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LA SOUFFRANCE
La souffrance (dukkha) est la première
des quatre nobles vérités. Elle est universelle et se manifeste sous
plusieurs formes. Ce n'est pas seulement la souffrance au sens habituel
(l'opposé du bonheur). La souffrance intègre les notions d'impermanence
(anicca) et de non-soi (anatta). La souffrance a de multiples facettes et
divers degrés d’intensité. Tout le monde l’expérimente, elle est inhérente la
vie. Par souffrance on entend les douleurs
physiques affectant les différentes parties du corps, les dysfonctionnements
physiologiques, les maladies, les traumatismes, les handicaps, les
difficultés fonctionnelles … Ce sont également tous les états
mentaux tels que la tristesse, la mélancolie, l'inquiétude, le désespoir,
l'angoisse, le mal être, la solitude, la peur … Tout un chacun a pu éprouver ces
sensations désagréables et on ne rencontre personne qui n'y soit pas
assujetti. Un autre aspect de la souffrance est dû
à l’impermanence, au changement. Cette forme de souffrance se réfère à tous
les états plaisants de satisfaction physique et mentale. On se sent bien,
puis il intervient toujours des circonstances qui font que ce plaisir est
interrompu. Il en résulte un sentiment de perte de cet état qui est
extrêmement frustrant, douloureux et déstabilisant. C'est ce changement qui
se tient toujours à l'horizon de cette plénitude qui est souffrance. Il est
dans la nature même de cette pleine satisfaction de ne pas durer, de se
dissiper et de prendre fin. La souffrance due au changement est causée par le
fait que rien n'est éternel ni ne dure. Et quand le changement intervient il
cause de la souffrance. Le bouddha dit dans le
Dhammacakkappavattana Sutta : « Voici, ô moines, la noble vérité sur la
souffrance. La naissance est souffrance, la vieillesse est souffrance, la
maladie est souffrance, la mort est souffrance, l'union avec ce que nous
haïssons est souffrance, la séparation d'avec ce que nous aimons est
souffrance, ne pas obtenir ce que nous désirons est souffrance, en résumé les
cinq agrégats d'attachement sont souffrance ». Le bouddha expose les différentes
composantes de la souffrance : 1 – la naissance 2 – la vieillesse 3 – la maladie 4 – la mort 5 – l'union avec ce qui est haï 6 – la séparation d'avec ce qui est
aimé 7 – la non-obtention de ce qui est
désiré 8 – les cinq agrégats Les cinq agrégats sont ce qui
caractérise tout être vivant, à savoir : 1 – les formes matérielles 2 – les sensations 3 – les perceptions 4 – les formations mentales 5 – la conscience Les cinq agrégats sont des agrégats
d'attachement parce qu’on a toujours tendance à considérer que chacun de ces
agrégats nous appartient, est nôtre, stable et durable. Tout être vivant a tendance à croire
que cette forme physique, cet ensemble d'éléments matériels est le moi, est
solide et durable, mais l’observation attentive par la pratique de la
méditation démontre que ceci est une illusion et que nous sommes dans
l’ignorance de notre véritable nature. Tout être vivant a tendance à croire
que les sensations sont lui, sont à lui, sont inaltérables, sont durables,
mais l’observation attentive démontre le contraire. Tout être vivant a tendance à croire
que les perceptions sont le moi, sont durables, mais, là encore,
l’observation attentive démontre que ce n'est pas le cas. Tout être vivant a tendance à
considérer que les formations mentales sont le moi qui est permanent, stable,
mais, encore une fois, l’observation attentive démontre que ce n'est que
chimère. Tout être vivant a tendance à croire
que la conscience qu'il élabore de connaître et de savoir à partir des
données du corps, des sensations, des perceptions et des formations mentales
est le « Moi », est le « Je », mais sur cet agrégat comme sur les autres, il
n'y a que variation, changement, transformation, dissipation et disparition. La souffrance est liée au fait qu'il
n'existe pas de "soi", d'individu, ou un être en tant que tel. Ce
que l'on désigne par un "être" n'est en fait qu'une combinaison
d’éléments physiques et mentaux en changement constant (les cinq agrégats). L'ignorance des principes fondamentaux
tels que, les cinq agrégats, l'impermanence, le non-soi, et notre réaction
face à ces principes créent la souffrance. En effet, ignorant ces principes,
les êtres créent toutes formes de désirs et d'attachements qui finissent
toujours par les mener à une insatisfaction perpétuelle et à la souffrance. Il existe toutes sortes de désirs et le
désir ne meurt jamais, il renaît à mesure qu'on le satisfait, provoquant
ainsi une insatisfaction perpétuelle de l'homme qui, attaché à toutes sortes
de choses en veut toujours plus. Et c'est ainsi que l'homme insatisfait de ne
pouvoir toujours obtenir ce qu'il souhaite souffre en vain. L'avidité est
causée par l'ignorance de la réalité, de l'impermanence de toute chose et à
l'attachement que l'on peut donner à ces choses. Nous faisons l’expérience d’une vie
faite de merveilleux moments et de moments difficiles. Pourtant, nous
ressentons tous une peur tapie derrière notre joie, même pendant les moments
les plus heureux. Nous redoutons que ce moment prenne fin, que nos besoins ne
soient pas satisfaits, que nous perdions ce que nous aimons ou notre
sécurité. Souvent, notre plus grande peur est la conscience qu’un jour notre
corps cessera de fonctionner. Aussi même quand toutes les conditions de
bonheur nous entourent, notre joie n’est pas absolue. Du fait qu’il n’existe aucune certitude
ou fiabilité dans ce monde, nous avons cette inquiétude permanente
sous-jacente. Nous ne savons pas ce qui va se produire dans le futur, si nous
allons souffrir ou non, que ce soit physiquement, mentalement,
matériellement, émotionnellement, affectivement… Nous pouvons être riche puis
devenir pauvre, être en couple puis seul, être en bonne santé puis malade…. Nous sommes aussi attachés au bien-être
et cherchons à accumuler le plus possible, nous voulons toujours plus, nous
ne sommes jamais satisfaits. A force de vouloir toujours plus, nous
accroissons l’avidité en nous, ce qui nous fait tomber dans des renaissances
inférieures. Il est bon de cultiver le contentement
et de voir ce que nous possédons plutôt que de voir ce que nous pourrions
posséder de plus. De cette façon nous serons heureux dès à présent. Même une
personne riche soumise à l’avidité souffre si elle ne sait pas se contenter
de ce qu’elle possède. Un autre aspect de la souffrance est
que, au fond, nous nous sentons seuls. Nous naissons seuls, nous mourons
seuls, et tout au long de la vie nous sommes fondamentalement seuls. Par
exemple quand nous sommes malades, personne ne peut prendre une part de notre
souffrance, que cette souffrance soit physique ou mentale. Il faut connaître
les causes de la souffrance pout atteindre l'état de cessation des désirs,
des attachements et s'en libérer. Le Bouddha dit : "Voici, moines, la Noble Vérité de
la cessation de la souffrance : c'est la cessation totale, sans attachement,
de ce désir même, y renoncer, l'abandonner, en être libéré." Comment être plus heureux ?
Nous n’avons pas besoin d’être riche
pour être heureux si nous savons apprécier ce que nous possédons, plutôt que
de vouloir posséder davantage. Par exemple, nous pouvons nous réjouir en
regardant la nature, le ciel, les arbres, les oiseaux, les membres de notre
famille, nos amis. Nous pouvons aussi développer la joie en appréciant de
boire un verre d’eau qui nous désaltère ou un simple repas qui rassasie notre
faim, nous donne de l’énergie et nous maintient en vie. Combien de gens sur
la planète aimeraient boire et manger comme nous le faisons ? Dès aujourd'hui, alors que nous sommes
encore en vie et que notre corps fonctionne correctement, que nos yeux
peuvent admirer le magnifique ciel, que nos oreilles peuvent entendre les
voix des êtres qui nous sont chers, il nous faut renouer le contact avec
nous-mêmes, prendre le temps de vivre et d’apprécier réellement notre vie.
Une vie vécue dans la pleine conscience peut nous offrir beaucoup de joies. Le bonheur est un état d’esprit. Il
dépend de la façon dont nous considérons les choses. Nous pouvons y accéder
dès maintenant si nous développons le contentement et savons nous réjouir de
ce que nous sommes et de ce que nous avons. La joie, la paix et le bonheur
sont en nous-mêmes. Nul besoin de courir les chercher ailleurs. Le désir est
la seconde des quatre nobles vérités, c'est-à-dire la cause de la souffrance.
En abandonnant le désir et en développant le contentement, nous pouvons être
heureux dès à présent. |
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