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Kamma
Kamma en pali, ou karma en sanskrit, signifie acte,
action, ainsi que l'état mental dans lequel est fait cette action, bonne ou
mauvaise. C'est donc l'état mental présent dans l'esprit quand nous faisons
une action. Ce n'est pas l'action elle-même, qu'elle soit bonne ou mauvaise,
mais l'état mental qui accompagne cette action, qu'elle soit saine ou
malsaine. Comme tout état mental, il apparaît et disparaît
immédiatement, car selon les enseignements du Bouddha, que ce soit un
phénomène matériel ou mental, il apparaît et disparaît immédiatement.
Cependant, contrairement aux autres états mentaux, quand il disparaît, il
laisse le potentiel de donner des résultats dans l'esprit des êtres. Même si nous ne savons pas où ce potentiel est stocké,
quand les conditions sont favorables pour le kamma de donner des résultats,
les résultats sont produits. Prenons l'exemple d'un pommier. Avant que les
fruits soient sur l'arbre, nous ne pouvons pas dire où ils sont
stockés : dans les racines ou dans le tronc ou dans les branches ou dans
les feuilles. Mais quand les conditions sont réunies, comme le soleil et
l'eau, les fruits sont produits. Il en est de même avec le kamma qui a le
potentiel de donner des résultats quand les conditions sont favorables. Le kamma peut être bon ou mauvais. Lorsqu'il est bon, il
produit de bons ou d'heureux résultats et quand il est mauvais, il produit de
mauvais ou de douloureux résultats. Ceci est la loi du kamma découverte par
le Bouddha. Il découvrit que certains êtres mouraient et reprenaient
naissance dans une existence misérable parce qu'ils avaient un mauvais kamma
dû au passé, et que d'autres avaient une renaissance heureuse en tant
qu'êtres humains ou célestes parce qu'ils avaient un bon kamma dû à leur
passé. Il y a plusieurs sortes de kamma. Le kamma qui donne des
résultats dans cette vie même, le kamma qui donne des résultats dans la
future existence et le kamma qui donne des résultats à partir de la troisième
existence et indéfiniment jusqu'à ce que la personne se libère de la ronde
des renaissances. Ces trois sortes de kamma s'éteignent quand ils n'ont pas
l'occasion de donner des résultats pendant la durée impartie. Cette compréhension de la loi du kamma nous enseigne que
chacun est responsable de lui-même car si nous sommes heureux ou si nous
souffrons c'est le résultat de notre kamma du passé. Tout ce qui est agréable
dans notre vie est le résultat d'un bon kamma de notre passé, et toute notre
souffrance est le résultat du mauvais kamma de notre passé. Nous ne pouvons
par conséquent blâmer personne d'autre pour notre souffrance ou nos échecs
dans cette vie. Si nous voulons accuser quelqu'un, nous pouvons accuser notre
kamma. Le kamma produit des résultats, et puisque nous créons
nous-mêmes le kamma, nous sommes les seuls à créer les résultats qui seront
produits. Nous sommes donc maîtres de notre futur. Nous pouvons modeler nos
futures existences. Nous sommes libres, nous ne dépendons de personne pour
avoir un bon futur parce que nous
seuls pouvons créer notre futur. Quand nous comprenons que nous sommes seuls responsables
de notre souffrance ou de notre bonheur, nous savons que nous pouvons
façonner notre futur afin d'obtenir le bonheur et non la souffrance. Si nous
ne souhaitons pas de douloureux résultats, nous devons simplement éviter ce
qui produira de douloureux résultats. La loi du kamma nous enseigne de nous
abstenir de faire du mal, ce qui est nuisible à nous-mêmes et aux autres.
Ainsi, nous pouvons améliorer notre vie dès à présent, et également nos vies
futures. Le Dalaï-lama dit qu'il est plus important de comprendre
le kamma et comment il fonctionne plutôt que toute la philosophie du Mahayana
sur la vacuité. Chaque chose de notre vie présente est le résultat de
notre passé, de ce que l'on a fait. Nous sommes responsables de ce qui nous
arrive maintenant. Le monde est le champ de relations de causes et d'effets.
Cela nous encourage à agir de façon à engendrer des effets qui nous seront
bénéfiques plus tard. Le passé affecte le présent, les causes du passé
engendrent notre présent. Le bouddhisme enseigne l'équanimité par rapport aux
événements de notre vie. La façon de répondre à ces événements aura des
conséquences dans le présent et aussi dans le futur. En nous sentant
responsables du moment présent, cela affecte nos comportements et leurs
conséquences dans le futur. Nous donnons une orientation à notre vie en
fonction des choix que nous faisons maintenant. Si nous faisons preuve de gentillesse et de générosité,
nous créons les causes pour recevoir de la gentillesse et de la générosité.
Si nous manifestons de la colère et de l'hostilité nous créons les
résultats : nous recevrons la colère et l'hostilité. Nous devons
toujours être attentifs à la façon dont nous agissons dans le présent. Nous
sommes responsables, nous en subirons les conséquences plus tard. C'est notre intention, notre motivation qui sont
importantes et produiront des résultats. Nous devons nous demander :
quelle est mon intention quand je dis cela ? Quand je fais cela ? Chaque action est déterminée par une intention. Cela peut
être de se protéger, d'obtenir quelque chose ou bien d'aider. L'intention est
la graine qui donnera des fruits plus tard. Le pouvoir de l'attention, sati,
nous permet de ne plus répondre de manière conditionnée en semant des graines
d'avidité et de haine. Nous sommes conscients de ce qui est sans réagir et
créer du kamma. Puisque que le kamma donne des résultats, s’il y a du
kamma, il y aura des résultats. Nous ne pouvons échapper aux conséquences du
kamma créé dans le passé, à moins de devenir Bouddha ou Arahant. Quand une personne renaît dans une autre vie, cette
renaissance est le résultat de son kamma passé. Selon l'enseignement du
Bouddha, il n'y a pas d'intervalle entre la mort et la renaissance. Une
personne peut renaître à des milliers de kilomètres ; il y a des gens morts
en Angleterre et qui ont repris naissance en Australie. Bien que la distance
soit très grande, des milliers de kilomètres, il n'y a pas d'intervalle entre
la mort et la renaissance. La renaissance suit immédiatement la mort, c'est
le résultat du kamma du passé. La mort n'est qu'un moment de la vie, le dernier moment.
En fait, la disparition d'un moment et l'apparition d'un autre moment se
produit même quand nous sommes vivants. Nous mourons et renaissons à chaque
instant de notre vie. En réalité, cette vie-ci et la prochaine vie ne sont
différentes que d'un instant. Le moment de la mort, nous l'appelons cette
vie, le moment qui suit immédiatement la mort, nous l'appelons la nouvelle
vie ou la prochaine vie, car nous utilisons des termes conventionnels. Mais
la mort et la renaissance sont simplement un moment suivant un autre moment. Par exemple une seconde après minuit le 31 décembre, nous
disons que c'est un nouveau jour, un nouveau mois, une nouvelle année. Mais
en fait, il y a seulement une seconde de différence entre l'année précédente
et la nouvelle année. Nous disons l'année dernière, l'année passée, mais en
fait, nous ne sommes qu'à une seconde de minuit. De la même façon, quand les
êtres renaissent c'est seulement un instant après la mort. L'apparition et la disparition des phénomènes physiques
et mentaux se poursuivent jusqu'à ce que l'on devienne Arahant ou Bouddha et
que l'on meurt. Jusqu'à ce moment, l'apparition et la disparition des
phénomènes physiques et mentaux continuent. Mais qu'est-ce qui renaît ? La personne qui renaît n'est ni la même personne, ni
totalement une nouvelle personne. Au moment de la renaissance, le kamma
produit un état d'esprit et quelques propriétés matérielles, et c'est cela
que l'on appelle renaissance. L'esprit et la matière qui sont produits au
moment de la renaissance ne sont pas des choses transférées de la vie
précédente. En fait, rien ne se déplace de cette vie vers la future
existence. Cependant, les résultats des actes commis dans la précédente
existence produiront des résultats dans le futur. Ils sont reliés par la loi
de causes et d’effets. Par exemple dans un collier ou dans un chapelet, il y a
des perles. Ces perles sont différentes les unes des autres et sont
distinctes aussi. Comme elles sont reliées par une ficelle, nous pensons
qu'il y a une série de perles, mais en fait, il n'y a que des perles
individuelles. De la même façon, l'esprit et la matière sont nouveaux à
chaque instant, apparaissant à chaque instant, mais il y a quelque chose
comme un lien qui traverse la succession d'apparition d'esprit et de matière
qui est la relation de cause et d'effet. Selon le Bouddha, chaque chose dans
le monde est souffrance du fait de son caractère impermanent. Pouvons-nous trouver quelque chose qui soit permanent
dans le monde ? Pouvons-nous trouver quelque chose qui apparaît seulement
et ne disparaît pas? Rien ne dure continuellement, tout a une fin, simplement
parce qu'il y a eu un début. Quand il y a un début, il y a une fin, c'est la
loi de la nature, nous ne pouvons y échapper. Nous sommes nés en tant qu'êtres humains, nous avons
commencé à vivre, mais nous ne vivrons pas éternellement. Un jour nous
mourons parce que ce sera la fin de notre vie. Quand il y a un début, il y a
une fin et quelque chose qui a commencé et se terminera ne peut pas être
permanente. Le Bouddha dit « ce qui est impermanent est souffrance ».
De même les cinq agrégats sont souffrance parce qu'ils sont impermanents. Il
ne faut pas seulement chercher à comprendre les enseignements du Bouddha, il
faut les mettre en pratique aussi. Ses enseignements sont comme des
médicaments, ils ne sont efficaces que si on les prend. Nous pouvons avoir
beaucoup de médicaments chez nous, mais si nous ne les prenons pas nous ne
guérirons pas. C'est seulement en pratiquant que nous pourrons nous
libérer de la souffrance et de toutes nos impuretés mentales. C'est pourquoi
la pratique est si importante. C'est uniquement par la pratique que nous
pourrons accomplir ce qui fut accompli par les Bouddhas et les Arahants. En comprenant ses enseignements, nous comprenons que,
quel que soit le résultat du kamma, qu'il soit bon ou mauvais, il est en fait
souffrance puisqu'il crée de nouvelles existences qui sont souffrance et
prolonge notre cycle dans le Samsara. |
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