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PAROLES DU vénérable U
JOTIKA
____________ La meilleure chose à faire est d’être attentif, d’observer son
esprit et sa vie, de voir par exemple comme on est dépendant ou que l’on
s’ennuie facilement. Peut-on s’ennuyer sans rien faire contre cela, excepté le
savoir ? Ne rien faire n’est pas facile. L’ennui est insupportable et
nous essayons de faire quelque chose pour lutter contre l’ennui car on se
sent inutile et vide. La compréhension se dévoile à ceux qui ne sont pas pressés de
comprendre. C’est comme un arbre fruitier, on ne peut pas le forcer à donner
des fruits, il faut du temps pour que les fruits mûrissent. Au lieu de fuir l’ennui, si on l’observe, on découvre une sorte
de clarté et l’esprit devient malléable, mais la plupart du temps nous
abandonnons et nous nous affairons. Quand nous sommes occupés, nous nous
sentons utiles et importants. Quand nous ne faisons rien, nous nous sentons
inutiles et avons honte. Il y a des gens qui sont fiers d’être occupés. Nous avons besoin de stimulations, de parler, lire, voyager….
pour garder l’esprit alerte, sinon il est presque endormi. Si nous pouvons
entraîner notre esprit à être constamment alerte et attentif sans aucune
stimulation, nous connaîtrons une nouvelle sorte d’énergie. Que vous soyez en retraite pour méditer ou non, il est
important d’être tout le temps attentif. Faire une retraite est utile, mais
il est nécessaire de continuer la pratique pour garder la clarté de l’esprit.
C’est comme nager, si on ne fait pas un effort continu pour avancer, on
coule. L’effort dans la méditation est comme l’effort pour faire de la
bicyclette, au début on fait trop d’efforts et on tombe, ensuite à force de
s’entraîner on apprend à faire l’effort juste pour ne pas tomber et pour
avancer. La continuité est très importante. Les pensées n’apportent pas le bonheur. Observez les pensées
sans vous y attacher, sans vouloir les rejeter ou les contrôler. Quand on les
voit clairement, elles cessent. La chose la plus importante est d’être conscient de nos
intentions et de notre propre esprit. La méditation est l’attention continue à chaque chose qui
apparaît par rapport aux six sens, du lever au coucher, et pas uniquement
pendant la méditation assise. C’est le plus grand kusala (action méritoire).
Il faut être toujours attentif. Lorsqu’on observe son esprit de près, sans vouloir être
différent, cela résout les nœuds, mais il ne faut pas observer son esprit en
voulant résoudre les nœuds, cela créerait un conflit. Il faut lire dans l’esprit. On ne peut pas apprendre en
profondeur des livres. C’est seulement en voyant l’esprit que nous apprenons
en profondeur. Par exemple, si nous pouvons être attentifs quand nous sommes
malades, nous apprendrons quelque chose de profond et d’utile. Nous verrons à
quel point nous sommes seuls et quand la mort arrivera nous serons réellement
seuls. On ne peut pas contrôler les choses. Comment contrôler les
pensées, les sentiments ? Il est impossible de contrôler l’esprit, c’est anatta (le non
soi). Il faut simplement être attentif au monologue dans l’esprit avec les
commentaires, les jugements….. sans se blâmer ou se juger. L’attention est une façon de vivre. Où que l’on soit et quoi
que l’on fasse, nous devrions le faire avec attention, sinon nous ne
comprendrons pas la vie, ni le Dhamma. C’est uniquement quand on observe l’esprit sans se sentir
coupable, sans vouloir le changer qu’on le verra clairement. Il ne faut pas
condamner l’avidité, la fierté, la colère… mais apprendre à travers elles. On ne peut pas évoluer si on ne les connaît pas très bien, si
on ne les a pas vues avec un esprit clair et compris leur véritable nature. Nous souffrons car nous nous identifions à notre corps et à
notre esprit. Si le désir, la frustration, la colère ou l’attachement
apparaissent, il faut les observer comme des phénomènes naturels, sans les
considérer comme personnels, ni essayer des les contrôler. L’identification
aux phénomènes les rend plus forts. Sans identification, ils ne sont pas
puissants. L’esprit est malicieux, il a besoin de changements, de
divertissements, de stimulations, de quelque chose de différent. Il faut voir
chaque chose qui se manifeste dans l’esprit sans vouloir que ce soit
différent, même si cela est déplaisant, laid ou indésirable (colère, désir,
doute, vanité) et voir ce qui est plaisant sans vouloir le garder, essayer de
le prolonger (calme, joie, clarté…). Quand on veut contrôler une situation c’est qu’on s’y oppose ou
que l’on désire la prolonger, alors l’esprit perd son équilibre. L’opposition est de l’aversion, s’y agripper est l’attachement,
l’observation sans implication est l’attention. Sans attention, la vie est superficielle. L’attention donne de
la profondeur et un sens à la vie. Les gens veulent être heureux, mais ils pensent que le bonheur
réside dans le plaisir des sens, obtenir ce qu’on désire, devenir quelqu’un,
avoir une position importante. Il est nécessaire de voir comment les choses affectent notre
corps et notre esprit : la nourriture, le climat, les exercices, parler,
lire, les plaisirs des sens, car chaque chose affecte le corps et l’esprit. L’esprit n’aime pas rester dans le présent, il demeure le plus
souvent dans le passé ou le futur, et il recherche constamment des
distractions : télé, radio, manger, parler, fumer, lire. Les gens
veulent aussi s’oublier, se fuir eux-mêmes au lieu de se regarder. Ils se
sentent vides. Quand on est agité, il faut simplement savoir qu’on est agité,
rien de plus. Le Bouddha n’a pas dit d’être contrarié, de se culpabiliser ou
d’être en colère pour cela, mais d’être conscient de ce qui se passe. Connaître le contenu de l’esprit est suffisant, vouloir
contrôler l’esprit entraîne frustration car il n’y a pas de contrôle :
anatta. Avoir un esprit calme et paisible tout le temps est impossible dans
la vie active. Vivons simplement notre vie attentivement. Pour être capable de méditer, il est nécessaire de ne pas être
trop occupé, de ne pas parler ou dormir beaucoup, d’être modéré avec la
nourriture, d’aimer la solitude, d’être conscient des six sens et de mener
une vie simple. La vie est pleine de difficultés, mais ne la méprisez pas car
la vie humaine est une opportunité pour apprendre, grandir et développer la
sagesse. Les choses ne seront jamais parfaites, alors mieux vaut ne pas
espérer la perfection. Nietzsche
a dit « ce qui ne me tue pas, me rend plus fort ». Quand on est
contrarié on a souvent de nouvelles pensées et donc de nouvelles possibilités
s’ouvrent à nous. La vie serait superficielle et ennuyeuse s'il n’y avait pas
de difficultés. On peut comprendre beaucoup de choses avec la psychologie, mais
cela n’apporte pas la paix et sans paix nous sommes toujours confus et
malheureux. La compréhension intellectuelle n’est pas suffisante, elle
explique et explique, les explications sont sans fin. En fin de compte, il n’y a de réelle satisfaction nulle part,
et nous pensons « je serais heureux si…. ». Chercher la
satisfaction est trouver la souffrance qui va avec. Si vous voulez le
plaisir, vous devez accepter la souffrance qui va avec. Si vous ne voulez pas
la souffrance, ne poursuivez pas le plaisir. Comprendre cela nous conduit à
lâcher prise. Les impuretés mentales rendent la vie compliquée. Sans avidité,
désir et attachement nous pouvons vivre une vie simple. La première des
choses est de comprendre profondément notre esprit. La vie est une série de changements sans finalité ni certitude.
Nous expérimentons continuellement de nouvelles façons de vivre. Quand nous grandissons,
nous devenons de plus en plus désillusionné et comprenons petit à petit qu’il
n’y a pas d’endroit parfait dans le monde, de partenaire parfait, d’ami
parfait, de professeur parfait, de moine parfait…. Rien dans le monde n’est
parfait. Nous sommes remplis de croyances, de suppositions, d’espérances
qui alourdissent l’esprit. Ce sont des fardeaux. Sans cela l’esprit est léger
et nous pouvons être plus présents à ce qui est. Beaucoup de personnes vivent leur vie sans aucune direction,
but ou sens, sans amour bienveillant et compréhension d’autrui. Elles errent
et ne vont nulle part. Elles sont perdues. Elles ne comprennent pas le sens
de la vie et la nature du samsara (cycle des naissances et des morts
successives). Le meilleur but est d’être constamment attentif. Le temps est très précieux. Nous gaspillons beaucoup de temps à
lire, parler, aller ici et là, juste pour tuer le temps. L’ennui est un grand
problème, c’est pourquoi l’activité est si importante, car l’esprit veut du
changement. |
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