personne ne veut mourir.
Cependant nous sommes impermanents, et chaque instant est impermanent. Nous
devons accepter l'impermanence qui fait partie de notre vie. Nous souffrons
parce que nous nous accrochons et que nous voulons contrôler les choses. Le
bouddha a dit que le moyen de ne plus souffrir est de lâcher prise, de cesser
de nous accrocher, de nous attacher. L'attachement est un fort
conditionnement. À quoi devons nous renoncer ? À nos
idées, à nos concepts, à ce que les choses se déroulent selon nos souhaits, à
être parfaits, à nos expériences. Nous ne pouvons pas nous forcer à lâcher
prise, comme nous ne pouvons pas nous forcer à nous endormir. Cela prend du
temps. C'est un processus. Nous avons
des difficultés à laisser les choses être parce que dans notre culture nous
sommes habitués à faire, à modifier, à améliorer. Il nous est difficile de
rester immobile, juste être, sans essayer quoique ce soit. Pouvons-nous
simplement nous asseoir ? Simplement marcher ? Manger ? Être
avec chaque moment ? Autoriser chaque instant à être juste comme il
est ? Le voir, le reconnaître, y être pleinement attentif jusqu'à ce que
le moment suivant apparaisse ? Permettre à chaque moment de naître et de
mourir sans rien faire, seulement lui permettre de se déployer qu'il soit
agréable, désagréable ou neutre ? Cela
n'est pas facile et parfois nous avons l'impression que ce n'est pas
possible. Il nous faut du courage et beaucoup de patience. Accepter nous
donne un sentiment de joie, de liberté, de sécurité. Nous nous sentons moins
séparés des autres et du monde. Nous pouvons agir avec respect et sagesse. Les
choses changent selon leur propre rythme. Si nous abandonnons notre
résistance, nous libérerons l'énergie nécessaire pour être pleinement vivants
et heureux. |
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