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SAKKAPAÑHA SUTTA (1ère
partie)
Discours du
Vénérable Mahasi Sayadaw Traduit par
Vipassanasangha ______________ Substance du Discours
Dans la littérature Bouddhiste, Sakka est le nom donné au roi
des dieux (devas) et pañha signifie question. Le
Sakkapañha Sutta est le discours sur le bien-être des êtres vivants que
le Bouddha donna au roi des devas en réponse à ses questions. Sakka demanda au Bouddha : "Seigneur, il y a des
devas, des êtres humains, des asuras, des nâgas, des gandhabbas
et beaucoup d'autres créatures vivantes. Ces êtres veulent être libres des
querelles, des conflits, de l'animosité et du malheur. Ils ne sont pourtant
pas libres de ces maux de la vie. Qu’est ce qui les empêche (samyojana)
d'accomplir leurs désirs ?" Ici, les devas à qui il est fait référence
étaient probablement les Catumahârâja et Tâvatimsa, devas que Sakka
connaissait bien. Les Asura devas étaient à l'origine les ennemis des
Tâvatimsa devas, du fait que leurs batailles étaient mentionnées dans
le Dhajagga et d'autres suttas. Autrefois ils vivaient dans
le paradis Tâvatimsa, mais, alors qu’ils étaient souls, ils furent chassés
par Sakka au pied du Mont Méru. Les nâgas sont une espèce de serpents qui peuvent
accomplir des miracles avec leurs pouvoirs psychiques. Les gandhabbas sont une sorte de Catumahârâja devas
qui excellent dans la danse, la musique et autres activités culturelles du
monde céleste. Enfin, il y a les yakkhas une sorte de démons, les
animaux, etc… Ces devas, les êtres humains et les autres êtres veulent
être libres de la haine, ne veulent pas être rancuniers, maltraiter les
autres, ni être eux-mêmes maltraités ou volés. Ils ne veulent pas devenir les
ennemis d'autres gens. En bref, toutes les créatures vivantes désirent la sécurité, la
paix, la liberté et le bonheur. Pourtant elles sont toutes plongées dans le
danger, la misère et la souffrance. Qu’est ce qui cause cette
situation ? Aujourd'hui nous entendons les appels universels pour la paix
dans le monde et pour le bien-être de l'humanité, mais en fait ces espoirs
pour un monde heureux sont loin d’être réalisés et cela soulève naturellement
la question de la cause de notre frustration. Dans sa réponse, le Bouddha a décrit la jalousie (issâ)
et l’avarice (macchariya) comme les deux faits qui mènent à la
situation malheureuse de l'humanité. Issâ est la jalousie qui produit la malveillance envers ceux qui
nous sont supérieurs et nous rend peu disposés à voir les autres aussi
prospères que nous-mêmes. Macchariya est l’avarice qui conduit à
garder ses possessions pour soi. Ces deux choses : la jalousie et
l’avarice, nous frustrent et causent des querelles, l'hostilité, le
danger et la misère. Ceux qui jalousent un homme à cause de sa prospérité, de son
influence, de ses relations ou de son statut social, seront malheureux, bien
qu’ils désirent la paix intérieure. Leur tristesse provient de leur jalousie.
Naturellement, ceux que l'on envie deviennent nos ennemis et vice versa.
Beaucoup de personnes souffrent de la jalousie qui engendre à son tour de la
souffrance dans le cycle des existences. Malgré le désir d'éviter le conflit, l’avarice y mène. On
s’irrite si quelqu’un prend ou utilise nos biens propres. On en veut parfois
même à nos proches, c'est évident dans le cas de couples mariés. L’avarice
mène à l'hostilité, au danger, à l'inquiétude et à la misère. Pour résumer la réponse du Bouddha, les causes premières de la
jalousie et de l’avarice sont les objets des sens que nous aimons ou n'aimons
pas. Le remède est d’observer tous les phénomènes provenant des six sens,
d’éviter les pensées malsaines et d’avoir seulement des pensées saines. Ceci est la substance du discours. Maintenant quelques mots au
sujet de l'introduction du discours. Introduction au Discours L'introduction à un discours nous dit où, pourquoi, à qui et
par qui a été donné le discours. Cela sert à établir l'authenticité des
enseignements du Bouddha. Sans cela, l'origine d'un discours soulève des
questions, comme dans l'Abhidhamma Pitaka, qui n'a pas une telle
introduction. L'Abhidhamma a été prêché par le Bouddha dans le paradis Tâvatimsa. À ce
moment-là, le Bouddha allait quotidiennement dans la forêt de l'Himalaya pour
se reposer la journée, laissant au Nimmita Bouddha le soin de
continuer son enseignement régulier. Le Bouddha donnait au Vénérable
Sâriputta un résumé de l'Abhidhamma qu'il avait prêché le jour-même,
et le chef disciple à son tour le prêchait aux cinq cents moines. L'Abhidhamma
est attribué au Vénérable Sâriputta, mais ainsi qu’il est dit dans les
commentaires, puisqu’il l'avait entendu du Seigneur, c'est l'enseignement du
Bouddha. L'Abhidhamma Pitaka n'a aucune déclaration d'introduction
comme "Evam me sutam : Ainsi ai-je entendu" et,
selon les commentaires, certains ne l'ont pas accepté comme le réel
enseignement du Bouddha. Pour que la postérité ne puisse avoir aucun doute sur
l'authenticité des enseignements du Bouddha, la plupart de ceux inclus dans
le canon du Premier Concile Bouddhiste ont des introductions basées sur les
questions et les réponses des doyens de l'assemblée. Les exceptions sont le
Dhammapada et quelques autres discours. L'introduction au Sakkapañha Sutta est superbe, elle
rend le discours impressionnant et met en évidence la substance des
enseignements du Bouddha. Pour enregistrer un événement si important, le Vénérable
Mahâkassapa a demandé au Vénérable Ânanda où, à qui et pourquoi le discours a
été prêché et le Vénérable Ânanda répondit comme suit. Une fois le Bouddha demeurait dans une grotte à l'est de la
ville de Râjagaha dans le pays de Mâgadha. À ce moment-là Sakka cherchait à
voir le Bouddha. Il avait vu le Seigneur la veille de son éveil suprême et
une autre fois dans le Monastère Jetavana à Sâvatthi, mais comme il n'était
pas alors encore mûr spirituellement, le Bouddha ne lui avait pas accordé
d’entrevue. Cette fois-ci, Sakka avait décidé de voir le Seigneur accompagné
par sa suite de devas, parce qu'il espérait entendre un discours que
le Seigneur pourrait prêcher à quelqu'un parmi ses disciples qui était digne
de libération. Cependant, c'était en grande partie sa crainte de la mort qui
avait réveillé son fort désir de voir le Bouddha. Étant conscient que la fin
de sa vie approchait, il était anxieux et cherchait quelque chose pour son
salut. Quand un deva est sur le point de décéder, cinq
signes apparaissent :
Ayant vu ces cinq signes, Sakka réfléchit sur sa mort imminente
et devint déprimé. Pour surmonter sa dépression, il décida de voir le
Seigneur et d’écouter le Dhamma. Par conséquent, il apparut instantanément
près de la résidence du Bouddha, avec sa suite de devas. Selon les commentaires du Visuddhimagga, il ne
fallut à Sakka et à ses disciples pas plus de temps qu’il ne faut pour
étendre ou plier une main pour qu’ils arrivent du plan céleste Tâvatimsa à
Mâgadha. Comme le Mahatika dit "les phénomènes qui naissent dans un
endroit disparaissent au même endroit, ils ne vont pas à une autre
place." Le méditant qui observe les mouvements quand il se penche et
s'étire selon la méthode Satipatthâna est conscient de la disparition
des phénomènes plusieurs fois dans un instant. De même que les phénomènes
physiques et mentaux apparaissent et disparaissent immédiatement, les
devas atteignirent Mâgadha à cause du flux successif d'esprit et de
matière en une fraction de seconde, en raison du pouvoir divin
(kammajiddha) qui donne une vitesse aux devas beaucoup plus grande
que celle de fusées modernes ou d’un vaisseau spatial. Sakka voulait avoir la permission du Bouddha pour lui rendre
visite. Il dit donc à Pañcasikha deva d'aller voir si le seigneur
était disposé à l'accueillir. Dans la déclaration de Sakka est employé le mot
"pasadeyyâsi" qui signifie littéralement "rendre quelqu’un
gai". Selon les commentaires, cela signifie satisfaire une personne et
chercher son consentement. C'est une expression Pâli que les Indiens de l’époque
utilisaient pour parler poliment. C'est quelque peu comme la maxime du chacal
à l'éléphant dans le Hitopadesa sanscrit. Le chacal dit
"Mon seigneur ! Faites avec bonté vos yeux clairs" ce qui
signifie " Avec bonté aidez-moi ou faites-moi la faveur." Donc, conformément à la demande de Sakka, Pañcasikha alla à la
résidence du Bouddha. Se tenant respectueusement à une distance appropriée du
seigneur, il joua de la harpe et chanta des chansons au sujet du Bouddha, du
Dhamma, de la Sangha et d'Arahants. Le Bouddha n'aurait pas approuvé la façon du deva de
l'honorer avec des chansons et de la musique, pas plus qu'il n’aurait
approuvé certaines pratiques birmanes modernes Bouddhistes, comme la
récitation mélodieuse d'écritures saintes Pâli, les grands festivals de
pagodes, le meurtre de tas d'animaux pour l'alimentation des célébrations et
autres pratiques qui desservent la religion Bouddhiste. Cependant, le Bouddha
ne dit rien car il savait que beaucoup de personnes profiteraient de son
dialogue avec Sakka. Certaines chansons de Pañcasikha avaient un caractère sensuel,
car elles décrivaient son engouement pour une belle déesse qui l'avait
presque rendu fou. Sa frustration montre que le monde des devas
ne garantit pas l'accomplissement de tous les désirs et que la vie d’un
deva n'est pas toujours « un lit de roses ». Ses chansons
contenaient aussi des références au Bouddha, aux Arahants et aux bonnes
actions qu’il avait faites sur terre. Il parlait du bodhisatta qui est
toujours attentif, absorbé en jhâna et l’esprit tourné vers nibbâna. Ici jhâna signifie observation et l'objet qui est observé peut
être l'objet de concentration, ou cela peut être la nature de l’esprit et du
corps tel que l’impermanence, etc. Après avoir abandonné
l'auto-mortification, le bodhisatta a recouru à des exercices basés sur la
respiration et a atteint un jhâna. Ces pratiques jhâniques sur un unique
objet d'attention peuvent durer deux heures. Par le pouvoir de ce jhâna, le bodhisatta s’est remémoré ses
précédentes existences (pubbenivâsañana) en étant assis sous
l'arbre Bodhi dans la première partie de la nuit. A minuit, il a
atteint l’œil divin (dibbacakkhu), qui lui a permis de voir la mort et
la naissance de tous les êtres dans l'univers. Dans la dernière partie de la
nuit, le bodhisatta a médité sur l'origine dépendante et a atteint la
compréhension de l’apparition et de la dissolution de l’esprit et de la matière
en voyant, entendant, etc. Cette attention constante de la nature de
l'existence est une marque de sagesse mature, mais Pañcasikha deva ne
semblait pas le savoir. Il savait seulement que le bodhisatta méditait
constamment, l’esprit tourné sur amata ou nibbâna. Le mot Amata
vient du Sanscrit amrita, qui signifie le fait d'être immortel et
ainsi Amata se réfère à l'immortel ou nibbâna. Questionné par le Bouddha quant à l'origine de ses chansons,
Pañcasikha répondit qu'il les avait composées pour chanter la sérénade à sa
déesse bien-aimée. La déesse fut si enchantée par ses chansons au sujet du
Bouddha qu'elle lui permit de passer un jour avec elle, une faveur qu'elle ne
lui accorda pas de nouveau. Éperdu et frustré pour son amour non réciproque,
le deva donna libre cours à ses sentiments dans ses chansons. Ici,
le deva n'était pas différent d’une personne ordinaire qui est si
dépassée par le désir qu'elle ne peut pas penser rationnellement. Une fois, le disciple d’un célèbre Sayadaw quitta l'Ordre Saint
pour une affaire de femme. Les disciples du Sayadaw blâmèrent le couple mais
il leur dit : "Vous ne devriez pas les blâmer. Ils ont été pris par
la force de leur désir. Donc, vous devriez blâmer leur désir". C'est en
effet un enseignement réaliste. Quand le deva rendit hommage au Bouddha de la
part de son maître, le seigneur souhaita le bonheur à Sakka. Le Bouddha fit
ce souhait parce que tous les êtres veulent le bonheur et c'était la façon de
bénir ceux qui l'honoraient. Quand Sakka avait exprimé son adoration pour le
Bouddha à travers le deva il n’y avait pas de demande, mais,
par les mots Pâli "abhivadeti abhivandati vandati" nous
devons comprendre qu'il s'attendait à être assuré d’être heureux. Autrement
dit, il espérait que le Bouddha dirait : "Puisses-tu être
heureux !" Le Bouddha bénissait d'autres dévots de la même manière. Cela
nous donne matière à réfléchir sur la pratique moderne de donner de
nombreuses bénédictions en récompense à une simple dévotion. Le dévot prie
pour beaucoup de choses mais sa prière est souvent en désaccord avec la
grande bénédiction du moine qui officie. En fait, il n'est pas nécessaire pour le dévot de dire quoi que
ce soit de plus que l’hommage aux trois joyaux (tiratana). Non pas
qu'il n’y ait pas des choses pour lesquelles vous ne devriez pas prier, mais
il ne devrait y avoir aucune incongruité entre la prière et la bénédiction.
Puisque le moine mentionne en général tous les bénéfices qui s'accumulent
pour celui qui fait une bonne action, tout ce qu'il ou elle doit faire est
d’exprimer le désir de les obtenir. En rendant hommage au Bouddha, Sakka n'a prié pour rien, mais
il a été assuré des bénéfices dus comme mentionné dans les mots,
"Abhivâdanasîlissa, niccam vuddhâpacâyino, cattâro dhammâ vaddhanti, âyu
vanno sukham balam." Il est bien pour des dévots de prier pour la longévité, la
santé et la sécurité et le moine devrait les bénir en conséquence. Il ne
devrait pas agir comme s'il décrétait l'accomplissement de leurs vœux, mais
seulement comme quelqu'un y contribuant. Puis Sakka et ses disciples vinrent rendre hommage au Bouddha.
Sakka dit que malgré son désir ardent de voir le seigneur, il avait été
incapable de le faire à cause de préoccupations avec des devas. Il
narra au seigneur son expérience de ce qu'il avait entendu précédemment. Il
était dit que la population des devas augmentait quand un Bouddha
apparaissait et il avait constaté que c'était vrai. En suivant les
enseignements du Bouddha du Dhammacakkappavattana Sutta,
certains avaient observé les cinq préceptes, certains avaient donné l'aumône
et la plupart d'entre eux avaient atteint le monde des devas
après leur mort. Et ceux qui avaient au minimum la foi dans le Bouddha
avaient été assurés de renaissance dans le monde des devas.
C'était le point de vue que le Bouddha ne rejetait pas quand il était exprimé
par un brahmâ. La foi dans le Bouddha signifie la foi dans le Dhamma et dans
la Sangha et cela assure la protection d’une renaissance dans les mondes
inférieurs. De plus, même donner l'aumône aux disciples du Bouddha apporte
plus de résultats kammiques qu'un autre acte de générosité. Ainsi, un
deva qui, en tant que disciple du Bouddha, avait donné une cuillerée de
riz à un Arahant dans son existence précédente, était plus puissant qu'un
autre deva qui, quand il était sur terre, avait alimenté des tas des
gens par charité pendant de nombreuses années. Il y a environ 100 millions de personnes dans la vallée du
Gange, le berceau du Bouddhisme, environ 80 millions de personnes pourraient
avoir été Bouddhistes. À part les Arahants et les Anâgâmi, un
grand nombre de ces Bouddhistes pourrait avoir atteint le monde des
devas. Cela représente probablement l'augmentation de la population des
devas de ce temps là. Sakka continua à relater l'histoire de Gopaka. Une princesse de
la ville de Sâvatthi nommée Gopaka était pleine de foi dans le Bouddha et
observait strictement les cinq préceptes. Elle détestait la féminité et
préférait être un homme. Ainsi, après sa mort elle est devenue le fils de
Sakka et a été appelée Gopaka. Un jour, Gopaka vit trois gandhabbas venus pour
distraire Sakka. Il découvrit qu'ils étaient autrefois trois moines que Sakka
avait soutenus. Il se demanda pourquoi ils s’étaient réincarnés dans la
classe inférieure des devas malgré leur dévotion pour la voie sainte
dans leurs vies précédentes, tandis que lui-même, une femme ordinaire dans
son existence passée, était devenu le fils de Sakka en vertu de sa foi et de
sa moralité. Les trois gandhabbas se sont alors rappelés de leurs
vies passées et se sont rendus compte que leur renaissance dans la classe
inférieure des devas était en raison de leur désir pour le monde des
gandhabbas. Deux des devas pratiquèrent la méditation et
atteignirent le stade d’Anâgâmi en un instant. L'autre deva
fut cependant incapable de surmonter son attachement sensuel et resta donc
dans sa vie inférieure. Ici, la renaissance en gandhabba, résultant de
l'attachement à une ancienne vie de la même sorte, est particulièrement
remarquable. Les gens vont probablement se réincarner dans leur ville natale
et dans l'environnement qui a une influence particulière sur eux. Les trois
moines mentionnés ci-dessus ne sont pas une exception à cet égard. Le roi
Bimbisâra qui adorait le Bouddha et avait donné volontairement l'aumône à la
Sangha pendant 37 ans, est devenu un subalterne d'un Catumahârâja deva
après sa mort. Il aurait pu atteindre un plus haut monde de devas,
si ce n’est à cause de son attachement lors des vies précédentes. Cela ne
fait aucun doute qu’il est nécessaire de surmonter l'attachement à sa ville
natale. Les deux devas ont atteint le jhâna parce qu'ils se sont
remémorés le Dhamma qu’ils avaient pratiqué dans leurs vies précédentes et
ils ont atteint le stade d’Anâgâmi du noble chemin par la
méditation. Vous ne devez pas être découragés par le manque de succès dans
la méditation car l'effort persistant conduira à la renaissance chez les devas.
Là-bas, vous êtes assurés d'expériences spirituelles inhabituelles si vous
vous rappelez et continuez à pratiquer le Dhamma. Comme un discours dans
l'Anguttaranikâya dit, le corps physique d’un deva est pur
et radiant et le Dhamma devient clair pour le deva qui a pratiqué dans
sa vie précédente. Cela peut prendre du temps pour s’en souvenir, mais le
souvenir est immédiatement suivi par l'accomplissement de la compréhension de
la réalité. Certains peuvent l'oublier à cause du plaisir céleste, mais en
tant que devas ils sont physiquement et mentalement alertes, et une
fois qu'ils tournent leur esprit vers le Dhamma par la réflexion ou par des
discours, ils comprennent et atteignent la compréhension très vite. Si les
méditants qui luttent pour l'expérience spirituelle ne l'acquièrent pas dans
cette vie, ils l'auront certainement dans le monde des devas. Comme le monde des devas est plein de plaisirs
sensuels, ceux qui ont atteint le stade d’Anâgâmi ne peuvent pas
rester là et donc ils vont dans le monde des brahmâs
immédiatement. Pour Sakka, la transformation des deux devas dans le
plan des brahmâs sous ses yeux fut très impressionnante. Quand il
entendit l'explication de Gopaka, il voulut partager leur expérience
spirituelle. De plus, les signes de sa mort imminente avaient alimenté son
désir de la vie d’un brahmâ. S'il écoutait le Dhamma, il
pourrait avoir une meilleure vie future même s'il n'atteignait pas de
compréhension spirituelle. Écouter le Dhamma est en effet la meilleure chose
qu’un deva puisse faire sur son lit de mort. La Question de Sakka et la Réponse du Bouddha Tout d'abord Sakka demanda la permission au Bouddha de lui
poser des questions. Il est coutume pour un être hautement cultivé de
demander la permission avant de demander quelque chose. Donc, Sakka posa la
question suivante : "Seigneur ! Toutes les créatures vivantes veulent
être libres de la colère et de la malveillance. Elles ne veulent pas se
disputer ou être maltraitées. Elles prient pour avoir le bonheur, la
sécurité, la paix et la liberté. Et pourtant elles ne sont pas libres du
danger et de la souffrance. Quelle est la cause de cette situation ?" Le Bouddha répondit : "Oh, Roi des
devas ! Toutes les créatures vivantes veulent le bonheur, la
sécurité, la paix et la liberté. Et pourtant elles ne sont pas libres de la
haine, des conflits, du danger et de la souffrance. Cette malheureuse condition
est en raison de la jalousie (issâ) et l’avarice (macchariya)." La jalousie est l'aversion pour la prospérité et le bien-être
d’autrui, qui rend malveillant et destructeur. Ces désirs malveillants pour
ceux qu’on envie mènent à la souffrance dans le présent et le futur. Dans le
monde la jalousie cause beaucoup de souffrances. La personne envieuse a
horreur de voir les gens heureux ou prospères. La caractéristique de la
jalousie est le ressentiment vis-à-vis du bien-être des autres, sa fonction
est de rendre la personne envieuse malheureuse et sa manifestation est de ne
pas regarder la prospérité d'une autre personne. Celui qui est dominé par la jalousie ne veut pas voir une autre
personne prospère, couronnée de succès, belle, instruite ou promue à un haut
rang social. La jalousie est un mal qui ne profite d'aucune façon à la
personne qui l'héberge. C’est un sol fertile pour un mauvais kamma qui rend
malheureux. Si un homme puissant chercher à ruiner la personne qu'il envie,
cette personne deviendra son ennemi et elle pourra se venger. Même s'il n'y a
aucune vengeance, cet homme en souffrira sûrement dans une prochaine vie. Le Cûlakammavibhanga Sutta résume les conséquences
kammiques de la jalousie comme le fait d'être impuissant et de manquer
d'influence. Certains ne veulent même pas entendre parler de la bonne fortune
d'autrui : sa richesse, son intelligence, sa bonne santé, son éloquence
et sa popularité et donc ils disent ou font des choses qui sont nuisibles à
l'intérêt de l'autre personne. La propagande est motivée par la jalousie. La
personne dominée par la jalousie souffrira en enfer pendant de nombreuses
années et après, si elle se réincarne dans le monde humain, deviendra une
personne de basse classe avec peu d’amis et sans réputation. D'autre part, celui qui se réjouit de la bonne fortune des
autres est doté de bienveillance. Il est heureux quand il voit ou entend
parler de la prospérité des autres et il aide à promouvoir le bien-être
d'autrui autant que possible, cultivant ainsi beaucoup de bon kamma. Il
atteint le monde des devas après sa mort où il mène une vie
heureuse, et à son retour dans le monde humain il est puissant et entouré
d’amis. Ainsi, ceux qui veulent prospérer dans cette vie et dans les
vies futures devraient surmonter la jalousie et cultiver la joie
compatissante (muditâ). Autrement dit, ils devraient se réjouir du
bien-être d'autres gens. L’avarice (macchariya) Macchariya est l’avarice qui conduit à garder ses biens pour soi. C’est
ne pas vouloir partager avec d'autres les objets de son attachement. Elle est
caractérisée par la possessivité extrême. Elle porte sur cinq points :
La première
catégorie d’avarice peut être trouvée parmi quelques moines qui ne veulent
pas voir d'autres moines de bonne moralité demeurer dans leur monastère. Un
moine peut ne pas vouloir que ses disciples donnent l'aumône à d'autres
moines. De tels moines envieux, à cause de leur malveillance, devront subir
beaucoup de souffrance après leur mort. Vanna-macchariya est le désir de posséder exclusivement une qualité spéciale,
comme la beauté physique, et en vouloir à ceux possédant la même qualité.
Cela peut mener à la laideur comme conséquence kammique. Dhamma-macchariya signifie envier une personne pour ses connaissances ou garder
ses connaissances pour soi. Ce macchariya peut conduire à devenir bête
ou idiot dans des vies futures. Ainsi, l’avarice rend un homme malheureux, pauvre, seul et
sujet à une grande souffrance après la mort. Âvâsa-macchariya concerne en grande partie les moines (bhikkhus). C'est
la tendance à considérer un monastère comme sa résidence privée. Pour les laïques
c'est la tendance à avoir une attitude semblable quant aux endroits religieux
publics comme des temples, des centres de méditation etc. Kula-macchariya concerne les moines qui ne veulent pas que leurs disciples
aient des relations proches avec d'autres moines. Quelques moines interdisent
à leurs disciples de voir d'autres moines ou d’écouter leurs discours. Lâbha-macchariya est le désir pour quelques moines d’avoir le monopole
d'aumônes et ne pas les dédier à d'autres bons moines. Comme exemple de la
souffrance samsârique liée à ce mal, voici l'histoire de Losakatissa. A l’époque du Bouddha Kassapa un moine vivait dans un village
et dépendait d'un disciple pour les nécessités de la vie. Un jour un autre
moine arriva et s’installa dans son monastère. Craignant que le respect de
son disciple pour le nouveau venu soit une menace à sa sécurité, le moine
essaya de se débarrasser de son invité. Quand le disciple les invita à déjeuner, il y alla seul et sur
son chemin de retour il jeta dans un fossé l'alimentation offerte pour le
nouveau moine. A sa mort il souffrit pendant plusieurs éons en enfer, puis il
reprit naissance dans le monde animal où il dut souffrir d’une très grande
faim pendant longtemps. Dans sa dernière existence, il se réincarna en pêcheur dans un
village du Kosala. Quand il naquit, le malheur frappa ses parents et les
villageois. Tourmentée par la faim, sa mère fut si désespérée qu'elle
l’abandonna tandis qu'il était en train de mendier. Le Vénérable Sâriputta vit l'enfant affamé. Pris de pitié, il
emmena l’enfant dans son monastère où, quelques années plus tard il devint un
bhikkhu. Il fut appelé Vénérable Losakatissa parce qu'il était si malchanceux
qu'il n'obtenait jamais un bon repas même à une grande fête. Ce qu'il
obtenait était à peine suffisant pour le maintenir en vie. Cette mauvaise action kammique le suivit même quand il atteint
le stade d'Arahant. Peu de temps avant son parinibanna, le Vénérable
Sâriputta l'emmena à Sâvatthi pour s'assurer qu'il ait un repas approprié le
dernier jour de sa vie. Il est dit qu'il n'y avait personne pour offrir de la
nourriture au moine et que le Vénérable Sâriputta envoya son compagnon dans
une maison pour se reposer. Des disciples offrirent de la nourriture qu’il
fit envoyer à Losakatissa, mais les hommes chargés d’offrir la nourriture la
mangèrent en cours de route. Donc, le Vénérable Sâriputta dû lui-même
apporter l'alimentation et tenir le bol tandis que le Vénérable Losakatissa
mangea son dernier repas. C’est de cette façon que le Vénérable Losakatissa
prit son dernier repas et décéda le jour même. Cette histoire ne laisse aucun doute sur les épouvantables
conséquences kammiques de l’avarice. De nombreuses avarices affligent les
gens, comme par exemple lâbha-macchariya : ceux qui cherchent à
garder le monopole dans les affaires ; vanna-macchariya :
ceux qui ne reconnaissent pas les bonnes qualités des autres ; et
dhamma-macchariya : ceux qui ne veulent pas partager leurs
connaissances avec d’autres. La déclaration du Bouddha attribuant le malheur de l'humanité à
la jalousie et à la malveillance était vraiment appropriée à Sakka, puisqu'en
vue de sa fin prochaine, il était malheureux à l’idée que ses femmes
tomberaient dans les mains de son successeur et à la pensée de ce dernier lui
succédant. Ainsi, il comprit la vérité par la réponse du Bouddha et posa une
autre question. |
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