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LOKADHAMMA (4ème partie)
Discours du Vénérable Mahasi Sayadaw Traduit par Vipassanasangha ______________ L'Histoire de Mâgandi
Un jour le Bouddha
et les bhikkhus allèrent à la ville de Kosambhi. Une des femmes du roi
Utena, la reine Mâgandi, ordonna à de mauvaises personnes d’aller injurier le
Bouddha et ses disciples quand ils entreraient dans la ville. La raison de cette
action de la part de Mâgandi était que Mâgandi avait une rancune contre le
Bouddha. Elle était une très belle demoiselle et son père, un brahmane,
rejetait toutes les offres de mariage des fils des gens de haute classe
sociale. Il leur disait qu'ils ne valaient pas la main de sa fille. Il
cherchait un jeune marié approprié. Le Bouddha voyait
que le brahmane et sa femme deviendraient anagamis et alla près
du lieu où le brahmane faisait un somptueux festival En voyant le
Bouddha, le brahmane Mâgandi se dit : "Cet homme est
supérieur aux autres. Il n'y aura pas d’égal à lui dans ce monde. Cet homme,
ou ce moine, est digne de ma fille." Il accosta donc le Bouddha :
"Monsieur, j'ai une belle fille et je veux vous l'offrir. Voulez-vous
s'il vous plaît attendre ici ? Il alla hâtivement
chez lui. Quand il arriva à la maison, il dit à sa femme : "Je
viens de trouver un homme approprié pour être le mari de notre fille. Suis
moi avec ta fille correctement vêtue." Quand tous trois arrivèrent à
l'endroit où le Bouddha était censé attendre, ils trouvèrent seulement
l'empreinte des pas du Bouddha, qu’il avait fait exprès de laisser pour eux. C’était comme si le
Bouddha voulait que son empreinte de pas soit imprimée sur la terre.
L'empreinte de pas ne pouvait pas être effacée pendant la période qu’il avait
décidé, et aussi seuls ceux qu'il avait décidé pouvait la voir. La femme du brahmane
se tourna vers son mari et demanda : "Où est votre jeune marié ?"
Le brahmane répondit "C'est là que je lui ai demandé d'attendre.
Où est-il parti ?" Il regarda autour de lui et en indiquant l'empreinte
de pas dit "Oh, voici son empreinte de pas!" La femme du brahmane
était versée dans la pratique de dire la bonne aventure. Elle regarda
l'empreinte de pas et dit "le propriétaire de cette empreinte de pas
n'est pas quelqu’un qui aime le sexe." Le brahmane la fit taire
en disant que sa connaissance de veda (l'art de dire la bonne aventure) était
limitée, et se dépêcha de retrouver le Bouddha. Le brahmane dit au
Bouddha quand il le trouva "Seigneur-Bhikkhu, je vous offre ma
fille afin qu’elle soit à votre service." Le Bouddha ne
répondit pas au brahmane directement. Il dit : "Brahmane
Mâgandi, je vais vous dire quelque chose." Il raconta alors au brahmane
l'histoire de sa renonciation, de son accomplissement de la lumière et de son
séjour pendant cinquante jours dans sept endroits jusqu’à ce qu’il s’assit
sous l'arbre banyan Ajapâla, et aussi Mâra contre lui, les tentations de Mâra
qui ont échoué et ont déçu Mâra. Le Bouddha dit cela au couple de brahmanes
pour leur faire comprendre qu'Il n’avait plus de désir sexuel. Il voulait
aussi que le couple de brahmanes ait une compréhension claire du dhamma
et leur donna donc la réponse suivante : Disvâna tanham, aratim, raginca, Nâhosi chando api methunasmin. Kimevidam muttakarisapunnam, Pâdâpi nam samphusitum na icche. "Bien que j'ai
vu tanhâ, arati et ragà, les trois filles de Mâra, le désir sexuel n'est pas
apparu. Il n'est pas nécessaire de dire que, voyant cette fille, Mâgandi dont
le corps est rempli d'urine et d'excréments, le désir sexuel n’apparaît pas.
Je n'ai même pas envie de toucher son corps avec mon pied." Le brahmane
et sa femme qui écoutèrent cette réponse devinrent anâgamis. Ils
confièrent leur fille à son oncle, Cula Mâgandi et entrèrent dans l'ordre,
devenant rapidement Arahats. Mâgandi était
fâchée quand elle entendit la réponse du Bouddha. Elle était offensée que le
Bouddha dise que son corps était un entrepôt d'urine et d'excréments. Elle se
dit "Bien, il doit parler ainsi parce qu'il ne me désire pas. Pourquoi
a-t-il dit que je suis pleine d'excréments et d'urine ? C'est très
désobligeant." Elle continua à se dire : "Je peux obtenir un
bon mari. Alors je montrerai à Gotama ce que je peux lui faire." Son oncle l'a présenta
au roi Utena, du royaume Kosambi. Le roi fut heureux de la beauté de Magandi
et la fit reine. Il y avait déjà deux autres reines. Vasuladattâ, la fille du
roi Chandrapejjota et Sâmâvati, la fille adoptive d'un homme riche nommé
Ghosaka. Il y avait cinq cents servantes pour chacune des trois reines. Le roi donnait
quotidiennement huit kyats (monnaie birmane) à Sâmâvati pour acheter des
fleurs. L'argent était remis à son esclave Khujjuttrâ qui devait sortir
chaque jour pour acheter des fleurs. Un jour, à la maison de Sumana, la
fleuriste, il y avait une cérémonie pour le Bouddha et la Sangha. La
fleuriste demanda à Khujjuttrâ de rester plus longtemps que d’habitude pour
écouter le sermon du Bouddha après le repas. Khujjuttrâ écouta le sermon et
devint sotâpan après le sermon. Comme un sotâpan
observe strictement les cinq préceptes, Khujjuttrâ qui avait gardé quatre
kyats des huit kyats donnés quotidiennement, arrêta de le faire et acheta
huit kyats de fleurs. Quand la reine vit plus de fleurs que d’habitude, elle
demanda à l'esclave, "Pourquoi, sœur Khujjuttrâ ? Le roi vous a-t-il
donné deux fois la somme habituelle ? Khujjuttrâ dit non.
Alors la reine lui demanda pourquoi il y avait tant de fleurs. Un sotâpan
ne ment jamais et observe strictement les cinq préceptes. Khujjuttrâ qui
était alors devenue sotâpan dit qu'elle avait volé quatre kyats sur
huit et acheté seulement quatre kyats de fleurs chaque jour, mais
qu’aujourd’hui elle avait arrêté de voler. Si la reine avait
été une femme malveillante elle aurait probablement grondé la servante et lui
aurait demandé de rembourser l'argent volé. Mais la reine Sâmâvati était
conciliante et avait l’esprit d'une personne vertueuse. Elle prit en compte
le changement d'attitude et de caractère de Khujjuttrâ. La reine considéra
que la servante, qui avait compris le dhamma, avait arrêté de voler,
et dit la vérité sans crainte. Ainsi, le dhamma
que Khujjuttrâ avait compris devait être sacré et il devait être bon de
connaître le dhamma. La reine Sâmâvati dit à Khujjuttrâ : "sœur
aînée, laissez-nous s'il vous plaît boire le dhamma que vous avez
absorbé." La servante dit que si elle devait répéter le sermon, elle
devait d'abord être propre et nette. Elle demanda donc la permission de
prendre un bain et de se vêtir correctement. Elle le ferait par respect pour
le dhamma sacré qu'on lui demandait de répéter. Après avoir pris un
bain et s’être vêtue correctement, Khujjuttrâ s’assit à la place où un
prêcheur s’asseoit d'habitude et répéta le sermon du Bouddha correctement et
complètement. La reine Sâmâvati et ses cinq cents demoiselles devinrent sotâpan
après l'audition du sermon. Depuis ce jour,
Khujjuttrâ eut l’autorisation d’assister aux sermons du Bouddha. Khujjuttrâ
revenait pour répéter les sermons qu'elle avait entendus. De cette façon,
Khujjuttrâ fut celle ayant la plus grande connaissance des trois pitakas et
fut plus tard déclarée par Bouddha celle ayant la plus grande connaissance du
dhamma parmi les femmes laïques. Ayant souvent
entendu les sermons du Bouddha racontés par Khujjuttrâ, la reine Sâmâvati et
ses servantes eurent le désir de voir et d’honorer le Bouddha. Elles
demandèrent donc à Khujjuttrâ de les emmener chez le Bouddha. Khujjuttrâ
dit : "c'est presque impossible pour vous toutes de sortir du palais
(sans la permission du roi) parce que c'est la maison du roi, comme vous le
savez. S'il vous plaît creusez des petits trous dans le mur en face de la
route pour que vous puissiez toutes être capables de voir et d’honorer le
Bouddha et ses disciples allant chez un homme riche qui les a invités à
déjeuner." La reine et les servantes creusèrent des trous dans le mur,
virent et honorèrent le Bouddha et la Sangha. Un jour Mâgandi se
rendit dans la chambre de Sâmâvati et vit les trous dans le mur. Elle demanda
ce qu’étaient ces trous. Ne sachant pas que Mâgandi avait une rancune contre
le Bouddha, Sâmâvati lui dit que le Bouddha était dans la ville de Kosambhi
et qu'elles virent le Bouddha et ses disciples et les honorèrent de
l'intérieur de la chambre du palais. Mâgandi en colère se dit :
"Maintenant le Bouddha est dans la ville, je ferai ce que j'ai voulu lui
faire. Ces femmes sont les disciples de Gotama, je leur ferai quelque chose
aussi." Elle alla chez le roi et critiqua Sâmâvati, mais ses efforts ne
furent d'aucune utilité. Mâgândi donna de
l'argent à ses domestiques et leur demanda de sortir injurier le Bouddha et
de le chasser de la ville. Ceux qui n'avaient pas foi dans le dhamma
du Bouddha obéirent à la mauvaise reine. Quand le Bouddha et ses disciples
marchaient dans la ville, ces non-croyants les suivirent et crièrent toutes
sortes d’injures. Par exemple "Vous êtes un voleur, un mauvais homme, un
chameau, un taureau, un âne, un animal, celui qui ira au diable. Pour vous il
n'y a aucun paradis, il y a seulement l'enfer." C'est épouvantable.
Une fois que l'on dévie du chemin juste, les mauvais actes se multiplient.
Ces gens étaient en train d’acheter de mauvaises rétributions pour leurs
mauvais actes. En fait, ils ne gagnèrent rien. Après tant d’injures,
le Vénérable Ânandâ dit au Bouddha : "Seigneur, cette ville est
pleine de personnes non civilisées. Ils nous ont accusé sans aucune raison
apparente." Allons dans une autre ville. Bouddha demanda :
"Que ferez-vous quand vous irez dans une autre ville où les gens là
aussi nous insulteront? Où irez-vous alors ?" Ânandâ
répondit : "Seigneur, nous continuerons dans une autre
ville." Bouddha dit :
" Ânandâ, il n'est pas recommandé de changer d’endroit chaque fois que
nous sommes insultés. Tout problème doit être résolu à l’endroit où il
arrive. Alors seulement nous devons aller à un autre endroit. " Bouddha
dit qu’il avait le courage de supporter les insultes de mauvaises personnes
et ajouta : Aham nâgova sangâme, Câpato patitam saram. Ativâkyam titikkhissam, Dussilo hé bahujjano. " "De même que
le grand éléphant sur le front de bataille supporte les flèches venant de
tous les côtés, moi, Bouddha, je supporterai toutes les injures sans un
murmure. Beaucoup de gens sont mauvais dans leur action et leur parole et
sont bruts et grossiers." Beaucoup de
personnes sont incapables de contrôler leurs actions et leurs paroles, et la
plupart d'entre elles sont grossières. On peut vivre au milieu de tels gens
seulement si on peut tolérer leur mauvaise conduite. Ainsi, le Bouddha
dit : "de même que le grand éléphant sur le front de bataille
supporte les flèches venant de tous les côtés, je supporterai les
injures." Continuons dit-il à Ânandâ : "Ânandâ, ne t’inquiète
pas. Ils seront capables d’injures seulement pendant sept jours. Ils
s'arrêteront le huitième jour et la situation sera calme et paisible. Il fut
ainsi qu’il l’avait dit. C'était toujours comme cela dans les cas de
médisance contre le Bouddha. C'est pourquoi il y a un proverbe Birman
disant : "la calomnie dure sept jours, l'éloge aussi. " Des trois cas de
calomnie, accusation et injure, la raison de l'accusation de Cincamâna avait
son origine loin dans le passé. Dans le passé, le futur Bouddha Gotama avait
commis le péché d'accuser faussement un Arahat nommé Nanda, un
disciple du Bouddha Abhibhu. Ceci est dit dans le texte Pâli Apâdan. Quant à
l'accusation de Sundari, le futur Bouddha Gotama avait émis des accusations
injustifiées contre le Pacceka-Buddha nommé Surabhi. La raison
de l'accusation contre les cinq cents moines dans le cas de Sundari est que
ces cinq cents moines s’étaient joints à leur maître, le futur Bouddha
Gotama, pour émettre des accusations fausses contre un ermite nommé Bhima qui
avait atteint des jhânas. Le Bouddha a dû
supporter la campagne injurieuse de Mâgandi parce qu’il avait injurié dans le
passé une personne contre qui il ne devait pas y avoir d’injure. Les mauvaises
actions sont épouvantables, le châtiment nous suit même si on est un Bouddha,
jusqu’à la fin du samsâra. Nous devrions donc être extrêmement
attentifs à éviter les mauvaises actions. Et quand on fait face à la
calomnie, à l'accusation et à l’injure, il faut se rappeler que même le
Bouddha avait été obligé de subir la calomnie et l'avait supportée, et
essayer d’être patient pour être capable de la supporter. LE Bouddha et la souffrance Physique
La souffrance est
de deux sortes, physique et mentale. En ce qui concerne la souffrance
mentale, le Bouddha en était complètement libre. Quand il était confronté aux
déceptions, tristesses, même au danger de la mort, le Bouddha était sans
souffrance mentale. Son esprit était toujours clair. Il en est de même
pour un Arahat. Même un anâgam qui s'est débarrassé de dosa
(la colère) et des souillures mentales n'a aucune souffrance mentale. Mais
chez un anâgam restent encore quelques vestiges d'avijjâ bhava
tanha et mâna constituant des kilesâs et nous ne pouvons
donc pas dire qu'il est complètement débarrassé de la souffrance mentale.
Quant à un Ârahat, il est libéré des kilesâs et est donc libre
de la souffrance mentale. Cependant pour la souffrance physique, personne
n'en est exempt. Le Bouddha a été
obligé de supporter la souffrance physique assez souvent. Cela est confirmé
par ce que le Bouddha disait parfois de son mal de dos. Selon le texte Pali Apâdam,
le Bouddha dut souffrir de cette douleur physique parce que dans une de ses
existences précédentes Il était bagarreur et avait fait mal à un adversaire. Aussi,
quand Il était le fils d'un pêcheur, Il avait été content de voir un poisson
battu sur la tête. Donc il est dit que le Bouddha avait souvent mal à la
tête. Un jour, alors que
le Bouddha se promenait dans la montagne de Gijjhakuta, Devadatta fit dévaler
sur lui une énorme pierre. La pierre frappa la crête surplombant le Bouddha
et un éclat heurta sa jambe, lui causant une immense douleur. La raison de
cela était que dans une existence passée le futur Bouddha avait tué un de ses
cousins avec une pierre dans une dispute à propos d’une succession et aussi
lorsqu’il était roi, il avait fait tuer des criminels. Une autre fois, il
souffrit d’une diarrhée car lorsqu’il était médecin, il donna au fils d'un
homme riche un médicament qui lui provoqua une débâcle intestinale. Et aussi, d’après
le texte Pali Samyutta, le Vénérable Kassapa et le Vénérable Maha
Moggalana souffrirent d'une maladie aiguë; ainsi que le Bouddha. Mais la
maladie disparut après qu'ils aient écoutés le Bojjhanga Dhamma. Une fois encore, alors
que le Bouddha passait son 45ème et dernier séjour au village Veluva près de
la ville de Vesâli, Il souffra d'une maladie grave qui aurait dû causer son
décès s’Il ne s'était pas absorbé dans la pratique de Vipassanâ bhâvanâ.
Il évita cela parce qu'il réalisa que ce n'était pas le moment opportun pour
entrer dans le nibbâna. Il précisa cela et d’après le texte Pâli Atthakathas
(les commentaires), Bouddha s’absorba dans la pratique de Vipassanâ bhâvanâ
aussi vigoureusement qu'Il l’avait fait au moment de la réalisation de la
Bouddhéité. Aujourd'hui il y a plusieurs exemples de yogis qui,
pratiquant la méditation, ont pu conjurer les conséquences sinistres de
graves maladies. On peut dire que ces cas sont de la même nature que ceux du
Vénérable Maha Kassapa, d'autres Arahats et du Bouddha qui
surmontèrent des maladies en écoutant la récitation du Bojjhanga Sutta
et par la pratique de Vipassanâ bhâvanâ. Nous pouvons
trouver du soulagement et nous consoler dans le fait que même le Bouddha dut
faire face au Lokadham de souffrance physique. Particulièrement en cas
de maladies sévères et de longues maladies difficiles à guérir, on devrait
réfléchir ainsi : “Même le Bouddha ne put éviter le Lokadham. Qu’en
est-il pour moi alors ? Cependant, le Bouddha a souffert de souffrance
physique, mais jamais de souffrance mentale. Ainsi de même, je supporterai
afin de parer à la souffrance mentale.” Si vous pouvez vous permettre de
pratiquer la méditation, vous devriez méditer sur dukkha vedanâ
(les sensations douloureuses) en faisant une note des sensations telles
qu’elles sont au moment où elles apparaissent, sans laisser dosa et
autres négativités prendre le dessus. Un méditant expérimenté peut ainsi
supporter la souffrance et éprouver du soulagement. Le Dhamma
est la meilleure médecine pour se guérir de la grande tristesse ressentie au
moment où l’on réalise que sa fin est proche ou que même si on s’en remet, on
sera probablement diminué pour le reste de sa vie et la vie deviendra alors
inutile. Supposons que
quelqu’un souffre de maux de tête depuis longtemps et d’autant plus qu’il n’y
a pas de remède efficace contre cette maladie. Si, cependant, un traitement
est disponible, le mal de tête disparaîtra rapidement après la prise du
traitement. De la même manière, si vous n'avez pas le remède qu’est la
méditation vous souffrirez beaucoup et longtemps de la souffrance mentale. Le
Bouddha déclara : "cette souffrance qui se manifeste maintenant n'est
pas permanente, elle disparaîtra en temps utile. Ce que j'appelle "Je"
n’est après tout qu’une association de rupa et nâma qui ne sont
pas permanents mais en constant changement et cette association n'est pas
attirante et l’on ne peut se fier à elle : c'est toute la souffrance. Comme il y a un
changement constant de phénomènes dans cet assemblage, il a la nature d'anatta."
Le disciple de Bouddha fait une note de l’apparition et de la disparition des
phénomènes dans nâma-rupa et considère la nature anicca, dukkha
et anatta de ces phénomènes et ainsi connaît la réalité telle qu’elle
est. En pratiquant de cette façon, il n'y a aucune occasion pour la
souffrance mentale d’apparaître et même si elle se manifestait elle ne
durerait pas longtemps. Avec la disparition de la souffrance mentale, la
souffrance physique disparaît aussi ou peut être considérée comme ayant
disparue. Si ce n’est pas le cas, elle sera tout à fait tolérable. Si on n’est pas
enchanté par les bonnes choses de Lokadham, ni attristé par les
mauvaises choses, on est libre d'anurodha (le plaisir), et de virodha
(la déception et la douleur). Bouddha dit : " sans plaisir ou douleur
pour le Lokadhamma, le disciple de Bouddha est libre de la
renaissance, de la vieillesse et de la mort." Quand par la
méditation quelqu’un acquiert des compréhensions Vipassanâ et atteint
les quatre ariya magga ñana, quand il devient un Arahat
en atteignant le stade d'Arahatta magga phala et
expérimente l'état de nibbâna, alors il n'y a plus aucune nouvelle
existence, ni vieillesse, ni mort. En plus, comme Bouddha dit "il est
libre de l'inquiétude, de la tristesse, de la souffrance physique, de la
souffrance mentale et de la profonde détresse." Libre de toute souffrance
L’affranchissement
de toutes sortes de souffrances dont on a parlé précédemment est pour
l'existence présente. Quand on devient un Arahat et expérimente l'état
de nibbâna, toutes les souffrances disparaissent et la paix prédomine.
Bouddha fit cette déclaration en conclusion. La personne non
pratiquante : le puthujjana, ne comprend pas anicca, dukkha
et anatta parmi toutes les manifestations de Lokadham. Elle est
ravie quand elle rencontre les bons aspects de Lokadham et déprimée
quand elle rencontre les mauvais aspects. À un tel moment d'adversité elle
est submergée par lobha et dosa, commettant des mauvaises
actions (akusala) et ne peut donc pas s'échapper de la souffrance.
Quant à la personne pratiquante, elle perçoit les vicissitudes de la vie
conformément à Lokadhamma, avec une vue juste elle note la nature d'anicca,
dukkha et anatta. Elle n'est pas submergée par la joie devant
les bons aspects de la vie, ni déprimée par les mauvais aspects, ni submergée
par lobha et dosa. Elle a la chance de faire des bonnes actions
et de gagner des mérites, en particulier les mérites de la pratique de la
méditation. Ainsi dans la vie actuelle, elle est libre de la souffrance
mentale et quand elle atteindra l'état d'arahat et nibbâna,
elle sera complètement libre de toutes sortes de souffrances. La personne
pratiquante possède de telles qualités. Selon LE Mangala Sutta
Selon le Mangala
Sutta, la personne pratiquante n'est pas déstabilisée par les attaques
de Lokadhamma, alors que la personne non pratiquante est, elle,
énormément perturbée, c'est la différence significative. Bouddha dit : Phutthassa Lokadhammehi, Eittam yassa na kampati. Asokam virajam khemam, Etam mangalamuttamam. "Bien
qu'attaqué par les vicissitudes de la vie selon Lokadhamma, l'esprit
de l'Arahat, qui est un disciple du Bouddha, n'est pas déstabilisé. Il
n a aucune tristesse, il n’a aucune kilesâ (souillure), il n'a aucune
peur, cet esprit qui est libre de la tristesse, de kilesâ ou de la
peur est doté des qualités de mangala." Nous devrions tous
faire face aux attaques de Lokadham avec l'esprit stable d'un Arahat.
Si on veut supporter comme un Arahat, il faut travailler pour devenir
un Arahat. Si on ne peut pas atteindre ce stade, on doit lutter pour
le stade d'anâgam ou sakadâgam ou sotâpan. Dans ces
trois stades on ne peut pas être complètement calme, ou avoir l’esprit stable
parce que l'on n'est pas encore complètement libéré de lobha et dosa.
Cependant quand on a atteint le stade de sotâpan on connaît
suffisamment le dhamma pour que l'on puisse pratiquer Vipassanâ,
voir anicca, dukkha et anatta avec la pensée juste et
ainsi supporter les attaques de Lokadham. Même si un yogi
n'a pas atteint le stade de sotapan, il peut tolérer les attaques
jusqu'à un certain degré par la pratique de la méditation. Si le yogi
a développé sa concentration (samâdhi) et a pris conscience de la
nature distincte de rupa et de nâma et est convaincu qu'il n'y
a rien d'attirant dans ces phénomènes, ce yogi sera capable de
supporter les attaques de Lokadham au mieux. Si le yogi a
développé son samâdhi encore plus et a perçu les différents phénomènes
d'anicca, dukkha et anatta, il supportera encore mieux
et son soulagement sera plus grand. Si un développement
plus grand de samadhiñana peut être réalisé et que le yogi peut
percevoir les changements incessants des phénomènes physiques et mentaux de
l'existence avec équanimité, il aura atteint sankhârupekkhañana. Le yogi
aura alors acquis la sérénité et demeuré non agité par les bons et mauvais
aspects de Lokadham. Il n'y aura aucune joie ou douleur. Le yogi
sera capable de supporter les attaques aussi bien des bons aspects que des
mauvais aspects de Lokadham avec un esprit paisible Alors le yogi
aura la paix et la sérénité d'un Arahat, ou au moins dans une certaine
mesure. Si le yogi
développe sa compréhension par la méditation, vipassanañana, il
atteindra le stade suprême d'Arahata mâggañana et deviendra un Arahat
et sera alors doté des qualités de mangala. Nous devrions tous nous
efforcer d'atteindre ce stade suprême de stabilité mentale. Maintenant nous
arrivons à la fin du discours Lokadhamma donné pour célébrer le Nouvel
An. Puissent les personnes de cette assemblée qui ont écouté avec respect ce
discours être capable de pratiquer la patience et de supporter les attaques
de Lokadhamma pour qu'elles soient totalement éradiquées et qu’elles
connaissent le bonheur de Nibbâna ! Sâdhu! Sâdhu! Sâdhu! |
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