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SAKKAPAÑHA SUTTA

(3ème partie)

 

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Discours du Vénérable Mahasi Sayadaw

Traduit par Vipassanasangha

______________

 

 

 

Équanimité Saine et Malsaine

 

        Upekkhâ (l’équanimité) est une sorte de neutralité, qui n'est ni joie, ni douleur. Elle apparaît plus souvent que les autres sentiments, car la joie et la douleur sont des états occasionnels de conscience, mais on s’en aperçoit seulement quand la concentration est forte. De même l’équanimité est de deux sortes : l’équanimité saine qui mène aux bonnes actions et l’équanimité malsaine qui mène à de mauvais actes. Le Sutta Salâyatanavibhanga mentionne six types d’équanimité qui résultent des six sens.

 

        L’équanimité malsaine, qui résulte de personnes ignorantes et confuses, est appelée gehasita-upekkhâ. Nous ressentons de la joie en voyant un objet plaisant et de la douleur en voyant un objet désagréable, mais nous avons aussi des sentiments neutres, qui ne sont ni bons, ni mauvais, quand nous voyons des gens ou des objets familiers. Par exemple, nous ne ressentons ni plaisir, ni mécontentement quand nous voyons un arbre ou une pierre.

 

        L’équanimité malsaine se trouve chez les êtres ordinaires (puthujjana), qui diffèrent des Ariyas, ou des gens évolués (kalyâna puthujjana), qui sont conscients du caractère impermanent, etc. Cet état de conscience se trouve chez les personnes ignorantes qui ne connaissent pas la nature réelle des objets des sens, à cause de leur manque d'attention. En conséquence, elles restent inconscientes du caractère impermanent et sont dans l'illusion que tous les phénomènes sont permanents et bons.

 

        Les commentaires donnent plus de détails au sujet de la personne ignorante qui est soumise à l’équanimité malsaine. Elle n'est pas un Ariya ayant atteint le stade de sotâpanna qui est la conquête sur les souillures menant aux mondes inférieurs ; ou au stade de celui qui reviendra une seule fois (sakadâgâmi) qui apporte la liberté par rapport aux désirs des sens et à la malveillance ; ou au stade de non-retournant (anâgâmi) qui signifie l'élimination totale de ces deux souillures. Les êtres qui souffrent de l’équanimité malsaine n'appartiennent pas à un de ces trois types d’Ariyas parce qu’ils n’ont pas supprimé ces souillures.

 

        La personne ignorante n'est pas non plus une personne qui a neutralisé les effets du kamma. C'est seulement l'Arahant qui peut surmonter les effets kammiques comme la renaissance, etc. Ces deux attributs négatifs, à savoir : être toujours enclin aux souillures et être toujours soumis à la loi du kamma, montrent que l’équanimité malsaine existe seulement chez les non-ariyas : les puthujjanas. Par puthujjana les commentaires désignent la personne ordinaire qui est exempte de la compréhension de la vérité et de la connaissance de la réalité.

 

        La personne ordinaire est décrite comme une personne qui ne voit pas les méfaits de l'illusion (moha). Du fait de son manque d'attention, elle ne comprend pas la vérité, et elle est dans l'illusion d'un ego permanent. Cette illusion la conduit à rechercher des désirs agréables, à l'attachement et à faire des efforts pour satisfaire ses désirs. Ces efforts provoquent à leur tour un bon ou un mauvais kamma, aboutissant à la renaissance, qui conduit à la vieillesse, à la maladie, à la mort et à toutes les autres souffrances.

 

        La personne ordinaire ne voit pas les dangers de l'illusion et elle n'a pas non plus la connaissance. La connaissance est de deux sortes : la connaissance de l'enseignement du Bouddha par des discours, etc… et la connaissance empirique acquise par la méditation et la compréhension du chemin. Ces deux sortes de connaissances sont étrangères à la personne ordinaire, elle a donc l'équanimité née de l'illusion.

Les objets des sens ne causent ni joie, ni douleur en elle mais elle reste néanmoins prise dans le monde des sens. De là le terme gehasita-upekkhâ. Geha signifie la maison des sens. Autrement dit, la personne ordinaire ne dépasse pas le monde phénoménal ou le monde des sens et reste ainsi aveugle à sa nature réelle : son caractère impermanent et ses autres caractéristiques.

 

        Les commentaires du Sakkapañha Sutta expliquent l'équanimité saine en détails sur la base de ce qui est dit dans le Sutta Salâyatanavibhanga. L’équanimité saine ou équanimité orientée vers la renonciation est appelée nekkhamasita-upekkhâ et est de six sortes, dépendant des six sens. Le méditant qui est attentif à la disparition de tous les objets des sens se rend compte que chaque phénomène est sujet à l’impermanence, à la souffrance et à la dissolution. Cette compréhension de la réalité le mène à un sentiment d'équanimité qui l'aide à dépasser le monde des sens et le libère de l'attachement. Il est alors équanime face aux objets des sens tant agréables que désagréables.

 

        Pour le méditant qui est attentif et qui a développé la concentration, tout apparaît seulement pour disparaître immédiatement. Les textes soulignent en général ce fait en premier lieu en se référant aux objets visuels, mais en pratique, le contact avec les objets et la pensée sont surtout apparents.

 

Si, pendant que le méditant est attentif à la montée et à la descente de l'abdomen, une pensée apparaît, elle disparaît immédiatement quand il concentre son esprit sur elle. Avec le développement de la concentration, le méditant prend conscience de la montée et de la descente de l’abdomen séparément et ensuite il prend conscience de la disparition de la montée et de la descente par segments. À cette étape de la compréhension de la dissolution (bhanga ñana), il voit l'abdomen, les mains, etc…, non comme des choses solides, mais comme des phénomènes qui disparaissent sans cesse et instantanément.

 

        La dissolution incessante des phénomènes devient plus apparente avec le développement de bhanga ñana et le méditant comprend la loi de l’impermanence. Connaissant la nature de l’esprit et de la matière tels qu’ils sont réellement, il ne sent ni joie, ni tristesse, mais est simplement conscient des objets des sens. Cette conscience passagère mène à l’équanimité, qui est plus manifeste quand la connaissance de la dissolution et la connaissance de l'équanimité (sankhârupekkhâ ñana) illuminent l'esprit.

 

        À ces stades du chemin, le méditant n’est ni content, ni mécontent à la vue d'objets plaisants ou désagréables. Il est au-dessus de l’attachement en ce qui concerne ce qu’il voit, les sons, etc.. et son équanimité est au-delà du monde des sens. En fait c'est la liberté et le but de la pratique de la méditation Vipassana.

 

        Le méditant devrait rechercher cette équanimité saine, orientée vers Vipassana. Cela est d'abord expérimenté au stade avancé des apparitions et disparitions et est plus prononcé au stade de l'équanimité (sankhârupekkhâ ñana). Selon le discours, l’équanimité est de deux sortes : l'équanimité avec la pensée discursive et l'équanimité sans une telle pensée. En réalité toute équanimité qui se manifeste pendant l’observation implique la pensée discursive. Cependant, l'équanimité qui surgit en observant la première conscience jhânique sensuelle est appelée l'équanimité avec la pensée discursive, alors que celle qui se manifeste tandis qu'absorbé dans le second état jhânique est appelée l'équanimité sans pensée discursive. Des deux sortes d'équanimité, celle sans pensée discursive est supérieure.

 


La Renaissance de Sakka

 

        En fait, l'objectif principal de la pratique de la méditation Vipassana est de chercher et de cultiver l'équanimité qui est associée à la compréhension de l'équanimité. À cette fin, nous devrions éviter la joie des sens et nous devrions chercher la joie saine dans les bonnes actions et dans la méditation. De même, nous devrions accueillir la douleur saine résultant de nos efforts frustrés sur le noble chemin et nous devrions éviter la douleur malsaine. De la même façon, nous devrions éviter l'équanimité malsaine du monde sensuel et chercher l'équanimité saine du noble chemin.

 

L'accent est mis sur l'aspect positif de la pratique. Autrement dit, nous devrions nous concentrer sur la joie saine, la douleur saine et l'équanimité saine, parce que la culture de ces états sains de conscience signifie l'élimination de leur aspect négatif, c'est-à-dire de leurs contreparties malsaines.

 

        Nous devrions aussi éliminer la douleur saine par la joie saine. Cela signifie que si nous sommes déprimés à cause de notre échec à faire beaucoup de progrès sur le noble chemin, nous devons surmonter cette dépression en faisant plus d'efforts pour atteindre les compréhensions de la méditation Vipassana. De même, la joie saine doit être remplacée par l'équanimité saine, car cette équanimité saine ou Vipassana est le summum de la vie sainte.

 

Cependant, la joie atteinte dans la méditation Vipassana ne doit pas être complètement rejetée parce que cette joie forme la base pour les trois premiers chemins jhâniques et leurs réalisations. De plus, le méditant qui n'atteint pas de jhâna ne peut pas atteindre le quatrième chemin jhânique, qui est le chemin de l'équanimité. Il peut atteindre seulement les trois premiers jhânas avec la joie. Il atteint en général le chemin et sa réalisation par l'étape de la connaissance (anuloma ñana) avec la joie. C’est pourquoi le Bouddha parle de vipassanâ upekkhâ comme le plus haut état de conscience.

 

        Ainsi, la réalisation de sankhârupekkhâ avec la joie ou avec l'équanimité est seulement un pas de moins du noble chemin et de sa réalisation. Si le méditant n’est pas satisfait par cette réalisation, il atteint habituellement le chemin en quatre ou cinq jours. Donc, l'équanimité avec la joie de renonciation devrait être cherchée puisqu’elle contribue à la vie sainte en ce qui concerne Vipassana.

 

        Le méditant devrait subordonner la douleur saine à la joie saine et même la joie saine à l'équanimité saine, jusqu'à ce qu'il atteigne le stade de l'équanimité sankhârupekkhâ ñana. Cela signifie l'accomplissement des quatre stades du noble chemin et l'extinction du désir, de la vanité et de la vue fausse. En récapitulant, Bouddha dit à Sakka : " Oh, Roi des devas ! Le bhikkhu (moine) qui évite les dhammas malsains et recherche les dhammas sains est dans la voie du milieu de la bonne vie qui mène à nibbâna, l'extinction de toutes les souillures."

 

        Pendant le discours de Bouddha, Sakka contempla ses états de conscience, cultiva la joie saine et l'équanimité saine, acquis des connaissances et des compréhensions et devint sotâpanna. Il mourut et redevint à nouveau Sakka. Il attint seulement le premier stade du noble chemin car son potentiel spirituel était limité.

 


        La renaissance de Sakka montre qu'un deva qui va mourir peut tirer profit du Dhamma en l’entendant. Par l’attention aux émotions saines, le méditant peut faire de bons progrès sur le noble chemin, et la plus commune de ces émotions est la joie saine. Au Sri Lanka, le Vénérable Phussadeva est devenu Arahant en observant la joie qui surgit en lui en voyant l'image de Bouddha.

La reine Asoka a aussi atteint le stade de sotâpanna en observant sa joie quand elle entendit le chant d’un oiseau. Selon les commentaires, le méditant peut même atteindre le stade d’Arahant en contemplant la joie saine, ou bien il peut atteindre le noble chemin et sa réalisation par la contemplation de la générosité, de la moralité et du caractère impermanent de la joie saine.

 

        Ayant atteint le premier stade, Sakka devint complètement libre du doute et de l'illusion de l'ego. La liberté dont il jouissait était supérieure à celle qu'il avait éprouvée dans le passé, car c'était la liberté d'un sotâpanna, tandis qu'autrefois sa liberté était basée sur les connaissances et les pensées.

 

 

La Vertu du Code Monastique

 

        Sakka demanda au Bouddha le rapport entre la moralité et la vie sainte. "Seigneur, quelle est la pratique morale qui nous protège des mondes inférieurs ou de pensées, d'actes, de mots malsains ?"

 

        Le Bouddha dit : il y a deux sortes d'actes, les actes sains et les actes malsains. Il classifia les paroles et les moyens d’existence de la même façon. N'importe quelle action, parole ou moyen d’existence qui contribue à un bon kamma est sain et toute action, parole ou moyen d’existence qui contribue à un mauvais kamma est malsain. Les actions malsaines sont : tuer, voler et se livrer à une mauvaise conduite sexuelle. L'abstinence de ces actions constitue une action saine. Ce sont des préceptes pour les disciples laïques. Il y a beaucoup plus de préceptes que les bhikkhus doivent observer conformément aux enseignements du Vinaya Pitaka.

 

        Le mensonge, la calomnie et les conversations inutiles, frivoles sont des actions verbales malsaines, tandis que leur abstinence est une action verbale saine. Vivre en générant des actions ou des paroles malsaines est un moyen d’existence malsain. Au contraire, un moyen d’existence sain est de ne proférer aucune action ou parole malsaine. En résumé, pour le laïc, l'observance des cinq préceptes assure la pureté morale.

 

        Certaines personnes disent que les préceptes se réfèrent seulement aux mensonges et n'imposent pas explicitement l'abstinence des trois autres sortes de mauvaises paroles et de mauvais moyens d’existence. Cependant, l'abstinence du mensonge implique l'abstinence des autres sortes de paroles malsaines puisque toutes ces mauvaises paroles impliquent des affirmations fausses. De même, nous évitons les moyens d’existence malsains si nous évitons de tuer, voler, une mauvaise conduite sexuelle et de prendre des intoxicants, puisque les cinq préceptes interdisent ces actions immorales pour vivre ou pour toute autre raison. Donc, les cinq préceptes constituent la conduite morale de base pour les laïcs.

 

 


La Vertu de Contrôle de la Faculté des sens

 

        Alors Sakka demanda au Bouddha comment un bhikkhu devrait pratiquer le contrôle des sens (indriyasamvarasîla). Indriya signifie diriger ou contrôler et cela concerne les six organes des sens, à savoir l’œil, l'oreille, le nez, la langue, le corps et l’esprit. Ces six sens dirigent respectivement la vision, l'audition, l’olfaction, le goût, le contact et la conscience. Sakka demanda au Bouddha comment garder ces sens.

 

        Bouddha fit une distinction entre deux sortes d'objets des sens : ceux qui devraient être acceptés et ceux qui devraient être rejetés. Il faudrait accepter les objets des sens qui n’entraînent pas un mauvais kamma et encouragent un bon kamma et il faudrait rejeter ceux qui ne créent pas un bon kamma et entraînent un mauvais kamma. Nous devrions éviter de regarder les objets qui causent le plaisir, la colère, etc. S'ils sont inévitables, nous devrions arrêter de penser et pratiquer l’observation, ou nous devrions noter l'observation et stopper le vagabondage de l’esprit. C'est la façon de rejeter les objets des sens malsains.

 

        De même, nous ne devrions pas poursuivre un kamma malsain. Nous devrions écouter la récitation du Dhamma, car c'est un bon kamma. Quelque soit le son, si nous nous concentrons sur l'audition et notons son caractère impermanent, etc.. cela contribue au développement de la compréhension de la réalité.

 

        Le plaisir du sens olfactif cause en général un mauvais kamma. A de certaines occasions rares il incite à un bon kamma, comme par exemple quand nous notons le parfum de fleurs offertes dans un lieu saint avec les trois caractéristiques : anicca, dukkha et anatta. De même pour le goût, mais puisque nous ne pouvons pas vivre sans alimentation, nous pouvons éviter un mauvais kamma seulement en mangeant attentivement. C'est également bien pour nous si nous pouvons éviter des plats délicieux et bien sûr nous devrions toujours éviter n'importe quelle alimentation ou boisson intoxicante. Bien que nous puissions manger de la bonne nourriture, nous pouvons éviter de nous souiller si nous n'éprouvons pas d’attachement ou d’avidité pour son bon goût. Cela est le contrôle des sens qui est impossible aux personnes inattentives.

 

        Le contact physique mène aussi en général à un kamma malsain. Il n'est pas possible d'éviter tous les contacts physiques, mais nous devrions éviter autant que possible les contacts sexuels, qui causent plaisir et attachement. Nous devrions contrôler les sens pour que nous puissions nous détacher et oublier ainsi les sensations délicieuses ou douloureuses.

La meilleure façon d’avoir le contrôle total est, comme indiqué auparavant, de noter le caractère impermanent, etc... de toutes les sensations tactiles. L’attention à toutes les impressions tactiles conformément au Satipatthâna Sutta crée un bon kamma. Des pensées, des analyses au sujet d’hommes, de femmes, d’ennemis, etc… doivent être évitées puisqu'elles mènent à la passion, à la malveillance et autres souillures. Si de telles pensées surviennent, elles doivent être remplacées par la méditation sur le Bouddha, la moralité, etc.. et leur apparition et disparition devraient être notées.

 

        Il y a beaucoup d'autres discours qui contiennent l'enseignement du Bouddha sur le contrôle des sens. Le conseil suivant est typique de ces enseignements :

 

"Quand vous voyez un homme ou une femme vous ne devriez pas penser à ses caractéristiques physiques. Vous devriez éviter de regarder les yeux, les sourcils et autres parties du corps en détail car cela provoquera sûrement des souillures."


        Les hommes ne devraient pas penser aux traits physiques d'une femme comme un ensemble indivisible, ou aux cheveux, à la bouche, à la poitrine et ainsi de suite, et de même les femmes devraient éviter de penser aux traits physiques d'un homme. Le méditant doit rester attentif et éviter de penser à la forme physique comme un ensemble ou aux différentes parties du corps.

 

        Le Bouddha a indiqué les problèmes résultant du manque de contrôle des sens : "celui qui ne contrôle pas ses yeux est pour toujours pris par l’avidité et la malveillance", mais ce contrôle doit être exercé de façon appropriée.

Le méditant doit éviter de regarder des objets malsains (plaisants ou déplaisants) qui éveillent des pensées malsaines. S'il les voit par hasard il ne devrait prêter aucune attention à leur forme, couleur, etc.. et ne devrait conserver aucune impression d'eux. Il doit simplement rester conscient de ce qu'il voit et garder à l’esprit leur caractère impermanent etc…

 

        Il en est de même pour les autres sens : l'audition, l’olfaction, le goût, le contact et la conscience. Avec le développement de la concentration, le méditant pourra se concentrer sur tous les phénomènes physiques et mentaux, et comprendre leurs caractéristiques : anicca, dukkha et anatta (leur caractère impermanent, insatisfaisant et sans soi) laissant ainsi peu de place pour l'apparition de souillures. C'est la meilleure façon de contrôler les sens et par un tel contrôle des sens le méditant peut atteindre le noble chemin et sa réalisation après avoir gravi les stades successifs de compréhensions. L'accomplissement du stade d'Arahant est relaté dans l'histoire suivante de Mahâtissa Thera du Visuddhimagga

 

 

L'Histoire de Mahâtissa Thera

 

        Tandis que le Vénérable Mahâtissa Thera allait à Anurâdha pour sa tournée d'aumônes, il rencontra une femme. S’étant disputée avec son mari, la femme était partie chez ses parents. Elle était bien habillée et en voyant le Vénérable elle rit d'une manière séduisante. Le Vénérable avait souvent médité sur l'impureté du corps humain et en regardant la femme il vit un squelette repoussant. Par conséquent il atteignit le premier jhâna et par la méditation Vipassana devint Arahant. Le mari, ayant suivi sa femme, rencontra le Vénérable et lui demanda s'il avait vu une femme. Le Vénérable répondit qu'il avait seulement vu un squelette qui était parti le long de la route.

 

        Le Vénérable devait avoir pratiqué la contemplation sur l'impureté du corps pendant longtemps. Son expérience est une leçon pour les méditants qui ne doivent pas être découragés par leur manque de progrès car ils atteindront la compréhension en temps utile s'ils continuent à s’entraîner.

 

 

L'Histoire de Cittagutta Thera

 

        Le contrôle des sens pratiqué par un autre Vénérable est aussi cité dans le Visuddhimagga.

 

        Le Vénérable Cittagutta Thera vivait dans une grotte au Sri Lanka dont les murs étaient peints de fresques de Jâtakas (histoires des naissances du Bouddha). Pratiquant un constant contrôle des sens, le Vénérable ne les avait jamais regardées et ignorait donc tout à fait ces fresques.


        Un jour des jeunes moines vinrent à la grotte. Ils étaient fascinés par les peintures et firent remarquer leur beauté au Vénérable qui répondit qu'il ne les avait jamais remarquées bien qu'il ait vécu dans cette grotte pendant plus de soixante ans. Sa réponse était une réprimande indirecte aux moines pour leur manque d'attention.

 

        Il y avait aussi un arbre près de l'entrée de la grotte. Le Vénérable n'avait jamais levé les yeux et donc il savait que l’arbre était en fleurs seulement quand il voyait les pétales tombés sur le sol.

 

        En entendant parler de la pureté du Vénérable, le roi l'invita au palais, mais malgré les invitations répétées, le Vénérable refusa de rendre visite au roi. En conséquence, le roi interdit l'allaitement des enfants en bas âge par leurs mères dans le village où le Vénérable allait recevoir l'aumône le matin. Ainsi, par compassion pour les bébés, le Vénérable alla finalement au palais.

 

        Le roi et la reine rendirent hommage au Vénérable et il les bénit l'un après l'autre en disant "Puisse le roi être heureux !"

 

Quand les jeunes moines lui demandèrent pourquoi il avait dit "Puisse le roi être heureux !" alors qu’il s’adressait au roi et à la reine, le Vénérable répondit qu'il n'avait pas remarqué si c'était le roi ou la reine. C'est une leçon pour ceux qui pratiquent le contrôle des sens.

 

        La chose la plus importante est d'éviter de regarder ce qui provoque des souillures et si ce n’est pas possible, il faut contempler leurs impuretés ou faire simplement une note d'observation. Nous devrions tenir compte de la réponse de Bouddha au Vénérable Ânanda à la veille de son parinibbâna quand il a demandé comment un bhikkhu devrait se comporter vis-à-vis des femmes. Le Bouddha dit qu'un bhikkhu devrait éviter de voir des femmes et s'il ne peut pas éviter de les voir, il ne devrait pas leur parler. S'il ne peut pas éviter de leur parler, il devrait être attentif et considérer la femme comme sa mère, sa sœur ou sa fille selon son âge.

 

        C'est la première pratique suggérée dans le Bhâradvâja Sutta du Samyutta-nikâya pour surmonter le désir sensuel. La deuxième pratique mentionnée est la réflexion sur l'impureté du corps humain. La troisième pratique est le contrôle des sens.

 

        L'enseignement du Bouddha s'applique aux autres objets des sens aussi. Nous devrions éviter d'écouter des sons comme des chansons, etc.. qui réveillent les souillures. Si nous ne pouvons pas les éviter, nous devons faire simplement une note de ce qui est entendu. Le besoin d'une telle attention est évident dans le cas de moines et de méditants, mais l'enseignement de Bouddha était adressé à Sakka et à d'autres devas. Les devas sont d'habitude absorbés dans les plaisirs des sens et il est donc nécessaire pour eux de restreindre leurs sens autant que possible. Il en est de même pour les disciples laïques quand ils pratiquent la méditation.

 

        Les odeurs de fleurs ou autres parfums qui causent des souillures devraient être traités de la même manière. De même pour l'alimentation que le méditant devrait absorber seulement après mure considération : il ne mange pas pour le plaisir, mais pour préserver sa santé. Les sensations liées au goût et au contact qui créent des souillures doivent également être évitées et si ce n’est pas possible, elles devraient être traitées de la même manière.


Faire une note mentale quand on marche, quand on s’assoit, etc... constitue l’attention aux sensations tactiles.

 

        Selon les commentaires, la pratique de Nissajji dhutanga est une poursuite saine par rapport à la sensation de contact. Nissajji dhutanga est la pratique ascétique que certains méditants font de ne jamais se coucher, mais de rester toujours dans la position assise, même quand ils s’endorment. Les Vénérables Sâriputta, Mahâkassapa et d'autres disciples renommés du Bouddha l'ont pratiqué pendant de longues périodes allant de 12 ans dans le cas du Vénérable Râhula à 120 ans dans le cas du Vénérable Mahâkassapa. Puisqu’ils étaient Arahants leur but n'était pas d'acquérir des mérites, mais de servir d'exemple pour la postérité.

 

        Le méditant devrait patiemment faire une note des sensations saines de contact et pratiquer la méditation Vipassana, en étant attentif aux objets des sens sains. Quand il ressent des sensations désagréables dans le corps il ne devrait pas bouger, mais devrait exercer sa patience autant que possible et continuer à observer ces sensations conformément aux enseignements du Sakkapañha Sutta.

 

        De plus, le méditant ne devrait penser à rien qui puisse provoquer l’avidité ou la malveillance ; il devrait s'abstenir de cela, non seulement en ce qui concerne les objets mentaux ou les pensées qui apparaissent dans le présent, mais aussi pour le passé et le futur. Ces objets mentaux devraient être notés et rejetés.

 

 

Le moi restreint des trois vénérables

 

        Les commentaires mentionnent l'histoire de trois vénérables que nous devrions imiter dans nos efforts pour éliminer les pensées malsaines et pratiquer l’attention. Le premier jour de la retraite des pluies, les trois vénérables se sont engagés à n’avoir aucune pensée agressive ou liée aux plaisirs des sens pendant les trois mois. Le jour Pavâranâ, qui marque la fin de la retraite des pluies, l'aîné des trois vénérables demanda au plus jeune vénérable comment il avait contrôlé son esprit pendant cette retraite. Pavâranâ est une cérémonie dans laquelle un bhikkhu invite un autre bhikkhu à confesser ses fautes ou n'importe quelle infraction aux règles monastiques qu'il a inconsciemment commises pendant la retraite. Le jeune moine dit qu'il n'avait pas permis à son esprit de quitter le monastère, mais l'avait tenu enfermé dans le bâtiment.

 

        Il  voulait dire que si son esprit avait vagabondé pendant la méditation, il l'avait limité au monastère et n'avait jamais pensé à rien d’autre en dehors de cela. Une telle réussite était en effet louable car en général les méditants n’ont pas un tel contrôle de leur esprit tant qu'ils n’ont pas développé la concentration et ne peuvent pas empêcher leur esprit d'errer pendant qu’ils pratiquent l’attention.

 

        Quand le Vénérable posa au deuxième moine la même question, il dit qu'il n'avait même pas permis à son esprit de quitter sa chambre. Donc, ses pouvoirs de concentration étaient plus développés et supérieurs à ceux du moine plus jeune.

 


        Puis, les deux plus jeunes moines demandèrent à leur aîné quel contrôle il avait eu sur son esprit. L'aîné répondit qu'il n'avait pas permis à son esprit de quitter son propre corps et son esprit. Cela signifie qu'il avait limité son attention aux phénomènes physiques et mentaux qui avaient surgi des six sens à chaque moment de voir, entendre, etc. La capacité de concentration du vénérable était la plus puissante, et peut-être était-il Arahant ? Ce degré de contrôle de l’esprit des trois Vénérables est en effet une inspiration pour ceux qui pratiquent l’attention.

 

        Les commentaires recommandent la contemplation des objets de l’esprit avec bonté (mettâ) etc... Nous devrions donc cultiver mettâ "Puissent tous les êtres être libres du danger" etc…. De plus les commentaires disent que tous les objets de l’esprit devraient être contemplés pour la connaissance de la réalité (Vipassana). Pour récapituler, la méditation vipassanâ est bénéfique parce que cela signifie l'accumulation de kamma sain.

 

 

Satipatthâna : une Grande Accumulation de Bon Kamma

 

        Parmi les nombreuses méthodes de méditation le Bouddha a décrit les quatre fondations de l’attention comme la somme totale de tous les dhammas sains ou kammas. Faire fréquemment des offrandes ou mener une très bonne vie morale signifient une grande accumulation de kammas sains. Cependant les donateurs ou personnes de bonne moralité peuvent être parfois harcelés par des pensées inappropriées et dans ce cas il est impossible de pratiquer la charité ou la moralité. Il n'est donc pas correct d'appeler la charité ou la moralité une grande accumulation de dhammas sains.

 

        D'autre part, la pratique de la méditation Vipassanâ Satipatthâna exige une attention constante de tous les comportements physiques, des sentiments, des pensées, des actions de voir, entendre, etc... Excepté pendant le sommeil, le méditant doit être attentif à chaque moment. S’il fait une note de ses sentiments, etc.. au moins une fois par seconde cela signifie qu’il acquiert un dhamma sain durant cette brève période. Cela fait un bénéfice de 3600 dhammas sains en une heure. Si nous excluons quatre heures de sommeil, il bénéfice des mérites de 72000 dhammas sains en un jour. Le mérite s'accumule à chaque fois qu’il note, etc... Cela peut s’acquérir même en urinant, donc Satipatthâna est sans aucun doute une grande accumulation de dhammas sains qui devraient être cultivés.

 

 

 

 

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